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Après
la capitulation allemande signée à Reims et à
Berlin en mai 1945, qui a mis fin à la Seconde Gerre mondiale
en Europe, le vieux continent dresse le bilan du conflit.
Quelle a été l'ampleur des pertes
humaines et des destructions matérielles, et avec quelles
conséquences ?
Comment a été réglé
le sort des pays vaincus, en particulier celui de l'Allemagne ?
Quelles modifications de frontières ont
été imposées par les vainqueurs ?
Dans quel état l'Europe sort-elle du
conflit ?
À quels problèmes est-elle confrontée ?
Quelles sont pour elle les perspectives de l'immédiat
après-guerre ?
I.
Le bilan humain et matériel |
1.
Les pertes humaines
-
Une Europe saignée
et traumatisée par la révélation du génocide
Le nombre
total des morts atteint 35 millions : près de 20 millions en URSS
et 15 millions dans le reste de l'Europe.
Ce sont en majorité des civils, tués lors des
bombardements ou victimes de la barbarie nazie : exécutions d'otages,
représailles, massacres de villages entiers, déportations massives,
extermination systématique et programmée dans le cadre de la « solution
finale » de millions de personnes dont plus de 5 millions
de Juifs
-
Les séquelles démographiques
À la surmortalité
qui a frappé davantage le sexe masculin, s'est ajouté pendant les
années de guerre un déficit des naissances.
Dans les pays les plus engagés dans le
conflit, l'ampleur des pertes humaines a entraîné une
féminisation et un vieillissement de la population, ainsi qu'une
baisse de la population active
Des millions de personnes ont été déplacées pendant
et à l'issue du conflit, notamment en Allemagne, en Pologne, en
URSS et en Europe centrale : populations fuyant les combats ; déportations ;
prisonniers de guerre ; populations transférées ou expulsées.
Cependant la reprise de la natalité amorcée avant
même la fin du conflit, se traduit par un baby-boom de grande
ampleur et de longue durée.
2.
Les destructions
-
Une Europe dévastée
Sur le
plan matériel, le bilan est également très lourd.
Les pays les plus touchés sont l'URSS, la
Pologne et la Yougoslavie, systématiquement pillées et dévastées
par les nazis, et l'Allemagne où la plupart des villes ont été détruites.
-
Les problèmes de
la reconstruction
Partout il faut reconstruire
usines et logements, rétablir les communications, et faire redémarrer
la production dans des conditions extrêmement difficiles.
II.
Le réglement du conflit |
1.
Le sort de l'Allemagne vaincue
-
Elle est réduite,
découpée et occupée
Alors que l'Italie est épargnée parce qu'elle
a changé de camp en 1943, l'Allemagne dont le sort a été réglé par
les Alliés lors des conférences de Yalta et de Potsdam, est ramenée
dans ses frontières de 1937 :
- le territoire des Sudètes
retourne à la Tchécoslovaquie ;
- le rattachement de
l'Autriche à l'Allemagne ( Anschluss ) est annulé ;
- l'Alsace-Moselle
et tous les territoires annexés au Reich hitlérien pendant la 2e
guerre mondiale sont restitués ;
- en outre, l'Allemagne
doit céder à l'URSS la région de Kœnigsberg en Prusse orientale,
et à la Pologne le reste de la Prusse orientale.
La frontière
germano-polonaise est
ramenée à la ligne Oder-Neisse.
Elle est démilitarisée et découpée en quatre zones
d'occupation : soviétique, américaine, britannique, française.
Sa capitale, Berlin, située au cœur de la zone
d'occupation soviétique, est elle même découpée en quatre secteurs
et soumise à l'administration quadripartite des Alliés.
-
Elle est placée sous
la tutelle des Alliés
L'administration est épurée.
Les criminels de guerre nazis sont poursuivis
et jugés à Nuremberg par un tribunal militaire international qui
prononce douze condamnations à mort.
Les institutions sont dénazifiées, démocratisées.
-
Elle devra payer
des réparations
Le montant que devait payer l'Allemagne est fixé
à 20 milliards de dollars auxquels devaient s'ajouter des prélèvements
: usines, bateaux, machines, matériel de transport.
L'économie allemande devait être déconcentrée.
Les konzern et les cartels qui avaient
soutenu et financé Hitler et les nazis et participé à la mise en
œuvre de la « solution finale » devaient être démantelés.
2.
Les modifications de frontières
-
L'extension de l'Union
soviétique
Toutes les acquisitions territoriales effectuées
par l'URSS sont confirmées :
- les territoires
peuplés de Biélorusses et d'Ukrainiens concédés à la Pologne par
Lénine lors du traité de Riga de 1921 et repris par Staline en 1939,
conformément à une clause secrète du Pacte germano-soviétique de
1939 ;
- les trois
Républiques baltes annexées en 1940 ;
- la Carélie
finlandaise ;
- la Bessarabie
roumaine ;
- la Ruthénie
hongroise ;
- enfin,
la région de Kœnigsberg en Prusse orientale, enlevée à l'Allemagne
et qui devient Kaliningrad.
-
Les nouvelles frontières
de la Pologne
Pour compenser la perte des territoires «
récupérés » à l'Est par l'URSS, la Pologne s'étend à
l'Ouest et au Nord aux dépens de l'Allemagne.
La nouvelle frontière germano-polonaise est reculée
jusqu'à la ligne Oder-Neisse.
III.
Le déclin de l'Europe |
1. Un
continent affaibli
-
Les divisions politiques
Aux divisions opposant vainqueurs et vaincus viennent
s'ajouter des tensions entre Alliés occidentaux et soviétiques,
et entre les Alliés occidentaux eux-mêmes ( par exemple entre Français
et Anglo-Saxons ).
Dans les pays qui ont été soumis pendant la guerre
à l'occupation allemande, l'épuration qui frappe les anciens collaborateurs
déchaîne des passions et divisent les partis politiques.
En Grèce, communistes soutenus par l'URSS et royalistes
soutenus par les Anglo-Saxons, s'affrontent dans une sanglante guerre
civile.
-
Une économie ruinée
Les difficultés économiques affectent également
pays vaincus et pays vainqueurs : endettement, inflation,
problèmes de ravitail-lement, pénurie de main d'œuvre, effondrement
de la production.
-
Des métropoles coloniales
contestées
La guerre a mis en évidence les faiblesses et
les divisions des puissances coloniales.
Elle a réveillé les nationalismes indigènes qui
contestent de plus en plus la tutelle des métropoles européennes
( Royaume-Uni, France, Belgique, Pays-Bas ) :
- troubles
annonçant la partition en Inde ;
- émeutes
de Sétif en Algérie ;
- déclarations
d'indépendance en Indochine et en Indonésie.
2.
L'Europe face aux deux Grands
-
La menace d'une coupure
En dépit des engagements solennels contenus dans
la « Déclaration sur l'Europe libérée » adoptée
à Yalta en février 1945 par Roosevelt, Staline et Churchill, qui
prévoyait l'organisation d'« élections libres »,
le nouveau rapport de forces qui s'établit en Europe à la fin de
la guerre découle en fait de l'avance respective des troupes alliées,
anglo-saxonnes et françaises à l'Ouest, et soviétiques à l'Est.
-
L'extension de l'influence
soviétique en Europe orientale
Dans tous les territoires libérés et occupés par
l'Armée Rouge , l'URSS met en place des gouvernements provisoires
de coalition s'appuyant sur les partis communistes et jette les
bases de la satellisation et de la soviétisation de l'Europe de
l'Est.
-
L'affirmation de
la puissance américaine en Europe occidentale
Les États-Unis suspendent dès la fin du conflit
toute aide à l'URSS.
Ils renoncent à la tentation du retour à l'isolationnisme
qui avait caractérisé l'Amérique des années 1920 au lendemain de
la 1ère guerre mondiale.
Ils se préparent à assumer désormais de nouvelles
responsabilités dans le monde et en premier lieu en Europe.
La 2e
guerre mondiale a accentué le déclin de l'Europe amorcé au lendemain
du premier conflit mondial.
Même si en 1945, l'Europe est associée
à la création de l'Organisation des Nations Unies
( ONU ), où le Royaume-Uni et la France sont
admis comme membres permanents du Conseil de sécurité,
elle est affaiblie, divisée, et va devenir un lieu d'affrontement
entre les deux seuls vrais vainqueurs, les États-Unis et l'Union
soviétique.
L'Europe va subir une coupure profonde et durable
sur le plan idéologique, politique et économique, symbolisée par
le « rideau de fer » que Churchill évoque dès
1946 dans le discours de Fulton, et qui va en faire à l'époque
de la guerre froide un des principaux enjeux de la rivalité américano-soviétique.
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