Créer un BOT en ULIS sur Cyrano
TraAM BOT Lettres : créer un BOT littéraire sur Cyrano de Bergerac en ULIS
Contextualisation
Travail réalisé avec dix élèves de dispositif ULIS-collège TFC, de 11 à 14 ans. Ces élèves rencontrent de par leur situation de handicap des difficultés importantes dans les apprentissages (mémorisation des notions, automatisation, remobilisation des connaissances) et sont pour certains peu lecteurs et/ou non scripteurs.
Les élèves ont étudié en fin d’année 2018-2019 et en septembre, dans le cadre du prix Nénuphar, l’album Le nez de Cyrano, qui reprend de manière très simplifiée la pièce de Rostand. Ils ont apprécié ce livre et nous avons par la suite élargi le travail à l’étude de la tirade du nez, qui a servi de base pour la création des bots. L’intérêt de l’extrait choisi est que l’auteur explicite les émotions associées aux phrases.
Objectifs
Objectifs visés :
- développer le lexique
- écrire des mots en autonomie
- produire des phrases à partir d’un modèle
- identifier les constituants de la phrase simple
- manipuler des formes verbales
- comprendre les différences de genre et de nombre
- mettre en voix une phrase inventée
Objectifs atteints :
Tous à l’exception du 1er, car les élèves ont finalement pioché le plus souvent dans leur lexique personnel.
Les notions grammaticales sont partiellement maîtrisées car il est nécessaire de les remobiliser très régulièrement pour que les élèves en gardent mémoire. Ils identifient les mots mais n’ont pas tous retenu le nom des classes grammaticales (ce qui me convient, car le vocabulaire technique n’est pas indispensable pour passer à l’écriture)
Compétences travaillées :
- travailler en autonomie
- écrire des mots et vérifier leur orthographe en utilisant le dictionnaire
- réinvestir les notions de nom propre/nom commun, adjectif, déterminant, verbe conjugué/à l’infinitif
- lire des mots et des phrases à voix haute
- jouer une phrase en mettant le ton
- réaliser des accords dans le GN
Outils et méthode
Les séances ont eu lieu dans la salle de l’Ulis, dotée de trois ordinateurs, d’une imprimante et d’un vidéoprojecteur. Une tablette a été utilisée pour photographier et filmer.
Les élèves ont beaucoup manipulé, utilisant ardoise, étiquettes de couleur, tableau, …
Ils avaient accès aux leçons réalisées en amont, ainsi qu’à un dictionnaire adapté (Diclé) ainsi qu’à un dictionnaire illustré.
Les documents reprenaient les pictogrammes auxquels sont habitués les élèves.
Les élèves pouvaient se déplacer librement lors des séances, pour accéder aux différentes ressources.
Tables de matériel en accès libre : étiquettes de couleur avec pictogrammes et dictionnaires adaptés.
Déroulement du projet
Nous avons réalisé quatre BOTs dans l’année, chaque séance nécessitant entre 2h et 3h de travail pour pouvoir mettre en ligne les productions finales.
Toutes les séances se sont déroulées de façon similaire, car c’est grâce à la répétition que les élèves sont parvenus à gagner en aisance et en assurance, certains n’ayant accepté de mettre en voix que sur la dernière séance.
Etape 1 : présentation de l’objectif :
Exemple pour le bot 2 :
« Aujourd’hui, nous allons revoir les noms et les adjectifs qualificatifs, sur lesquels nous avons travaillé pendant plusieurs séances. Vous devrez les repérer dans une phrase, et en écrire d’autres pour les remplacer »
Etape 2 : rappel grammatical :
rappel collectif oral des notions qui seront abordée pendant la séance, ainsi que des fiches à consulter en cas de besoin.
Etape 3 : lecture de la phrase écrite/projetée au tableau.
De quoi est-il question dans cette phrase ?
Etape 4 : analyse, différenciée de la phrase-support
Exemple pour le bot 2 :
Activité 1 : Sur ardoise :
- élève niveau 1 : souligner un nom commun et le nom propre de la phrase notée sur l’ardoise
- élèves niveau 2 : recopier 3 noms communs, le nom propre et l’adjectif
- élèves niveau 3 : recopier tous les noms propres, noms communs et adjectifs, et les classer
Cette élève est en train de copier les noms communs (niveau 2) ; elle dispose de jeton pour pouvoir matérialiser le nombre de noms qu’il lui reste à trouver.
Etape 4 : correction collective
Etape 5 : recherche de mots de substitution :
travail individuel ou en groupe selon les séances, sur ardoise ou sur étiquettes. Il s’agit de l’activité la plus longue.
Un élève faible scripteur copie des noms communs de genre masculin sur le corps humain à partir d’une planche de dictionnaire.
Un élève non-scripteur dessine des fruits sur son ardoise, du plus petit au plus grand, puis les nomme en indiquant leur genre ; il recopie ensuite les mots écrits au tableau par l’enseignant.
A )Une élève écrit son mot sur l’étiquette correspondant à la classe grammaticale sur laquelle elle travaille.
B/C) Dans le bot 2, les élèves ont écrit sur des étiquettes, collé, et nous avons corrigé ensuite avec les pictogrammes.
D/E/F )Dans le bot 3, ils ont mis au propre sur feuille, chaque élève travaillant sur un thème différent (ici : moyens de transport, animaux, vêtements)
G)Dans le bot 4, la technique est la même que dans le 2, mais nous avons supprimé les pictogrammes.
Etape 6 : lecture :
les élèves se répartissent les mots et les lisent pour que l’enseignante puisse les entrer dans le tableur.
Etape 7 : copie :
chaque élève prend le temps de lire les phrase générées, il en sélectionne une qu’il copie dans son cahier et s’entraîne à la dire de manière expressive
Etape 8 : oral :
chaque élève dit sa phrase en essayant de restituer l’émotion indiquée dans le texte d’origine .
Etape 9 : prolongement :
lors des rituels du matin des jours qui suivent, nous allons sur Twitter : un élève prend en charge la lecture expressive de la phrase générée et vient analyser ses constituants au tableau.
Synthèse
Les élèves ont apprécié ces séances car elles abordaient la grammaire de manière ludique. Ils sont parvenus à mémoriser certaines notions grâce à la répétition des modèles de phrases générés par le bot. Ils se sont amusés des phrases incongrues publiées sur Twitter.
L’écriture de mots, sur étiquettes notamment, a permis à des élèves en difficulté pour le passage à l’écrit de dépasser leurs appréhension et de se mettre à écrire plus spontanément. Cela a été utile ensuite pour les traces écrites dans les autres cours, les élèves ont gagné en autonomie en écriture.
Les temps de lecture expressive ont été très compliqués à mettre en œuvre. Il me semblait très important de les rendre systématiques, car la majorité du groupe en est au stade du déchiffrage ou lit de manière très mécanique. Mais le fait de jouer une émotion en disant la phrase demandait un engagement personnel trop important pour plusieurs élèves et cela n’a pas bien fonctionné pour une bonne moitié du groupe.
L’an prochain, il serait intéressant, pour faire évoluer l’expérience et renforcer les compétences des élèves, d’essayer d’épurer les séances en utilisant de moins en moins d’étayages (jetons, étiquettes colorées) pour que les élèves puissent progresser dans leur approche de l’abstraction des notions grammaticales.
Pauline Moreau
Professeur de lettres classiques, Coordonnatrice Ulis, Collège Pithou, Troyes
Cet article entre dans le cadre d'une expérimentation TraAM, dont la synthèse est présentée dans l'article en lien.
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Créé lelundi 6 juillet 2020
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RédacteurToussaint Conseil Adeline
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Dernière mise à jourvendredi 10 juillet 2020
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