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Le Monument aux martyrs de Creney-près-Troyes
dans l'Aube

présenté par Jean-Pierre et Jocelyne HUSSON

L'Allée des martyrs des 22 février et 22 août 1944

Les fusillés du 22 février 1944

Le massacre du 22 août 1944


Le monument aux martyrs de Creney

La commémoration du 29 août 2010

Sources documentaires

 





L'Allée des martyrs des 22 février et 22août 1944

 Le monument des fusillés de Creney près de Troyes dans l’Aube se dresse à l’écart du bourg, au bout de l’allée des martyrs des 22 février et 22 août 1944 à proximité du Champ de tir, où cinquante trois patriotes ont été fusillés ou exécutés en 1944.

Allée des martyrs des 22 février et 22 août 1944

Les fusillés du 22 février 1944

   Le 22 février 1944, en fin d’après-midi, quatre Francs-tireurs et partisans français (FTPF), condamnés à mort le 17 février par le tribunal militaire allemand de Troyes, sont acheminés en camion, assis sur leurs cercueils, jusqu’au Champ de tir de Creney, où le maire de la commune a reçu l’ordre des autorités allemandes de faire creuser quatre tombes. Attachés à quatre poteaux de bois, ils sont fusillés et inhumés sur place.
   Dans la nuit du 22 au 23 février, l’abbé BONNARD, aumônier de la prison de Troyes, revient sur les lieux avec quelques amis. Ils ouvrent les tombes et en extraient les corps qu’ils rendent clandestinement à leurs familles.
   Les quatre patriotes fusillés à Creney le 22 février 1944 sont : Albert KEYSER, François MOTHRE, Georges FURIER et Fernand MILLOT, un FTPF originaire de la région de Nantes, qui a été arrêté à Châlons-sur-Marne à l’automne 1943 alors qu’il transportait des explosifs dans sa voiture.

Le massacre du 22 août 1944

   Le 22 août 1944 vers 17 heures, sur ce Champ de tir de Creney, quarante-neuf détenus de la prison de Troyes sont exécutés sans jugement à la mitraillette et achevés au révolver par des SS de la Gestapo de Rennes repliés à Troyes. Les corps sont abandonnés sur place, sans être ensevelis, dans trois tranchées peu profondes qui servent de fosses.
   Plusieurs membres de la Milice bretonne ou Milice Perrot, en breton « Bezen Perrot », arrivés à Troyes le 15 août 1944 venant de Châlons-sur-Marne, ont participé au massacre avant de battre en retraite vers Chaumont. Cette formation armée porte le nom de Jean-Marie PERROT, curé de Sérignac, autonomiste breton pro-allemand, lié à l’Abwehr, dénonciateur de résistants et de réfractaires au STO, exécuté par la Résistance bretonne en 1943. Les miliciens qui appartiennent à cette formation désignée par les Allemands sous le nom de Der bretonische Waffenverband der SS sont des autonomistes bretons devenus des agents de la Gestapo, qui ont été intégrés au service de renseignement de la SS, le Sicherheitsdienst (SD) de Rennes, et qui portent un uniforme SS vert de gris avec un calot à tête de mort. Leur chef, Michel CHEVILLOTTE dit Bleiz, originaire de Plougonvelin dans le Finistère, jeune étudiant catholique, membre actif du Parti national breton, s’est livré avant le massacre de Creney à de nombreuses exactions en Bretagne, rafles, arrestations, tortures et exécutions de résistants, incendies de fermes soupçonnées de ravitailler le maquis. Replié et disparu en Allemagne ,il a été condamné à mort par contumace en 1945 par la Cour de justice d’Ille-et-Villaine.
   Après la guerre, aucun membre de la Milice bretonne n’a été condamné pour sa participation au massacre de Creney. La plupart de ses membres ont échappé à l’épuration, réfugiés en Allemagne où ils ont obtenu leur naturalisation, ou bien en Irlande.

   Les quarante-neuf patriotes massacrés à Creney le 22 août 1944 sont : Paul AUBERT, René BAILLY, BARNIER Jean, Gilbert BELLET, André BEN AHMED, Claude BOUCHER, Pierre BROST, Fernand BUFFET, Jean CANTAT, Robert CHAUVE, Marcel CHOILLIER, André CHOUARD, Clovis COLLOT, Adrien CONSTANS, René CORNÉLIS, Jean DARCE, Roger DENIS, Pierre GÉRARD, Pierre GOBIN, Marcel GOUSSEREY, James GRADOS, Bernard GRIMMER, Lucien GUICHARD, Marc GUIGNARD, Jean HUGOT, Louis HUSSON, Hubert JEANSON, Georges KLEIN, Fernand LAURET, Jean LALOY, Raymond LEGENDRE, Roger LEVERT, Jean LOPEZ, Jean MADELEINE di Bob, Jean MIET, Gilbert MORIN, Alain PELLERIN DE BEAUVAIS, Jean PIERRARD, Hubert PRILLIEUX, Marcel ROUX, Julien SISTERNAS, Alphonse SOUQUET, René SOUQUET, Bernard SUINOT, Roger VACHEZ, Louis VALLI, Roland VAUDEZ, Gabriel VERRY, Georges VINCENT.

   Le maire et le curé de Creney, Fernand PIERLOT, ainsi que de nombreux habitants du village se rendent sur les lieux du massacre, pour tenter d’identifier les victimes afin de pouvoir rendre à leurs familles les corps qui sont ensevelis sur place dans des sépultures provisoires.
   Parmi eux se trouvent six Marnais :

René CORNÉLIS de Magenta
Jean BARNIER de La Villa d’Aÿ
Fernand BUFFET de Dizy-Magenta
Hubert JEANSON de Baudement
Jean PIERRARD de Saint-Just-Sauvage
Roger VACHEZ d’Épernay

   Au cours des jours qui suivent, l’abbé PIERLOT et quelques habitants de Creney, mal armés, font prisonniers les Allemands qui, par groupes de trois ou quatre, battent en retraite en empruntant la RN 60 qui traverse le commune de Creney. Ils s’emparent ainsi de 86 prisonniers allemands, dont le général VON SCHRAM et son état-major, qu'ils onti livrés aux libérateurs américains.

Le monument aux martyrs de Creney

   Le dimanche 9 septembre 1944, au lendemain de la Libération, une première cérémonie est organisée sur le terrain du Champ de tir où se déroule un service funèbre qui rassemble plusieurs milliers de personnes, au cours duquel Monseigneur LE COUËDIC, évêque de Troyes appelle de ses vœux l’érection sur ce site d’un mausolée.

Le service funèbre du 9 septembre 1944 sur le Champ de tir de Creney

( Avec l'aimable aurtorisation de la commune de Creney-près-Troyes )

   Après la guerre, un comité d’érection du « monument aux martyrs de Creney » présidé par l’abbé PIERLOT se met en place.
   Érigé grâce à une souscription publique, le monument est inauguré le 24 août 1946.
   Conçu et réalisé par l’architecte André AUBERT et le sculpteur Albert LECLERC, il est constitué d’un piédestal de pierre surmonté d’une statue représentant un résistant abattu, les yeux fermés, la tête inclinée vers la gauche, à genoux les poings liés et attachés dans le dos.

Le monument aux martyrs de Creney

La statue du résistant abattu

« Aux martyrs de Creney »

« À la mémoire des 4 patriotes fusillés le 22 février 1944
et des 49 jeunes gens massacrés le 22 août 1944 par les Allemands »

  De chaque côté du piédestal, deux bas reliefs latéraux représentent des corps entremêlés gisant dans une fosse.

   Au pied du monument les noms des fusillés et exécutés sont gravés sur une plaque de bronze scellée dans la pierre.

La plaque de bronze sur laquelle sont gravés les noms des fusillés et massacréqs de Creney

   En 1985, les quatre poteaux d’exécution en bois utilisés le 22 février 1944 et qui avaient été conservés par Samuel ROYER, ont été remis au Musée de la Résistance de Mussy-sur-Seine où ils sont exposés.

Les quatre poteaux d'exécution utilisés le 22 février 1944

( Avec l'aimable autorisation de la commune de Creney-près-Troyes )

   Le 28 août 1994, à l’occasion du 50e anniversaire des exécutions de Creney, cinquante-trois arbres ont été plantés à l’emplacement du Champ de tir où une stèle a été érigée.

Inauguration de la stèle élevée sur le Champ de tir de Creney le 28 août 1994

( Avec l'aimable autorisation de la commune de Creney-près-Troyes )

La stèle commémorative du Champ de tir de Creney

( Avec l'aimable autorisation de la commune de Creney-près-Troyes )

« À la mémoire des 53 martyrs victimes de la Seconde Guerre mondiale
fusillés en ces lieux en 1944 »

La commémoration du 29 août 2010

   Chaque année, le dernier dimanche d’août, une cérémonie du souvenir se déroule au pied du monument des martyrs et devant la stèle du champ de tir.

Les porteurs de drapeaux s'avancent dans l'Allée des martyrs conduisant au monument

Jaky Raguin, maire de Creney, dépose une gerbe au pied du monument

Recueillement devant la stèle du Champ de tir

( Avec l'aimable autorisation de la commune de Creney-près-Troyes )

Sources documentaires

Dossier documentaire constitué à partir des archives de la commune de Creney, communiqué à Jocelyne et Jean-Pierre HUSSON en 2010 par Madame Bénédicte DONNER, secrétaire de gestion administrative à la mairie de Creney-près-Troyes. Remerciement à Monsieur le maire de Creney, Jacky RAGUIN.
Christian LAMBART, " Le monument des martyrs de Creney ", notice mise en ligne sur le site du CDDP de l'Aube.
Françoise MORVAN, Miliciens contre maquisards, Documents-Histoire, éditions Ouest-France, 2010.

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