Les comptes rendus du FIG 2022

La 33e édition du Festival International de Géographie (FIG) de Saint-Dié-des-Vosges a eu lieu les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022 sur le thème « Déserts ». La direction scientifique 2022 menée par Julien Brachet, géographe, IRD, Université Paris 1 a choisi comme pays invité, le Portugal.

Notre collègue Eric Cazaubon (collège François Legros, Reims) rend compte ici des temps forts de l'édition 2022.

Le thème de cette année a été largement illustré par les images satellites de Géoimage, à partir de la base du CNES. Une exposition était présentée au Lab, le salon numérique, qui, comme tous les documents du site  Géoimage, est téléchargeable en haute résolution, avec des commentaires, à l’adresse :  https://geoimage.cnes.fr/fr

De nombreux intervenants ont relevé la difficulté à définir le désert : ce dernier se définit souvent par opposition au plein qui l’entoure et donc par la négative. Deux caractéristiques reviennent cependant, que le programme très ‘’saharien’’ du FIG confirme : l’aridité (mais pas toujours valide : pensons à l’Amazonie) et les très faibles densités (moins de 1 hab/km², souvent beaucoup moins en fait). On pourrait y ajouter une faible biodiversité, mais là encore les déserts verts contredisent cette caractéristique. Une première approche générale peut être faite avec le site Géoconfluences : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/desert

Le désert dans nos programmes scolaires

1- Au collège

La question du désert peut surtout être travaillée dans le programme de cycle 3 sur l’habiter, en particulier le thème 2 de Sixième sur ‘’un espace de faible densité’’ et particulièrement un ‘’espace à forte(s) contrainte(s) naturelle(s)’’. Les attendus du programme soulignent que ‘’certains espaces présentent des contraintes particulières pour l'occupation humaine. Les sociétés, suivant leurs traditions culturelles et les moyens dont elles disposent, les subissent, s'y adaptent, les surmontent voire les transforment en atouts. On mettra en évidence les représentations dont ces espaces sont parfois l'objet ainsi que les dynamiques qui leur sont propres, notamment pour se doter d'une très grande biodiversité.’’Le Sahara notamment, mais pas seulement, offre de nombreuses possibilités de mettre en œuvre cette question, en particulier par la richesse des représentations dont il fait l’objet et qui a souvent été soulignée par les intervenants.

Le thème 2 du programme de Cinquième peut aussi prendre appui sur des exemples désertiques puisqu’il aborde ‘’Des ressources limitées, à gérer et à renouveler’’, autour de deux questions : ‘’L'énergie, l'eau: des ressources à ménager et à mieux utiliser’’ et ‘’L'alimentation : comment nourrir une humanité en croissance démographique et aux besoins alimentaires accrus ?’’. Que l’on soit dans les déserts latino-américains (verts ou jaunes pour reprendre les termes d’une intervention de MC Fleury et H Théry sur le Brésil) ou dans celui du Sahara, la problématique des ressources dans un contexte de croissance démographique et plus largement de changement global, peut trouver des espaces d’étude pertinents dans les déserts, même si l’enjeu du nombre est essentiel (pensons à l’Egypte qui permet d’aborder tout le thème). Les déserts sont en effet autant des espaces de tensions sur les ressources que des espaces d’innovations plus ou moins respectueuses de l’environnement.

La question du tourisme, dans le thème 2 de Quatrième (‘’Les mobilités humaines transnationales’’) pourrait trouver quelques exemples, souvent négatifs, dans la mise en valeur touristique des déserts, que l’on soit dans l’Arctique, le Sahara ou la péninsule arabique. On pourrait notamment montrer que ce tourisme du désert est ‘’porteur d'effets économiques, sociaux et territoriaux très importants’’, même si les flux sont faibles.

Enfin, pour le collège toujours, la question des ‘’dynamiques territoriales de la France contemporaine’’ (Thème 1) en Troisième peut être abordée au travers d’une réflexion sur des déserts français, que ce soit dans ‘’les aires urbaines’’ ou ‘’les espaces de faibles densités’’, en jouant sur l’analyse multiscalaire qui fait apparaître des déserts à grande échelle et qui permet d’interroger tant l’existence même de déserts en France (y-a-t-il eu prophétie auto-réalisatrice avec l’ouvrage de Gravier en 1947 ?) que les politiques d’aménagement ‘’pour répondre aux inégalités croissantes entre territoires français, à toutes les échelles.’’ Il va de soi que dans ce cas, le désert est davantage est un construit social qu’une donnée naturelle (sauf pour quelques territoires ultramarins).

2- Au lycée

Le programme de Seconde intègre dans son thème 1, sur Sociétés et environnements : des équilibres fragiles, la question des ‘’ressources majeures, sous pression : tensions, gestion’’. L’enjeu de la durabilité est en particulier pointé, qui pourrait trouver un matériau dans le Golfe persique, mais aussi dans le Sahara central. La forêt amazonienne est par ailleurs suggérée comme étude de cas pour traiter d’environnement fragile soumis aux pressions et aux risques, tout comme l’Arctique, un espace entre fragilité et attractivité. Le thème 3 du même programme revient sur la question des mobilités touristiques internationales et propose une étude de cas sur Dubaï. Enfin, on n’oubliera pas que les déserts sont aussi présents dans le thème 4 sur l’Afrique australe : un espace en profonde mutation, en particulier au travers des politique de mise en valeur de la Namibie.

En Première, le désert se fait rare mais la notion est sûrement mobilisable pour aborder le thème 3 : les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? Ce pourrait notamment être l’occasion d’interroger l’éventuel lien entre déprise agricole et désertification humaine, et de faire un étude des grands espaces ruraux canadiens aux très faibles densités mais à l’intégration très forte aux systèmes productifs mondialisés. Vivre aujourd’hui dans un désert ne signifie pas être coupé du monde, loin s’en faut.

Cette réflexion pourrait trouver un prolongement dans le thème 2 de Terminale, en traitant des dynamiques territoriales et en particulier des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation. La proposition qui est faite d’une étude de cas sur la Russie et de façon générale l’étude de tous les territoires qui introduisent une forme de discontinuité dans la mondialisation permettent d’interroger la façon dont les grands acteurs de cette dernière appréhendent même malgré eux la présence de divers déserts dont il faut bien assurer le franchissement par les réseaux. Dans ce sens le désert relève d’une indissociable dialectique du plein et du vide que les acteurs de toutes natures doivent intégrer à leurs stratégies.

• Le Grand Sahara,, conférence inaugurale avec Bernard HOURCADE, directeur de recherche émérite au CNRS, CeRMI Centre de recherche sur le monde iranien, Paris ; Bruno LECOQUIERRE, géographe ; Frank TÉTART, géographe, enseignant-chercheur spécialiste du Golfe Persique, animée par Catherine BIAGGI, Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche et Laurent CARROUÉ, Inspection générale de l’Education, du Sport et de la Recherche, responsable du site CNES Géoimage.
  
  
• Géopolitique du Sahara, avec André BOURGEOT, anthropologue ; Virginie COLLOMBIER, politiste ; Mériem NAILI, juriste en droit international, une table-ronde animée par Julien BRACHET, géographe et directeur scientifique de l’édition 2022 du FIG.
  
  
• Evolution de l'habitat oasien au M’zab : de l’habitat vernaculaire aux nouveaux ksour (Ghardaïa, Algérie) avec Mounia BOUALI, enseignante en urbanisme et architecte et Kheir-Eddine GUERROUCHE, architecte.
  
  
• Les déserts français, avec Yoan MIOT, maître de conférences en aménagement et urbanisme ; Monique POULOT-MOREAU, géographe ; Max ROUSSEAU, géographe ; une table-ronde animée par Catherine CALVET, journaliste.
  
  
• Dans le désert des villes, par Aude LE GALLOU et Florence NUSSBAUM, géographes.

Sur le site du FIG, vous trouverez des comptes rendus et les diaporamas de certains intervenants à cette adresse.

L'édition FIG 2023 s'inscrit dans un contexte de crise (retour de la guerre aux frontières de l'Europe, crise climatique, crise énergétique ...) et a fait le choix du thème : "Urgences".