Analyse du thème « La fin de la Shoah et de l’univers concentrationnaire nazi. Survivre, témoigner, juger (1944-1948) »
Vincent Duclert, historien, inspecteur général et président du collège national des correcteurs du CNRD, éclaire le sujet 2025-2026.
1944, les nazis voient le territoire européen sous leur contrôle se réduire. Pourtant, l’extermination humaine s’y poursuit dans les camps nazis où succombent déportés politiques et Juifs d’Europe.
Survivre
La fin de la Shoah et des camps signifie le retour à la vie et au monde des survivants de l’univers concentrationnaire, d’une infime minorité des déportés.
« Les survivants sont confrontés aux défis de la liberté retrouvée. Ils s’efforcent de retrouver la trace de leurs proches, tentent de se reconstruire. Ils sont aidés par leurs camarades, des associations, des institutions publiques, par des anonymes aussi. »
Témoigner
Les survivants vont se décider à raconter leur tragique expérience des camps nazis pour que leurs amis et proches qui n’ont pas survécu ne disparaissent pas de l’Histoire, tout comme leurs bourreaux.
« Témoigner s’impose pour empêcher que la fin de l’univers concentrationnaire ne s’accompagne de la disparition de la mémoire, de l’abdication de la connaissance, et du renoncement à la répression des crimes nazis. »
Juger
La découverte des crimes nazis par les armées libératrices impose de faire savoir l’indicible et de faire répondre de leurs crimes les nazis de haut rang.
« Le 20 novembre 1945 s’ouvre à Nuremberg la première audience du Tribunal militaire international (TMI) institué par les gouvernements alliés. Le TMI procède de la charte de Londres du 6 août. Vingt-quatre responsables allemands sont jugés en vertu de trois chefs d'accusation : « les crimes contre la paix », les « crimes de guerre », et une catégorie juridique nouvelle dans le droit international, les « crimes contre l'humanité ». Définie par Hersch Lauterpacht, cette dernière incrimination est précisée dans la résolution des Nations Unies du 13 février 1946. »
Le tribunal de Nuremberg condamne pour crimes de guerre, au détriment du crime contre l’humanité. Les bases du droit pénal international sont pourtant établies, dès le 30 octobre 1943, avec la déclaration interalliée de Moscou pour le jugement des criminels allemands, et pour le crime de génocide par le juriste Raphael Lemkin qui l’exprime dans son ouvrage de novembre 1944, Axis Rule in Occupied Europe.
9 décembre 1948, à Paris, l'Assemblée générale des Nations unies réunie au palais de Chaillot adoptait la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, portée par Raphael Lemkin.
10 décembre 1948, est voté par l’Assemblée générale un second texte fondateur des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, visant à prévenir les crimes contre l’humanité.
Ce thème 2025-2026 du CNRD vise à convaincre, selon les propos de Vincent Duclert, les élèves de France et leurs professeurs que « la recherche historique qu’ils pratiquent est un acte de vérité, voire une réparation. »
Consulter l’intégralité de la note de cadrage de Vincent Duclert.
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