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Le monument russe de Courcy

présenté par Jean-Pierre et Jocelyne HUSSON

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Le monument russe de Courcy
( © Photo Jean-Pierre et Jocelyne Husson )

   Le 26 avril 2015, a été inauguré un monument qui rend hommage aux soldats et officiers du corps expéditionnaire russe qui ont combattu aux côtés de la France au cours de la 1ère guerre mondiale.
    Ce monument a été érigé à Courcy, au Nord-Ouest de Reims, à l'initiative du conseil municipal de cette commune occupée par les Allemands depuis septembre 1914, et qui a été reprise aux Allemands en avril 1917, au prix de combats acharnés et de lourdes pertes : blessés, disparus et soldats tués, inhumés dans la nécropole de Saint-Hilaire-le-Grand.

    Cette inauguration organisée par Martine JOLLY, maire de Courcy, et son conseil municipal, s'est déroulée en présence du ministre de la culture de la Fédération de Russie, Vladimir MEDINSKY, et de Georges de BREVERN, président de l'Association du souvenir du Corps expéditionnaire russe en France, avec la participation des enfants de l'Ambassade russe à Paris et des écoliers de Courcy.qui ont chanté les hymnes nationaux des deux pays.

Au pied de la statue, de gauche à droite,
le ministre de la culture de la Fédération de Russie, Vladimir Medinsky,
le sculpteur Aleksandr Taratynov et Martine Jolly, maire de Courcy

( © Photo Jean-Pierre et Jocelyne Husson )

   « Nous estimons profondément le respect dont la France fait preuve pour cette fraternité guerrière qui a uni nos pays pendant la Première Guerre mondiale. Il est symbolique que nous inaugurions ce monument à la veille des célébrations du 70e anniversaire de la Victoire sur l’ennemi commun – le nazisme hitlérien. En Russie aussi, on honore la mémoire des soldats français, notamment celle des pilotes de l’escadron Normandie-Niémen, qui se sont battus main dans la main avec les soldats soviétiques ».

Vladimir Medinsky
ministre de la culture de la fédération de Russie

   Oeuvre du sculpteur russe, Aleksandr TARATYNOV, ce monument représente un soldat russe portant dans ses bras une petite fille française et un ours en peluche, symbole de l'ours Mychka personnage tiré du bestiaire des contes populaires russes, devenu la mascotte du Corps expéditionnaire russe en France en 1917.

( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )

À la mémoire
des soldats et officiers
du Corps expédionnaire russe
morts en France lors
de la Première Guerre mondiale
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Ce monument est érigé
avec le soutien de
de l'Ambassade de Russie en France
la commune de Courcy
« Gazprom » SA
l'Association du souvenir
du Corps expéditionnaire russe

Une Brigade russe à Courcy en avril 1917

   [...] En préparation de l’offensive d’avril, c’est le 11 mars 1917 que la 1ère Brigade Russe Spéciale relève la 152e Brigade (365e RI et 229e RI) dans le secteur de Courcy. Une période d’instruction de plusieurs semaines vient de s’achever au camp de Ville-en-Tardenois où, sur le terrain d’évolution, on avait reconstitué globalement le secteur de sa future intervention, celui de Courcy.
   Durant un mois, la Brigade Russe va occuper la 1ère ligne, avec toutes les vicissitudes journalières du front, et se préparer pour la grande offensive.
   Son PC est à deux kilomètres derrière le front au Saut de Loup à Saint Thierry.
   Cette préparation de l’offensive ne se déroule pas dans le calme. C’est un harcèlement journalier du secteur. Les pertes russes seront significatives ; on relève par exemple pour la journée du 23 mars, 13 tués et 65 blessés (dont deux officiers) et deux disparus au 1er Régiment.
   D’autre part en Russie, c’est le début de la Révolution et le Tsar vient d’abdiquer.
   Le 15 avril, les bataillons désignés pour l’offensive vont s’installer sur leur base de départ face à Courcy et à la butte de Brimont et à son fort. Ils sont placés sous les ordres du Général, commandant le 7e Corps d’armée.
Cependant à 18h00, coup de théâtre. Informés des événements en Russie, les deux régiments viennent de se mutiner. À 18h00, il y a réunion des Soviets (groupements) qui viennent de se former, dans la cave du château de Saint-Thierry. Ils veulent se prononcer sur les décisions à prendre. Faut-il attaquer ou non ?. Après trois heures de délibérations, les Soviets ont voté à main levée « par une courte majorité : pour participer à l’attaque ». L’incident est clos mais on a frôlé la catastrophe.
   À 6 heures du matin, ce sera l’heure H. Les montres avaient été réglées plusieurs fois dans la nuit noire et pluvieuse avec même de la neige fondante qui amena un lever du jour gris et brumeux.
   Nos batteries d’artillerie qui depuis 7 sept jours sans répit déversaient du feu et du feu sur les lignes adverses se mirent cette nuit-là à accélérer leur cadence.
   Quand l’heure H sonna, les yeux, anxieusement fixés sur les tranchées de départ, virent apparaitre un barrage allemand sur toute la ligne. Une fois hors de leurs tranchées, les bataillons d’assaut ne perdirent point de temps pour s’aligner. Au pas de charge, chaque vague se précipita sur la tranchée allemande d’en face. Cette 1ère ligne totalement bouleversée par nos crapouillots n’existait plus. Les Russes, toujours d’un même mouvement, gagnèrent la seconde. Elle avait, cette ligne-là, été traitée de la même façon que la première. Les abris très profonds avaient été écrasés et, sous les décombres, se devinaient de nombreux cadavres ennemis. Sans plus s’attarder à contempler les effets de nos canons de tranchée, les Russes, sous le bombardement allemand qui s’efforçait d’arrêter leur progression, avançaient et avançaient toujours. Ceux de gauche du 2e Régiment, du même élan irrésistible, atteignirent le canal et s’y installèrent de l’écluse de la Noue-Gouzaine à celle de Courcy.
   Quand le 1er Bataillon du 1er Régiment, chargé d’enlever Courcy arriva devant les premières maisons du village ou plutôt devant les premières ruines, la progression se trouva un instant arrêtée. Quelques mitrailleuses sérieusement casematées avaient échappé à nos projectiles et, se révélant tout à coup, essayaient de briser la vague.
   Le Commandant du Bataillon comprenant qu’il était difficile de forcer l’obstacle, le contourna et Courcy, attaqué par le Nord, tomba bientôt entre nos mains en même temps que le château.
   À droite, le bataillon chargé de s’en aller jusqu’au canal pour se mettre en liaison avec la 151e division d’infanterie au niveau des Cavaliers, se trouve subitement à hauteur du moulin de Courcy contre un réseau de fils de fer barbelés en relatif bon état. Il protégeait un fortin, appelé « ouvrage rectangulaire ». Celui-ci abritait cinq à six mitrailleuses et recélait une trentaine d’Allemands au maximum. En dépit de tout l’héroïsme déployé, le bataillon ne put aller plus loin. Un nouveau bataillon arriva dont le sacrifice immédiat d’une partie de son effectif n’amena pas un meilleur effet
C’est en vain que se firent tuer les capitaines Yanschkevitch, Iklinof et tant d’autres qui payèrent de leur vie leur superbe bravoure. Le fortin entendait entraver notre avance.
    Les Russes du 2e Bataillon qui occupaient Courcy se trouvaient pendant ce temps en butte aux coups de canon allemands et aux mitrailleuses installées à la verrerie de Courcy au-delà du canal, qui n’avait pu être franchi.
   Des caves dans le village encore pleines d’ennemis partaient également de terribles fusillades qui parfois prenaient pour cible des soldats russes blessés allant vers un poste de secours.
   La situation n’était pas des plus aisées. Mais les Russes qui avaient conquis le village n’entendaient pas le lâcher et ils tinrent malgré tout [...]
   Les Allemands avaient laissé entre les mains des Russes plus de 750 prisonniers.
   Comme partout lors de cette offensive de triste mémoire, les objectifs trop ambitieux du Haut Commandement n’avaient pas été atteints. Cependant la magnifique action de la 1ère Brigade Russe Spéciale avait permis la reconquête du village de Courcy. Sur l’ensemble de son secteur imparti les avant-postes s’alignaient partout sur la rive Sud-Ouest du canal. À droite de la Brigade Russe Spéciale, la 151e DI avait repris l’ensemble des Cavaliers de Courcy et s’alignait au point de jonction avec les Russes sur le canal et la rive du chemin de fer Reims-Laon. Après ces trois jours de combats, nos alliés qui avaient engagé plus de 8.000 hommes et officiers le 16 avril enregistraient des pertes terribles. Le 19 avril en fin de journée, elles se chiffraient à 5.183 Russes hors de combat, tués, disparus ou blessés dont la plupart l’étaient grièvement.[...]

Robert CLÉMENT
Bulletin communal de Courcy
Il fut un temps, Courcy
OPHIR, 2006

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