PMB vs BCDI

Depuis une quinzaine d'années, des professeurs documentalistes utilisent en lieu et place de BCDI, d'autres logiciels documentaires pour la gestion des ressources documentaires. Le plus usité est PMB. Certaines académies, comme la Bretagne, ont d'ailleurs privilégié ce choix. Pour mieux connaître les spécificités de ce logiciel, nous avons interrogé deux professeurs documentalistes de l'académie de Reims qui l'utilisent au quotidien. Alice Petit (AP) exerce au Collège Jean Monnet à Epernay (Marne) et Guillaume Massello (GM) au Lycée Alfred Chanzy à Charleville-Mézières (Ardennes).

Article proposé par Jérôme Hublart, Maxime Makou et Sandrine Vigato
Relais Tice Documentation

Propos recueillis par Jérôme Hublart

Comment avez-vous connu PMB ?

A.P (Alice Petit) : J'ai connu PMB lors de ma formation à l'IUFM.

G.M (Guillaume Massello) : Je suis utilisateur de systèmes d'exploitation libres depuis 2002 et j'ai découvert certains SIGB à la même période, mais c'est surtout lorsque l'académie de Rennes qui a migré vers PMB que le logiciel m'a été connu.

Avant de choisir PMB, l'avez-vous comparé avec d’autres logiciels ?

A.P : J'avais déjà travaillé avec BCDI avant de passer à PMB.

G.M : Oui, Koha (codé en perl) franco-néo-zélandais a priori très bon mais mes premières tentatives d'installation n'ont pas donné satisfaction.

Quelle est votre motivation pour être allé vers PMB ?

A.P : Je suis allée vers PMB parce qu'il s'agissait d'un logiciel libre et gratuit.

G.M : Une motivation d'ordre philosophique, l'informatique doit être libre et ouverte.

Où et comment se procurer le logiciel ?

A.P et GM  : Pour se procurer le logiciel, il faut le télécharger sur le site officiel de PMB http://www.sigb.net/

Quelles questions pratiques faut-il se poser avant de mettre en place ce logiciel ?

A.P : J'en ai discuté avec l'assistante TICE à l'époque afin qu'elle trouve la meilleure solution d'hébergement de la base. J'ai consulté la documentation proposée par Citedoc.net qui m'a permis de comprendre le fonctionnement du logiciel.

G.M : Êtes-vous prêt à passer du temps pour vous approprier ce SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque) ? Avez vous les moyens de continuer à payer une licence pour un logiciel développé en son temps avec des financements publics ?

Faut-il un serveur dédié ?

A.P : Ma base est actuellement hébergée sur l'ordinateur du CDI à l'aide d'un serveur php. Le portail n'est pas encore en état de fonctionnement pour les usagers.

G.M : Non ça n'est pas une obligation, mais c'est beaucoup plus confortable.

Y-a-t-il une compatibilité entre le logiciel et les ressources proposées par Canopé (Mémofiches, Mémodocnet, ...) ?

A.P : Théoriquement, il est possible d'insérer les ressources proposées par CANOPE dans PMB, cependant, je ne l'ai jamais expérimenté.

G.M : Oui, toutes les notices Canopé sont insérables dans PMB.


PMB peut-il être intégré à l’ENT ?

A.P : Une fois le portail en état de fonctionnement, il est possible de faire un lien direct entre l'ENT et PMB, avec même une identification unique. Je n'ai pas encore cet accès puisque le portail n'est pas encore ouvert, mais j'en ai eu la confirmation lors de l'installation de l'ENT par les personnes qui nous ont formés à son utilisation.

G.M : Oui, pour EOLE (ENVOLE) et OZE (société Itop) (en cours de développement).

Y a-t-il un accompagnement technique pour l’installation et la gestion de PMB ?

A.P : Il est possible de bénéficier d'un accompagnement proposé par les créateurs de PMB contre rémunération (le pack comprend l'accompagnement et l'hébergement de la base). Je n'y ai pas eu recours du fait du tarif trop élevé.

G.M : Il existe un accompagnement officiel via des formations payantes chez PMB Services. Les professeurs documentalistes de Bretagne ont fait un gros travail concernant la migration de BCDI3 et Superdoc sur la plate forme Fiches techniques PMB via Citédoc (http://www.citedoc.net/index_bis.php?page=pmb_fiches)

Quel est le processus pour faire la migration de la base ?

A.P : Je l'ignore, j'ai repris la base à zéro. Mais il existe une fiche Citédoc sur le sujet (voir lien question 9).

G.M : On passe sa base BCDI à la moulinette fournie par PMB et on importe l'ensemble, le mieux est de le faire par petits paquets.

Quelles difficultés avez-vous rencontré ?

A.P : J'ai mis un peu de temps à comprendre la façon de gérer l'interface. Il m'a fallu quelques heures de travail à l'aide des fiches Citédoc pour maîtriser ce fonctionnement. Cependant, la liberté que cela offre est très satisfaisante.

G.M : La grosse difficulté pour moi a été de trouver une documentation faite pour le système Linux, la documentation des professeurs documentalistes bretons étant principalement dédiée au système Windows. Des connaissances en maintenance SQL sont un plus mais pas une obligation. La communauté apporte beaucoup dans ce domaine.

Quels intérêts pour les usagers ?

A.P : L'interface est totalement adaptable et personnalisable. L'enjeu dans un établissement scolaire est de pouvoir non seulement l'adapter à l'établissement mais aussi aux événements pédagogiques qui peuvent y avoir lieu. La possibilité de faire des paniers de documents dédiés à certaines classes ou élèves ou groupes d'élèves va également dans ce sens. La fonction qui m'a particulièrement séduite est la possibilité d'effectuer des « prêts express » : il s'agit de prêter aux élèves des documents qui ne sont pas encore enregistrés dans la base en faisant une saisie de l'ISBN. On obtient un numéro d'exemplaire provisoire ; ainsi, on peut élaborer ou importer la notice a posteriori. Cela permet de ne pas bloquer de nouveaux documents en attente d'être enregistrés lorsqu'on a pas le temps de le faire dans l'immédiat ou, dans mon cas, de prêter des documents qui ne sont pas encore saisis dans la base lorsqu'on la reprend à zéro.

G.M : PMB est un logiciel Full web, un simple navigateur suffit pour consulter la base. C'est également valable pour l'administrateur qui passe par une interface web pour gérer cette base.

Y a-t-il eu dans votre établissement une réflexion commune autour de l’adoption de PMB ?

A.P : Non, il s'agit de mon choix. Cependant, le fait que le logiciel soit gratuit m'a permis de convaincre facilement.

G.M : Non, j'ai fait plutôt face à une opposition de principe au concept de logiciel libre alors que les textes et décrets gouvernementaux allaient dans mon sens.

Quel a été le travail avec le responsable du réseau pour la mise en place ?

A.P : L'assistante TICE, à l'époque de l'installation, a téléchargé le logiciel et consulté la documentation nécessaire. Elle m'a ensuite montré les manipulations essentielles la concernant (mise en route du serveur php et du logiciel, sauvegardes).

G.M : Aucun, j'ai les compétences, du moins je les ai acquises avec le temps. Mes indications ont été simples : Adresse IP de pointage, mise en place d'un raccourci sur le navigateur du profil élève.

Avec le recul quelle est la plus-value ou moins-value pour vous, pour les usagers ? Avez-vous mis en place des séances pédagogiques autour de la découverte de PMB ?

A.P : Pour moi l'absence d'abonnement et de contenus imposés est un atout indéniable. Les élèves qui l'ont utilisé en ont eu une utilisation aisée pour leurs recherches. Enfin, les crédits qui ne sont pas dépensés en abonnement pour un autre logiciel sont reportés sur l'achat de documents.

G.M : Pour l'instant pas de moins-value de mon point de vue. Pas de séances pédagogiques pour l'instant, je souhaite passer par mon portail pour proposer des tutos sous forme vidéo (donc c’est un peu long à préparer).

Malgré les avantages que présente PMB pourquoi le logiciel est si peu diffusé auprès des professionnels ?

A.P : Pour se mettre à PMB, il faut malgré tout avoir une réelle curiosité d'apprendre l'utilisation d'un nouveau logiciel. C'est un travail qui m'a beaucoup plu et la liberté que j'y ai gagnée me convient. L'interface est pratique et agréable. Cependant cela m'a pris du temps car je n'ai reçu aucun soutien et ai dû me former seule. Je pense qu'à juste titre, tout le monde n'a pas forcément envie de faire cet effort. Le principal frein me semble donc la formation des professeurs documentalistes ainsi que des agents TICE. Il suffirait finalement que quelques-uns soient formés pour pouvoir ensuite diffuser leurs connaissances auprès des collègues intéressés. Mes propres connaissances restent minimales, mais si je pouvais être formée avec plus de précision, je serais ravie de pouvoir accompagner des collègues dans ce processus de migration.

G.M : Je ne suis pas d'accord concernant la diffusion de PMB, il n'y a qu'à regarder la carte des établissements utilisant PMB.

Comment améliorer sa diffusion ?

A.P : En proposant des démonstrations dans les établissements qui utilisent ce logiciel (comme l'APDEN l'a déjà fait dans notre académie), et en permettant aux plus volontaires de se former pour qu'ils puissent ensuite accompagner d'autres collègues.

G.M : En l'utilisant dans l'académie.

L’usage de PMB relève-t-il d’un choix des professeurs documentalistes ou d’une recommandation institutionnelle ?

A.P : C'est un choix que j'ai fait, sans recommandation institutionnelle.

G.M : Certains rectorats notamment Toulouse et Aix Marseille utilisent PMB comme centre de dépôt de notices, on peut donc présumer que l'Institution n'a rien contre. Par ailleurs le texte officiel dit « mise à disposition et gestion d'une base documentaire informatisée ».

S’il existe un choix, comment ceux parmi les enseignants documentalistes justifient-ils le fait d’être resté à BCDI ?

A.P : Ne l'utilisant plus depuis des années, je ne sais pas justifier l'usage de BCDI...

G.M : Habitudes, facilités, peur du changement ???

Envisageriez-vous de revenir à BCDI ?

A.P : Je ne souhaite pas revenir à BCDI, le portail e-sidoc ne me séduit pas et le fonctionnement de BCDI, auquel je ne suis plus habituée, me semble maintenant trop rigide. Je compte résoudre avant la fin de l'année le problème primordial de la mise en ligne du portail (un échec dans ce domaine serait la seule raison qui pourrait m'obliger à revenir à BCDI).

G.M : Tant que BCDI ne sera pas un logiciel libre, non, si il le devient la question pourra être étudiée.

Merci à Alice Petit et Guillaume Massello pour ce partage d'expérience.