2 classes de 6ème dans un collège suburbain classé REP+
« L’étude de la langue demeure une dimension essentielle de l’enseignement du français. Elle conditionne l’aptitude à s’exprimer à l’écrit et à l’oral, la réussite dans toutes les disciplines, l’insertion sociale. Elle requiert un enseignement spécifique, rigoureux et explicite. Elle fait l’objet d'une attention constante, notamment dans les situations d’expression orale ou écrite afin de faire réfléchir les élèves à son fonctionnement. Des séances spécifiques sont consacrées à son étude de manière à structurer les connaissances. Le transfert de ces connaissances lors des activités d'écriture en particulier et dans toutes les activités mettant en œuvre le langage fait l’objet d'un enseignement explicite.
Au cycle 3, l’accent est mis sur l’appropriation du texte littéraire par l’élève » (Voir le programme de cycle 3)
Travaux en partenariat entre collègues de trois académies. Nous avons donc établi un cadre commun avant de décliner le projet en équipes académiques.
Ma version de ce projet consistait à lier l'étude de la langue française, tout au long de l'année, à la programmation et l'observation de BOTs littéraires. Ce projet est destiné à servir plusieurs objectifs, dont le premier est la prise de conscience par les élèves du caractère systémique de la grammaire, en vue ensuite de faciliter la maîtrise de l'expression écrite et d'enrichir leurs productions. De manière secondaire, cela me devait me permettre de faire travailler l'oral au service de l'apprentissage, et les aider à s'approprier les œuvres patrimoniales proposées.
1er texte d'un chapitre inaugural sur le monstre, lecture de Dame Trude des frères Grimm et activités qui ne font pas l'objet de ce projet pour comprendre et savourer ce conte.
Repérage d'une phrase qui paraît simple car elle est très courte, et ne pose pas de difficulté de compréhension :
Après, j'ai vu un homme vert, dit la fillette.
je cherche à savoir ce que savent les élèves, à l'entrée en 6ème, en grammaire : (travaux par groupes de 4 élèves, je laisse les élèves négocier leur réponse au sein du groupe, justifier, expliquer. Je prends le temps d'identifier leur positionnement dans le groupe, et le degré de difficulté qu'ils rencontrent)
propositions d'analyse des différents groupes à la classe, jusqu'à obtention collective de l'analyse exacte.
Ici, nous regardons quelles substitutions nous pourrions opérer dans les éléments de cette phrase. Nous décidons de garder les verbes conjugués, la question du jour ne portant pas sur eux.
Contrainte posée par l'enseignante : (dans l'optique de cerner le lexique propre à l'auteur, même si c'est un peu artificiel ici, puisqu'il s'agit d'une traduction de l'allemand) interdiction de choisir des substituts ailleurs que dans le texte. Cette contrainte génère une certaine frustration chez les élèves mais permet d'épuiser le texte, du fait qu'il est très court.
Cette recherche génère donc 4 variables, réparties entre les différents groupes. Au bout d'un temps de recherche, les élèves se déplacent et complètent le tableau, que je recopie dans l'application tracery en simultané. A la fin de la séance, le code généré par tracery est complet, et nous pouvons générer des phrases aléatoires pour vérifier leur compatibilité et leur viabilité dans le « bot ». Les résultats absurdes parfois obtenus génèrent immédiatement des réactions spontanées des élèves.
[Pour ce premier essai, je me réservela tâche de créerle lien entre le code et le compte twitter hors du cours ; voir le tutoriel].
Deuxième étape : l'exploitation des phrases générées par notre BOT :
Lors de la séance suivante, je peux donc projeter le fil twitter avec plusieurs phrases aléatoires créées par le compte. (précaution : je vais toujours vérifier quelques minutes avant de le projeter si le compte n'a pas été pollué par des commentaires indésirables, car mon objectif, à ce stade, n'est pas encore de réfléchir aux mésusages des réseaux sociaux)
l'un des twits devient sujet à une suite de texte, comme déclencheur d'écriture (invention d'un nouveau micro-conte à partir d'un conte connu).
Le projet étant un projet collaboratif entre plusieurs enseignants, au fur et à mesure de leur création, nous avons donc abonné notre compte twitter aux comptes créés par leurs classes. Certains sont plus facile à comprendre et analyser que d'autres. Leur lecture devient donc une activité rituelle qui offre parfois matière à entrer dans l'écriture.
Paradoxalement, les phrases qui sont les plus simples à analyser sont souvent celles dont le sens touche à l'absurde, comme celle-ci, du compte @classes_HMR :
Zidore prenait soin de son logis, lui donnait, pendant l'hiver, des cours de ski.
car elle permet à l'esprit de séparer le sens de la structure syntaxique. Cela n'empêche pas de commenter l'image mentale qu'elle suscite : on entre discrètement en poésie, et ce phénomène sera réactivé en mars, lors du chapitre consacré au Printemps des Poètes.
[Cette phase est est chronophage mais indispensable : elle oblige l'orateur à clarifier ses idées, à utiliser du vocabulaire technique précis. Elle est difficile à capter (surtout en étant seule en classe, comme c'était mon cas. Il est plus simple d'avoir un allié dans la classe qui s'occupe de la partie technique) mais il est très enrichissant de la filmer. En effet, on peut ensuite (si l'élève nous y autorise, ce n'est pas la peine non plus de le braquer) la projeter et réfléchir à sa posture, aux améliorations à lui proposer pour qu'il soit plus compréhensible. Bien entendu, le groupe se met au préalable d'accord sur la teneur des commentaires qui doivent rester constructifs et encourageants, en insistant sur les réussites et les progrès.
Captation de morceaux choisis
Organisation à adapter : si la phase de création d'un BOT (explication du fonctionnement général, repérage du corpus) est possible en classe entière, il est plus simple de ménager des séances en demi groupes pour faciliter l'oralisation de l'analyse des phrases (AP). Dans l'idéal, j'ai tenté d'en instaurer au moins une fois par mois.
Changements observés dans les pratiques des élèves : engouement pour la pratique de l'analyse grammaticale, perçue comme une activité ludique, un temps d'échange. Une fois l'habitude installée, les élèves réclament à aller voir ce que « leur » BOT a imaginé comme publication, et les nouveautés chez les BOTs partenaires. Réinvestissement plus régulier des acquis de langue en productions écrites.
Modification de ma pratique pédagogique :
Réexploitation et modifications envisagées :
Cet article entre dans le cadre d'une expérimentation TraAM, dont la synthèse est présentée dans l'article en lien.