18
Juin :
Journée nationale commémorative
de
l'appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat
contre l'ennemi
Dossier mis en ligne par Jean-Pierre Husson
Une
commémoration célébrée depuis la Libération
et institutionnalisée en 2006
L'Appel
du 18 juin 1940
L'appel
« À tous les Français » d'août 1940
Des
appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée
historique
1940-2010 : 70e anniversaire de l'Appel du 18 juin
Une commémoration célébrée depuis la Libération
et institutionnalisée en 2006
Depuis
la Libération, l'Appel du 18 juin 1940
est commémoré chaque année par les Français
libres et les associations de Résistance
qui vont se recueillir devant les monuments
aux morts et les
mémoriaux érigés au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale à la mémoire
des martyrs de la Résistance, au Mont
Valérien à Suresnes et dans la plupart des
villes françaises.
Monument aux morts de la ville de Reims
.
Mémorial aux martyrs de la Résistance de Reims
Le
19 mars 2006 a
été
publié au Journal
Officiel
n° 67 un décret
instituant le
18 juin " Journée
nationale commémorative de l'appel historique du général
de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre
le combat contre l'ennemi ".
Décret
n° 2006-313 du 10 mars 2006 instituant le 18 juin de chaque année
une Journée nationale commémorative de l'appel historique
du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat
contre l'ennemi
NOR
: DEFD0600178D
Le
Président de la République,
Sur
le rapport du Premier ministre, de la ministre de la défense
et du ministre délégué aux anciens combattants,
Vu
l'article
37
de la Constitution ;
Vu
l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 ;
Vu
l'ordonnance n° 45-1779 du 10 août 1945 ;
Vu
la loi
n° 99-418 du 26 mai 1999
créant le Conseil national des communes Compagnon de la Libération,
Décrète
:
Article
1
Le
18 juin est institué « Journée nationale commémorative
de l'appel historique du général de Gaulle à
refuser la défaite et à poursuivre le combat contre
l'ennemi ».
Article
2
Chaque
année, des cérémonies officielles sont organisées
aux niveaux national et départemental.
Une
cérémonie symbolique est organisée au mont
Valérien par l'ordre de la Libération en liaison avec
les autorités officielles.
Une
cérémonie a lieu dans chaque département, à
Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française,
à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les îles Wallis et
Futuna et dans les communes, dont l'organisation est laissée
à l'initiative du représentant de l'Etat.
Article
3
Le
Premier ministre, le ministre d'État, ministre de l'intérieur
et de l'aménagement du territoire, la ministre de la défense,
le ministre de l'outre-mer et le ministre délégué
aux anciens combattants sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent décret,
qui sera publié au Journal officiel de la République
française.
Fait
à Paris, le 10 mars 2006.
Par
le Président de la République : Jacques
Chirac
Le
Premier ministre, Dominique
de Villepin
La
ministre de la défense, Michèle
Alliot-Marie
Le
ministre d'Etat, ministre
de l'intérieur et
de l'aménagement du territoire, Nicolas
Sarkozy
Le ministre de l'outre-mer, François
Baroin
Le
ministre délégué aux
anciens combattants, Hamlaoui
Mékachéra
L'Appel du 18 juin 1940
L'Appel
du 18 juin 1940 désigne le discours
prononcé par le général
de GAULLE à la radio de
Londres ( BBC ).
Officier
de carrière formé à Saint-Cyr, Charles
DE GAULLE avait participé à la 1ère
guerre mondiale au cours de laquelle il avait été
fait prisonnier.
Dans les années 1930,
il avait été un promoteur de l'arme
blindée en France.
En mai 1940,
il avait lancé une contre-offensive à
la tête de ses chars à Montcornet.
Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres où il avait installé son poste de commandement, il avait enregistré une allocution considérée aujourd'hui par plusieurs historiens comme l'« appel avant l'Appel », c'est-à-dire comme une préfiguration de l'Appel du 18 juin 1940.
Le 1er juin, il avait été nommé général de brigade à titre temporaire.
Le 5 juin, il avait été appelé par le président du Conseil Paul REYNAUD, au poste de sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre.
Le 17 juin, au moment où PÉTAIN,
devenu chef du gouvernement en remplacement de Paul
REYNAUD démissionnaire, appelait les Français à cesser le combat et sollicitait un armistice auprès des Allemands, DE GAULLE refusait d'accepter la défaite et se rendait à Londres, capitale du Royaume-Uni qui, sous la direction du Premier ministre CHURCHILL, était déterminé à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie.
Dans ce premier appel très
peu entendu, lancé le 18 juin en pleine débâcle
des armées françaises, le général
DE GAULLE invitait les officiers et les soldats français
ainsi que les ingénieurs et les ouvriers spécialisés
des industries d'armement qui se trouvaient sur le territoire du Royaume-Uni à se mettre en rapport avec lui pour
continuer le combat aux côtés de nos alliés
britanniques
Les
chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la
tête des armées françaises, ont formé
un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite
de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour
cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes,
submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne,
de l'ennemi.
Infiniment
plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique
des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions,
la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de
les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance
doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive
?
Non ! Croyez-moi,
moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien
n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont
vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas
seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière
elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient
la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser
sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette
guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre
pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de
France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes,
tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas
qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires
pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui
par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir
par une force mécanique supérieure. Le destin du
monde est là.
Moi,
Général de Gaulle, actuellement à Londres,
j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent
en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver,
avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs
et les ouvriers spécialistes des industries d'armement
qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à
s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance
française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra
pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la
Radio de Londres.
Cet appel n'a pas été filmé, et aucun enregistrement n'en a été conservé.
Par contre celui qui a été diffusé le 22 juin 1940 a été enregistré sur un disque conservé à la Phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel ainsi qu’aux Archives sonores de la BBC.
Le discours radiodiffusé du 22 juin 1940 à la BBC
L'appel « À tous les Français »
d'août 1940
Au
cours du week-end du 3-4 août 1940,
un autre appel a été
placardé par voie d'affiche
sur les murs de Londres.
Signé par le général
DE GAULLE depuis son quartier général situé
4, Carlton Garden à Londres, il s'adressait
« À tous les Français »,
militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine
sociale, et où qu'ils se trouvent.
Le
contexte n'était plus tout à fait le même que
celui de juin 1940.
Le
gouvernement du maréchal PÉTAIN
qui avait sollicité et signé
l'armistice consacrant la défaite de la France s'était
installé à Vichy,
avait mis à mort la Troisième République à
laquelle il avait substitué un État
français qui s'engageati sur la voie de la collaboration
avec l'Allemagne nazie.
À Londres, le général DE
GAULLE a jeté les bases de la France
libre et appelé à la rejoindre tous ceux
qui refusaient la défaite, voulaient résister
et continuer le combat.
À tous les Français
La
France a perdu une bataille !
Mais la France n'a pas perdu la guerre !
Des
gouvernants de rencontre ont pu
capituler, cédant à la panique, oubliant
l'honneur, livrant le pays à la servitude.
Cependant, rien n'est perdu !
Rien
n'est perdu, parce que cette guerre est
une guerre mondiale. Dans l'univers libre,
des forces immenses n'ont pas encore donné.
Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. Il faut
que la France, ce jour-là, soit présente à la
victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa
grandeur. Tel est mon but, mon seul but !
Voilà
pourquoi je convie tous les Français,
où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans
l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance.
Notre
patrie est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !
VIVE
LA FRANCE !
GÉNÉRAL
DE GAULLE
Quartier général
4, Carlton Garden
London
Une
affiche de mobilisation...
Le
graphisme de cette affiche rappelle
celui des affiches officielles de mobilisation
générale arborant deux drapeaux français
croisés et un liseré tricolore.
L'effet recherché est double.
Il s'agit tout d'abord de renouveler
et d'amplifier les précédents appels à la résistance
lancés par le général DE
GAULLE depuis le 18 juin 1940
à la BBC, appels qui ont
été peu entendus dans l'immédiat.
Il s'agit aussi d'affirmer
le caractère officiel de la France libre, conçue
dès le départ comme le seul véritable gouvernement
légitime qui aspire à se faire reconnaître par
le gouvernement britannique, face au régime de Vichy constitué
par « des gouvernants de rencontre »
et considéré par le général
DE GAULLE comme un gouvernement qui s'est déshonoré
en capitulant et qui a livré la France « à
la servitude ».
...
énumérant les raisons d'espérer des Français
Les
raisons d'espérer des Français
en 1940 résident dans
la conviction prémonitoire affirmée avec force par le
chef de la France libre :
- que « la
France a perdu une bataille », mais qu'elle
« n'a pas perdu la guerre » ;
- et que la guerre
de 1939-1940 est une nouvelle « guerre
mondiale » dans laquelle « des
forces immenses n'ont pas encore donné » ;
Le général
DE GAULLE fait ici allusion aux ressources et aux troupes
de l'Empire britannique qui n'ont
pas encore été totalement mobilisées, mais aussi
à celles de l'Empire colonial français
dont il espère le ralliement.
Ancien combattant de la 1ère guerre mondiale,
il pense aussi à l'engagement prévisible
tôt ou tard aux côtés des Alliés de l'Union
soviétique et des États-Unis.
Des appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée historique
Certes
dans l'immédiat, l'Appel du 18 juin
1940 et ceux qui l'ont suivi n'ont guère été
entendus.
Un seul officier général
s'est rallié à DE
GAULLE,
l'amiral MUSELIER, et parmi les
15 000 marins qui se trouvaient en territoire britannique
après l'armistice du 22 juin 1940,
quelques centaines seulement se sont engagés
dans les Forces françaises libres.
Néanmoins cet appel comme ceux qui l'ont
précédé constituent bien le
principal acte fondateur de la Résistance française
extérieure et intérieure, dont les forces
se sont progressivement affermies et que le général
DE GAULLE est parvenu à unifier sous son autorité
avec l'aide de Jean MOULIN.
Même si l'engagement dans la Résistance
suscité par ces appels est resté le
fait d'une minorité de Français, il a permis
à terme d'associer la France à
la victoire alliée de 1945.
En juin 2004, l'Institut national de l'Audiovisuel ( INA ) et la British Broadcasting Corporation ( BBC ) ont adressé conjointement à l'UNESCO un dossier de proposition d'inscription au Programme « Mémoire du Monde » de l'UNESCO de quatre documents d'archives relatifs à l'Appel du 18 juin : « le manuscrit du texte de l’Appel radiodiffusé du 18 juin, l’enregistrement radiophonique de l’Appel du 22 juin, le manuscrit de l’affiche du 3 août et l’affiche elle-même ».
Le manuscrit de l'Appel du 18 juin 1940
sur
le site de la Fondation Charles de gaulle
En juin 2005, le Comité consultatif international du Programme « Mémoire du monde », réuni à Lijiang en République populaire de Chine, a retenu cette proposition qui a été approuvée par le Directeur général de l'UNESCO.
Aujourd'hui, les historiens continuent de s'interroger sur l'inexistence d'un enregistrement de l'allocution de Savigny et plus surprenant de l'Appel du 18 juin à la BBC, comme sur les variantes et les différentes versions des appels successifs lancés par le général DE GAULLE depuis Londres au cours de l'été 1940.
En juin 2008, dans un éditorial mis en ligne sur son blog, l'historien François DELPLA, auteur de L'Appel du 18 juin 1940 publié en 2000 chez Grasset, explique pourquoi « le discours du 18 juin est un objet historique des plus complexes » qu'il faut replacer dans son contexte. Face à la demande d'un officier français peu connu qui appelle les militaires français à désobéir, alors que le maréchal PÉTAIN, le prestigieux vainqueur de Verdun, chef du gouvernement d'un pays allié, appelle unilatéralement à cesser le combat et sollicite un armistice, le gouvernement britannique était très embarrassé et même divisé quant à l'attitude à adopter à l'égard du général DE GAULLE et même sur la poursuite de la guerre :
[...] Il en résulte un grand retard dans le lancement de l’appel, qui pourrait avoir lieu dès le 17 en milieu d’après-midi et ne se produit que dans la soirée du lendemain, à 22 heures. Le ministre des Affaires étrangères Edward Halifax est fermement opposé à cette démarche, et paraît longtemps en mesure de l’emporter sur le premier ministre Churchill, qui n’en fait précisément pas une affaire d’État. Le cabinet britannique, réuni le 18 à 12 heures 30, met carrément son veto, en l’absence il est vrai de Churchill. Du coup la discussion, en ordre dispersé, rebondit dans l’après-midi. Au terme de ces tractations, si de Gaulle parle, c’est après avoir dû amender son texte à plusieurs reprises. Mais la discussion reprend dans la nuit. Car le discours publié par les journaux anglais du 19, qui deviendra la version officielle ( à un passage près cependant... ajouté fin juillet ou début août ! ), diffère de celui prononcé au micro, sur des points fondamentaux [...]
Ce film est une révélation
2 juillet 1940, la première apparition filmée du général de Gaulle depuis son arrivée à Londres
sur le site de l'ECPA
Dans un supplément à La Lettre d’information n° 68 de son site, datée du 22 juin 2010, l'historien François DELPLA revient sur le film présenté sur le site de l'ECPAD comme étant la première apparition filmée du général DE GAULLE depuis son arrivée à Londres, dans lequel il voit une ébauche de l'affiche « À tous les Français » :
Un film d’une minute et demie, présent sur la Toile depuis quelques mois, défraye la chronique, notamment au colloque sur le 18 juin qui se tient en ce moment à Paris.
Il montre de Gaulle prononçant, debout derrière un bureau, un discours jusque là inconnu. Il ressemble cependant à l’ébauche de l’appel du 18 juin publiée par Philippe de Gaulle en 1988 dans le volume 12 des Lettres, notes et carnets. Par rapport à ce texte, il porte néanmoins la trace d’un polissage de forme ( huit modifications en une quinzaine de ligne s).
Il ressemble également à un passage du discours gaullien diffusé par la BBC le 2 juillet 1940.
La tendance générale des commentaires est de dater ce texte du 2 juillet ou d’une période immédiatement antérieure, et de rejeter résolument, pour l’ébauche, la date du 17 juin.
À cela j’objecte que dans ses discours des premières semaines, de Gaulle commence par indiquer où en sont les rapports entre le gouvernement Pétain et l’Allemagne, et qu’il le fait dans celui du 2 juillet. Le passage ressemblant au texte du film vient ensuite, suivi lui-même d’un développement sur les exemples historiques qui devraient détourner les dirigeants de Vichy de leur attitude et, dans le cas contraire, inciter les Français à leur désobéir.
Il serait curieux que de Gaulle prenne la peine d’enregistrer sur pellicule une esquisse très incomplète.
En revanche on peut (sous toutes réserves vu les lacunes de la documentation dévoilée à ce jour, en France comme en Angleterre) proposer une autre hypothèse : une ébauche de l’appel initial a pu être retravaillée quelques jours ou quelques semaines plus tard, et enregistrée dans un souci de propagande.
Ce texte va en effet droit au but, opposant la voie du Général et de ses « compagnons », qui serait celle de « l’honneur », à celle choisie par Pétain et son gouvernement, caractérisée par les mots d’abandon, de désespoir et de capitulation.
L’enjeu est d’importance : l’appel du 18 juin, dans sa version classique (connue, à une variante près ajoutée en août, par les journaux anglais du 19), ne comporte aucune critique directe de Pétain ; mieux, l’appel réellement prononcé, connu par une écoute suisse, prétend répétitivement que le maréchal cherche un armistice « dans l’honneur ». Or tout montre que de Gaulle voulait le frapper d’infamie dès le départ, et en a été empêché par une censure anglaise (dont l’épicentre était au Foreign Office de lord Halifax). C’est bien pour cela que le texte de l’appel, même amélioré par les journaux et poli jusqu’en août, va tendre pendant toute la guerre et, encore aujourd’hui sur les monuments de nos places, à être éclipsé par la fameuse affiche « à tous les Français », qui met en cause le gouvernement Pétain d’une façon radicale. Elle-même est apparue le 3 août 1940. Dans la même veine, on trouve un « appel du 19 jui n », incendiaire envers Pétain, et apparu, lui,... en 1941.
Ce film semble procéder d’un souci analogue : de Gaulle a pu envisager de faire diffuser cette séquence en la faisant passer pour son appel ou pour un résumé de celui-ci, datant de la même période. Puis y renoncer, soit de lui-même, soit dans une négociation avec les Britanniques. Car il y en a eu nécessairement une, pour convenir du texte de l’affiche et de sa diffusion en Angleterre.
Ainsi, cet enregistrement filmé, s’il a peu de chances d’être un galop d’essai pour le discours du 2 juillet, pourrait bien être une ébauche... de l’affiche « A tous les Français ».
Puisse le surgissement de cette bobine faire progresser l’exigence d’un dévoilement total, des deux côtés de la Manche, des documents permettant de reconstituer la genèse de l’épopée française libre !
Dans un éditorial mis en ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle et intitulé " Du 18 juin aux 18 juin ", Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC qui a rejoint DE GAULLE à Londres en 1941 et qui a recueilli les témoignages de témoins de juin 1940, explique la portée de l'Appel du 18 juin ou plus exactement la portée de « l'ensemble des appels du général de Gaulle de juin 1940 » :
[...] À franchement parler, je ne crois pas qu'aucun Français ( et certainement aucun Britannique ) ait soupçonné en 1940 que le 18 Juin allait devenir le 18 JUIN . De même, les Parisiens qui prirent la Bastille ne soupçonnaient pas que la journée allait devenir « le 14 Juillet ». Que l'appel, le 18 juin 1940, de ce général inconnu au nom prédestiné ait ému, qu'il ait suscité chez certains un souffle d'espoir dans l'effondrement général qu'il ait stimulé des énergies, assez de témoignages l'attestent. L'Appel apportait une lueur, il exprimait une volonté française que rien n'avait abattu, qui maintenait, par la voix d'un seul, une tradition nationale, qui faisait le lien avec toute notre histoire. Pour certains, dont je pourrais rappeler les noms, il a suscité une indéfectible reconnaissance, alors même qu'ils ne se faisaient pas la même « idée de la France » que le général de Gaulle. Mais, comme devant la plupart des grands événements historiques, bien rares durent être ceux qui en devinèrent la portée. Pierre Bourdan, le plus perspicace des correspondants français à Londres et qui allait être pendant quatre ans à la BBC le plus brillant commentateur de l'équipe " Les Français parlent aux Français ", fut, le 19 juin au matin, de ceux qui firent visite au général rebelle, dans son petit appartement de Seymour Grove. « J'éprouvais, a-t-il raconté, une curiosité intense et nerveuse, sensation d'ailleurs réconfortante après le désarroi moral de la veille, mais non pas ce qu'un écrivain romantique appelait le " frisson historique ", annonciateur des grands événements ou des grandes rencontres. »
Et de montrer que l'Appel du 18 Juin ( mieux vaudrait dire : « l'ensemble des appels du général de Gaulle de juin 1940 » ) aura été comme la pierre que lance un montagnard sur un névé : la surface neigeuse frémit à peine, et c'est ensuite, très lentement, qu'elle s'ébranle et glisse, en un mouvement qui lui-même s'étend et se propage jusqu'à entraîner un versant, jusqu'à provoquer une avalanche, tandis que le premier écho d'un faible choc devient un bruit assourdissant.
Le fait est que, si le 18 juin 1940 est devenu " le 18 JUIN ", ce ne fut pas du jour au lendemain. Combien de Français, même parmi les résistants précoces, même parmi les plus fervents gaullistes de France, connaissaient, quatre ans plus tard, au jour de leur libération, la date et le texte de l'Appel ? Du moins ont-ils su très tôt que de Gaulle avait été le premier à exprimer le refus et à le faire savoir, grâce au miracle de la radio, et qu'il avait été apparemment le seul, puisque la brutalité de la défaite avait tétanisé les masses et que le gouvernement du Maréchal avait contraint au silence les rares protestataires potentiels.
Le 18 juin 2009, à l'occasion de la Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi, le message de Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d'État à la Défense et aux anciens combattants, a pour la première fois fait clairement référence au « premier appel radiodiffusé » de Charles de GAULLE, enregistré à Savigny-sur-Ardres le 21 mai 1940 , dont il a cité quelques extraits :
Le 17 mai 1940, à la tête d'une division cuirassée formée en pleine bataille, le colonel de Gaulle démontrait la justesse des vues qu'il avait défendues depuis plusieurs années en obtenant un succès remarquable à Montcornet dans l'Aisne.
Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres, à la demande de l'État-major, Charles de Gaulle lançait depuis le champ de bataille son premier appel radiodiffusé : « L'ennemi a remporté sur nous un avantage initial... Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement... Nos succès de demain et notre victoire nous viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d'attaque... Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne. Grâce à cela , un jour, nous vaincrons sur toute la ligne » [...]
Philippe OULMONT
(sous la direction de)
Les 18 Juin.
Combats et commémorations
André Versaille éditeur, 2011
en collaboration avec la Fondation Charles de Gaulle
http://www.andreversailleediteur.com/index.php?livreid=809
Le dossier " 18 juin " en ligne
sur le site de la
Fondation et Institut Charles de Gaulle
Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC,
" Du 18 Juin aux 18 juin :
comment l'appel du 18 juin est devenu l'acte fondateur de la Résistance ".
François BÉDARIDA
" Sur la préhistoire du 18 juin "
François DEL¨PLA
" Les 10 jours qui ébranlèrent la France "
Eric BRANCA,
" Pédagogie du 18 juin ".
" La proposition d'inscription au Programme « Mémoire du Monde » de l'UNESCO "
sur le site du ministère des Affaires étrangères
François DELPLA
" 18 juin : la vérité qui progresse et les obstacles qui subsistent "
éditorial daté du 10 juin 2010
" Dossier fallacieux sur l’appel du 18 juin : les points sur les i ! "
éditorial daté du 25 avril 2009
L'Appel du 18 juin 1940
Paris, Grasset, 2000
" Les énigmes de l'Appel du 18 juin "
" L'Appel, un moment fondateur "
interview publiée dans L'Alsace, 18 juin 2000
Le 70e anniversaire de l'Appel du 18 juin
18 juin 1940 - 18 juin 2010
18 juin
Sur France 3 Lorraine-Champagne-Ardenne
en direct du Mémorial Charles de Gaulle
de Colombey-les-deux-églises
70e anniversaire de l'Appel du 18 juin
Ce film est une révélation
2 juillet 1940, la première apparition filmée du général de Gaulle depuis son arrivée à Londres
sur le site de l'ECPA
Le cinéma de l'Appel
sur le site de l'ECPAD
19 juin et 8 juillet sur Arte
Des Français libres se souviennent
Débat animé par Régis Debray
À partir du 18 juin
au Mémorial Charles de Gaulle
de Colombey-les-deux-églises
Exposition
« Ici Londres… Dans les coulisses de la BBC »
Reconstitution du siège du studio du 4e étage de Bush House,
siège de la BBC en 1940,oùl le général de Gaulle a lancé son Appel à la Résistance
14, 18 et 19 juin 2010
sur la chaîne Public-Sénat
Gaullisme année zéro, la véritable histoire du 18 juin 1940
Documentaire de de Hugues Nancy
8 juin sur France 2 à 20 heures 35
L'Appel du 18 juin
Téléfilm de Félix Plivier, 85 minutes
Juin sur la chaîne LCP
Transversale - De Gaulle autrement
Juin sur la chaîne Histoire
Spéciale 18 juin - Histoire répond à l'Appel
Sur le site France Télévisions
L'Appel du 18 juin 1940 - La R ésistance - La Seconde Guerre mondiale
Sur le site Curiosphère.fr de France 5
Résistance
Sur le site du Scérén-CNDP
Pour mémoire - L'Appel du 18 juin 1940
Sur le site Éducasources
L'Appel du 18 juin 1940
Des ressources en ligne pour enseigner des métadonnées à partager
Sur le site du CRDP de l'Académie de Créteil
L'Appel du 18 juin du général de Gaulle et son impact jusqu'en 1945
Témoignages vidéos
Jean-Louis Crémieux-Brilhac
Raymond Aubrac
Yves Guéna
Stéphane Hessel
François-René Cristiani-Fassin,
" Pour combattre avec de Gaulle "
par Jean-Louis Crémieux-Brilhac
Pourquoi est-il important de témoigner ?
Peut-on regretter de s'être engagé ?
La véritable histoire du 18 juin 1940
sur le site de l'INA
Le site officiel du 70e anniversaire
22 et 23 juin 2010
" Les 18 juin, combats et commémorations "
Colloque international organisé les par la Fondation Charles de Gaulle
à l'Assemblée nationale - Salle Victor Hugo
Trésors d'archives
Exposition virtuelle de 70 grands documents autour du 18 juin
Gaullisme année zéro, la véritable histoire du 18 juin 1940
Documentaire de Hugues Nancy
" 18 juin 1940 : l’Appel à la Résistance du général de Gaulle "
Kit d'exposition pédagogiqu destiné aux scolaires du second degré
Le Général et la France libre
sur iPhone et iPad
De Gaulle, le 18 juin et moi
La Seconde Guerre mondiale en Normandie
70e anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940
France 3 Normandie - INA - Mémorial de Caen
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