Pour la première fois cette année, une équipe de Lettres de notre académie fait partie d'une expérimentation TrAM : une petite équipe de 4 enseignantes (collège et ULIS-collège) supervisée par Mme C.Eudier, IA-IPR et coordonnée par Mme A.Toussaint-Conseil, IAN (Interlocutrice Académique au Numérique).
Il s'agit d'un projet interacadémique, impulsé par L. Methnani (IAN de Grenoble), et mené avec l'expertise de J.Marques, qui fait partie du GREID Lettres de l'académie de Créteil.
Le thème des TraAM proposé en Lettres pour l'année 2019-2020
Cette expérimentation portait donc sur plusieurs axes de travail envisageables :
Nom | Classes concernées | Compte twitter | Article explicitant la démarche : |
Adeline TOUSSAINT CONSEIL | Classes de 6èmes au collège Albert Camus, La Chapelle Saint Luc | @6emesatc | un BOT littéraire en 6ème pour faciliter la maîtrise de la langue |
Carolline BERTELLE | Classe de 3ème au collège Jean Monnet, Epernay | @CarolineBertel5 | le compte "ça me BOT" explore l'oeuvre de G.Orwell |
Hélène MUNIER-RIBOUT | Classes de 4ème au collège Perrot d'Ablancourt, Châlons en Champagne | @classes_HMR | créer un BOT pour renouveler l'enseignement de la grammaire à partir de Coco de Mauppassant |
Pauline MOREAU | Classe d'ULIS, collège Pithou, Troyes | @Pithou7 | créer un BOT en ULIS sur Cyrano |
Nous avons donc adapté la problématique interacadémique à notre contexte, et avons focalisé nos travaux sur la problématique suivante :
Expérimenter des BOTs pour amener des élèves fragiles en production écrite (ULIS, fin de cycle 3) à rédiger en autonomie des phrases cohérentes et correctes ; faciliter chez les élèves l'analyse réflexive de phrases choisies ; enrichir leur lexique et leur syntaxe par le repérage et l'appropriation de corpus élaborés à partir d'oeuvres patrimoniales (du cycle 3 au cycle 4). En latin, création de BOTs pour introduire le rapport entre cas et fonction, pour repérer des structures canoniques en syntaxe, à partir de citations ou de proverbes.
Un (ro)BOT est un programme informatique, une ligne de code de format JSON qui permet de générer, à partir d'un compte Twitter créé à cet usage, des phrases aléatoires à partir d'un corpus défini par le créateur du programme.
Bien évidemment, à moins d'être très versé en programmation numérique ou d'envisager un projet en lien avec un.e collègue de technologie, l'enseignant.e de français n'a pas besoin de rédiger ce code au format numérique requis : on passe donc par un émulateur qui va transformer un tableau en code lisible par le compte twitter.
L'enseignant (ou, après une certaine pratique récurrente de l'exercice, les élèves) identifie, dans un texte, une phrase qui peut servir de support à une démonstration grammaticale, et si possible, est également caractéristique du style de l'auteur.
ex : Molière, L'école des Femmes : AGNES - Le petit chat est mort.
Cette phrase, emblématique de la pièce, peut servir de support à un point de langue sur l'attribut du sujet, et/ou l'expansion du nom. Cependant, l'idée n'est pas de "forcer le texte" pour en tirer artificiellement une leçon de grammaire, comme on a pu l'enseigner pendant un certain temps, mais bien de proposer aux élèves un échantillon de phrases-types qui leur permettent de mémoriser des règles-clés de maîtrise du français.
Je peux, par exemple, chercher des équivalents à "petit chat" et à "mort".
Les contraintes grammaticales sont à faire identifier par les élèves, ainsi que les erreurs à éviter. Deux corpus sont possibles : celui qui consiste à ne relever QUE les mots du texte, ou celui qui consiste à chercher des équivalents librement, dans des dictionnaires ou l'imaginaire des élèves. Bien entendu, seule la première option permet de travailler le style de l'auteur et l'appropriation de sa manière de penser.
Personnellement, étant linguiste de formation, à ce moment de ma préparation, je "découvre" réellement le texte, et c'est par ce biais que le génie de l'auteur et les non-dits de l'extrait me sautent aux yeux. Même si on ne devait pas chercher à l'exploiter plus avant, c'est vraiment un exercice qui lève le voile sur les procédés stylistiques du texte.
Suivant les contextes, on pourra faire faire ce relevé en collaboration papier, ou avec tableur et vidéoprojecteur, ou encore directement sur un tableur collaboratif en ligne, quel qu'il soit.
Ce tableur sera transposé (par les élèves ou l'enseignant.e, selon leur niveau, leur maîtrise de l'exercice, leur contexte, le choix des intentions de l'enseignant.e) dans le site tracery, par simple copier/coller des cases. (Il est possible d'éditer directement le code, voir les articles cités en bibliotgraphie)
Au fur et à mesure que nous entrons nos données dans le site, apparaissent à droite, les phrases aléatoires qui pourront faire l'objet des tweets. Cela permet également de vérifier la validité du relevé (les termes inadéquats vont être mis en évidence).
Sur le site tracery, le deuxième onglet, JSON, transforme notre relevé en code-source au format lisible par twitter :
Il ne reste plus qu'à copier l'intégralité de ce code (à le sauvegarder sur une page de traitement de texte par sureté) et à le recopier dans le site cheap bots done quick pour le lier au compte twitter que l'on a créé à cet effet. On paramètre alors la fréquence de publication du BOT, et on le laisse créer.
Selon la fréquence programmée dans le BOT, le compte va donc éditer des tweets aléatoires régulièrement.
Nous avons testé plusieurs possibilités d'exploitation de ces tweets avec les élèves :
Nous sommes toutes parvenues à aller jusqu'à l'étape de publication de nos BOT sur des comptes twitter, alors que nous n'étions pas certaines de pouvoir atteindre ce stade avec les élèves, ne sachant pas à l'avance le temps que prendrait la création d'un BOT.
C'est vraiment une conclusion qu'il aurait été dommage de rater, tant elle permet de dynamiser l'exercice et le rendre vivant pour les élèves.
En effet, outre la nécessaire introduction d'EMI sur l'usage et la légalité des réseaux, cela permet de "dialoguer" avec les comptes des autres classes. D'autres perspectives se sont alors naturellement ouvertes :
Evidemment, toutes les autorisations parentales d'utilisation d'un compte-classe twitter avaient été présentées et explicitées en début d'année, ce qui a permis que ce compte serve également à mettre en valeur des travaux d'élèves durant les semaines de confinement.
Notre expérimentation a été interrompue par le confinement du printemps 2020, au moment où nous commencions réellement à entrer dans la phase d'échanges entre BOTs. Néanmoins nous sommes arrivées à quelques conclusions d'étape :