Lecture analytique d'un fabliau - La vieille qui graissa la patte au chevalier
Séance d'une heure de niveau 5° (début d'année) dont les objectifs sont de réviser le texte narratif vu en classe de 6° et d'introduire une forme particulière du texte narratif : le fabliau.
Support : Manuel Hachette/ Istra 5° Les Couleurs du temps p 176, 177
Modalités :
Le professeur lit avec expressivité le texte puis demande aux élèves leurs impressions. Il est fort probable que certains rient et le mot « comique » devrait apparaître très vite. D'autres seront sensibles à l'histoire racontée et à la façon de la narrer. Le professeur écrit au tableau les remarques des élèves.
En partant de celles-ci puis en posant des questions (ex : Dans quel type de texte sommes-nous ? Qu'est-ce qui apparaît de la ligne 20 à 26 ? Que penses-tu des mots comme « fourbes » « déloyaux » à la fin du texte ?) , la classe pourra éventuellement distinguer trois axes :
Un dialogue (discours direct : DD).
Le récit d'une histoire
Le professeur posera les questions destinées à préciser les éléments de contexte :
- Qui a écrit ce texte ? Qui est le narrateur ? Intervient-il dans l'histoire ?
- Qui sont les personnages ? Ont-ils un nom ? Comment sont-ils désignés par le narrateur ? Qu'en déduis-tu ?
- Qui est le personnage principal ? Qui s'oppose à lui ? Qui l'aide ?
- A quelle époque vivent-ils ?
- Quelles sont les étapes de l'histoire ?
Réponses aux questions (données à titre indicatif à l'usage du professeur et à ne pas faire écrire aux élèves) :
L'auteur de ce fabliau est anonyme. Le narrateur, celui qui raconte l'histoire, intervient à la première personne du singulier dans son rôle de conteur. Les personnages sont au nombre de quatre : seule la voisine « Hersant » est nommée ; en revanche, les trois autres : la vieille femme, le prévôt et un chevalier bénéficient de désignateurs. Ceux-ci prouvent la sympathie du narrateur pour le personnage principal : la vieille femme. Le prévôt s'oppose à elle en exigeant qu'elle le paye. La voisine aide la vieille femme en lui donnant l'idée de « graisser la patte » au chevalier. L'histoire se déroule au Moyen Age. Elle se compose de cinq parties : la mésaventure de la vieille qui perd ses vaches, le refus du prévôt de les lui rendre à moins de payer, le conseil de la voisine, la mise à exécution par la vieille et la réussite de la vieille qui récupère ses vaches et gagne un pré.
Trace écrite, si possible sous la dictée des élèves et à partir de leurs propositions :
L'auteur de ce fabliau est anonyme. Le narrateur, celui qui raconte l'histoire, intervient à la première personne du singulier. Les personnages, qui agissent dans l'histoire, sont au nombre de quatre : La vieille, le prévôt, la voisine et le chevalier. Les étapes de l'histoire sont les suivantes : la mésaventure de la vieille, le refus du prévôt, le conseil de la voisine, la mise à exécution et la réussite de la vieille.
Un dialogue
Le professeur pourra aider les élèves en posant quelques unes des questions suivantes :
- Quelle ponctuation caractérise ce dialogue ?
- Quels personnages s'expriment au DD ?
- A ton avis, pourquoi le narrateur transcrit-il les paroles de ces personnages au DD ?
- Un personnage ne s'exprime pas au DD mais transmet un message au personnage principal : qui est-il ? Pourquoi ce personnage ne s'exprime pas au DD, d'après toi ? Transpose au DD ses paroles. Est-ce mieux ?
- Alors comment connaît-on le caractère des personnages ?
- Propose un adjectif pour qualifier chacun d'eux.
Réponses aux questions ( données à titre indicatif à l'usage du professeur et à ne pas faire écrire aux élèves) :
Le dialogue se caractérise par une mise en page particulière : on le sépare du récit en allant à la ligne et on distingue de la même façon les différentes répliques. Ce dialogue est encadré par des guillemets et on met des tirets pour signaler le changement de locuteur. Le prévôt, la vieille et le chevalier s'expriment au DD car ils sont les trois directement concernés par le différend. Leurs répliques donnent des informations sur leur caractère : la vieille est naïve, le prévôt est cupide et le chevalier est généreux, la voisine est serviable. Le DD donne de la vie au récit.
Trace écrite si possible sous la dictée des élèves et à partir de leurs propositions :
Le dialogue se caractérise par une mise en page particulière et par une ponctuation spécifique. Il permet de révéler le caractère des personnages et met de la vivacité dans le récit.
La dénonciation par le rire
Le professeur pourra aider les élèves en posant quelques unes des questions suivantes :
- Les personnages qui s'expriment au DD sont-ils du même niveau social ?
- Quelle attitude et quelles paroles montrent que la vieille femme est de condition sociale inférieure aux deux autres ?
- Quelle est l'attitude du prévôt envers la vieille ? Et quelle est celle du chevalier ? Te paraissent-elles identiques ?
- Comment la vieille interprète-t-elle l'expression : « graisser la patte » ? Dans quel sens Hersant l'employait-elle ?
- L'une d'elles commet-elle une erreur ?
- Quel est l'effet produit sur le lecteur ? Et sur le chevalier ?
- Que dénonce ici ce fabliau ?
Réponses aux questions (données à titre indicatif à l'usage du professeur et à ne pas faire écrire aux élèves) :
Les personnages ne sont pas du même milieu social puisque le chevalier appartient à la noblesse, le prévôt à la bourgeoisie et la vieille femme plutôt au peuple. Celle-ci a une attitude humble envers ses deux interlocuteurs. Le prévôt se montre intraitable. En revanche, le chevalier apparaît comme quelqu'un de conciliant. La vieille prend l'expression au sens propre (au pied de la lettre) Pour elle, « graisser la patte » signifie « frotter la main avec du lard ». Hersant avait utilisé l'expression au sens figuré c'est-à-dire : « donner de l'argent pour obtenir une faveur ». Toutes deux ont raison mais la vieille n'a pas compris l'expression en situation ; de ce fait il y a un quiproquo comique. Ce fabliau dénonce la cupidité de certains bourgeois officiers de justice et leur malhonnêteté.
Exemple de trace écrite construite à partir des propositions des élèves :
L'auteur dénonce la cupidité du prévôt et la naïveté de la vieille. Il fait rire grâce au quiproquo qui repose sur la confusion entre le sens propre et le sens figuré d'une même expression. Le fabliau est donc un texte narratif court contenant souvent un dialogue et qui divertit et fait réfléchir le lecteur.
J. Granjean