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Des Croix de feu au Rassemblement du peuple français,
en passant
par le Parti social français
et le Front national de lutte pour l'indépendance de la France
Henri
CHOISNEL, adhérent
des Croix de feu depuis
le début
des années 1930, participe
avec le groupe rémois de ce mouvement à la manifestation du
6 février 1934 à
Paris.
Candidat
de l'Alliance républicaine,
il se présente pour la première fois aux élections
cantonales d'octobre 1934 dans
le 3ème canton de Reims où il est battu par le radical-socialiste Clovis
CHÉZEL.
Aux
élections municipales de
1935, il fait partie des trois membres des ligues
admis sur la liste d'« Union républicaine
pour la défense des intérêts rémois » conduite
par Paul
MARCHANDEAU,
qui est entièrement élue.
Le
19 août 1936,
il préside à Reims, dans la Salle des fêtes de la rue Gambetta, une
réunion du Parti social français ( PSF ) qui
rassemble 3 000 personnes, tandis qu'une centaine de militants communistes
tentent d'empêcher la tenue de cette réunion.
Après
l'évacuation de Reims décidée le 19 mai 1940
par Paul
Marchandeau qui
avait fermé sa mairie le 20,
Henri CHOISNEL
s'installe
avec quelques élus à la sous-préfecture qu'il ne quitte que
le 9 juin à la veille de l'entrée des Allemands dans la ville.
Revenu
à Reims après l'exode, il reprend son activité de représentant
de commerce qui
le conduit dans le Nord de la France et même en Belgique, où
il récupère des aviateurs alliés abattus et
les ramène dans sa voiture chez Léon
HABRAN propriétaire
du café Au Lion de Belfort,
Place d'Erlon à Reims, où ils sont pris en charge par un réseau d'évasion.
Arrêté
en 1942 à la suite d'une dénonciation, Léon
HABRANa
été déporté en mai
1943 ; il est mort au camp de Dora, en
mars 1945.
Proposé
« en deuxième ligne » comme conseiller
municipal susceptible d'être maintenu
à son poste par Paul
MARCHANDEAU et
le préfet
BOUSQUET,
au début de 1941, Henri
CHOISNEL n'est finalement pas confirmé
par le gouvernement de Vichy dans cette fonction.
Il
cesse de siéger au conseil municipal avant même que cette décision lui
soit notifiée.
En septembre 1941,
son fils Pierre CHOISNEL, âgé de
20 ans, impliqué à la suite d'une dénonciation, dans l'Affaire
du drapeau de la Fontaine Subé,
est condamné à deux mois de prison par un tribunal militaire allemand.
Dans la nuit du 19 au 20 août 1941,
un drapeau français frappé d'une croix de Lorraine, avait été hissé
par un groupe de jeunes en haut de cette fontaine située au centre de
Reims. Pierre CHOISNEL, qui avait
créé en 1938 le Club
des Gais Lurons et chez qui la police avait découvert des
photographies du général de Gaulle,
avait revendiqué devant le tribunal allemand l'initiative de
cette opération.
Au
printemps 1943,
Henri CHOISNEL
et
sa femme sont arrêtés par les Allemands
et emprisonnés à la prison de Châlons-sur-Marne, à la suite de la découverte
d'un dépôt d'armes dans
les ruines d'un immeuble dont ils étaient propriétaires avant la guerre.
Leur
fils Pierre
qui, après avoir effectué sa peine de prison, était passé clandestinement
en zone sud pour
échapper au STO en
février 1943,
se présente spontanément à la police comme l'auteur de ce dépôt d'armes
afin de disculper ses parents.
Il
est interné au camp de Compiègne, puis déporté
à Buchenwald en décembre 1943.
Libéré
de prison, Henri
CHOISNEL adhère
à l'été 1943 au Front national
de lutte pour l'indépendance de la France,
où il retrouve un autre membre du PSF, Georges
DOMPMARTIN,
organisateur du Front national dans la Marne avant l'arrivée du communiste
Michel
SICRE.
Devenu
" Georges
Grant " dans
la résistance, il est nommé responsable local du NAP ( Noyautage
des administrations publiques ).
Épargné
par la vague d'arrestations qui décime la résistance rémoise en
décembre 1943 et en janvier 1944,
il se cache chez Lucien
BARBIER,
viticulteur de la Montagne de Reims, après avoir échappé de peu à la
Gestapo venue pour l'arrêter le 13 juin 1944.
Au
lendemain de la libération de Reims, il est désigné par le Comité local
de libération de Reims pour siéger à la délégation municipale
provisoire présidée
par le docteur
BILLARD,
autre membre du Front national venu du PSF, et devient maire-adjoint.
Membre
du comité directeur de la section marnaise du Front national,
il signe un article intitulé « Unité
pour la reconstruction de la France »
dans le journal de ce mouvement, Les Fils de Valmy,
daté du 25 novembre 1944, dans lequel
il déclare : « La
Révolution est en marche. La Classe Ouvrière accède à la majorité, la
République du Travail va s'instaurer. La Civilisation bourgeoise s'en
trouvera certainement et profondément modifiée ».
Le
9 décembre 1944,
il participe à une réunion des anciens dirigeants
du PSF de Reims, qui appellent à l'unanimité les membres
du PSF marnais à adhérer au Front national.
À
partir de novembre 1944,
Henri
CHOISNEL siège à l'Assemblée
consultative provisoire dans
le collège de la résistance métropolitaine, au titre du Front national.
Il
est membre de la Commission de la Justice et de l'Épuration,
ainsi que de la Commission de l'Agriculture et du Ravitaillement.
De
décembre 1944 à décembre 1945,
il siège également à la Commission d'instruction près
la Haute Cour de Justice,
en tant que membre non magistrat.
Devenu
membre du Comité directeur national du Front national,
c'est à ce titre qu'il prend la parole au congrès départemental
de ce mouvement
réuni à Reims à la fin du mois de décembre 1944,
afin d'y exposer le travail de l'Assemblée consultative.
Dès
janvier 1945,
dans un article des Fils de Valmy,
il appelle à l'union et à la constitution
de listes communes sur la base du
programme du Conseil national de la résistance, pour préparer les élections
municipales et cantonales du printemps et de
l'automne 1945.
Un
peu plus tard, dans ce même journal et sous le titre «
6 février 1934 - 11 février 1945 »,
il répond à Jacques
DEBÜ-BRIDELqui
avait publié un article sur le 6 février 1934
dans la revue Front National.
Il
y expose comment il a lui-même participé en toute bonne foi à la manifestation
de la Place de la Concorde à Paris : «
Avec des dizaines de milliers d'honnêtes gens nous participâmes, à notre
insu, ainsi qu'il apparaît clairement maintenant, à une tentative de
coup de force contre la République ».
Et
d'ajouter : « Onze
années se sont écoulées. Onze années qui ont éclairci bien des choses
[...] Des centaines d'anciens Croix de feu ont rejoint les rangs de
notre Front national. Incarnation de l'unité profonde du peuple de France.
Unité précieuse et sacrée pour la victoire et le redressement de la
Patrie ».
Il
signe ses articles en tant que délégué du Front national à
l'Assemblée consultative.
C'est
aussi à cette époque qu'il dépose avec plusieurs de ses collègues délégués
sur le bureau de l'Assemblée consultative, la proposition
de résolution n° 311 relative à l'indignité nationale.
Le
25 mars 1945, au cours d'un meeting à Reims, il évoque « la
lutte du Front national dès mai 1941 contre l'occupant, par des hommes
politiques de toutes tendances politiques ».
Compte
tenu de ses responsabilités à l'échelon national au sein de l'Assemblée
consultative et du Comité directeur du Front national, qui le retiennent
le plus souvent à Paris, Henri
CHOISNEL ne
figure pas sur la liste conduite par Michel
SICRE,
qui remporte les élections municipales provisoires
à Reims, en
avril-mai 1945.
C'est en tant que membre de de la Commission d'instruction
près la Haute Cour de Justice, qu'il est chargé d'enquêter sur les
conditions d'hébergement de Pétain incarcéré au fort de Montrouge.
En
juin 1945,
il dépose la proposition de résolution n° 489 qui
invite le gouvernement à faire procéder le plus vite possible au procès
de Pétain et
à prendre les mesures nécessaires pour donner à ce procès la plus large
audience.
Une
fois acquise la victoire sur l'Allemagne nazie, le compagnonnage
d'Henri
CHOISNEL avec
les communistes marnais est
bientôt mis à l'épreuve des vicissitudes de la politique politicienne
et du retour en force des partis d'avant-guerre, remis en selle à l'issue
des scrutins de
1945-1946, tandis que se manifestent
les prémices de la guerre froide.
Il prend progressivement ses distances avec le
Front national.
En
septembre 1945,
il donne sa démission du comité directeur du Front national
qui appelait
à voter « oui-non »
au
référendum sur les institutions , en même temps que François
MAURIAC, Max
ANDRÉ, Louis
MARTIN-CHAUFFIER,
Jacques DEBÜ-BRIDEL, Louis
BERGERON,
le père
PHILIPPE et
monseigneur
CHEVROT.
Le
Parti communiste et le Front national appelaient à voter « oui »
à
la première question : « Voulez-vous
que l'Assemblée élue ce jour soit une assemblée constituante ? »,
et
« non »
à la deuxième
question : « Approuvez-vous
l'organisation provisoire des pouvoirs publics indiqués dans le projet
qui vous est soumis ? ».
Le
général de GAULLE, chef du gouvernement
provisoire, appelait quant à lui à voter « oui-oui »,
c'est-à-dire à rejeter le retour aux institutions de la Troisième République,
tout en acceptant que les pouvoirs de l'Assemblée
constituante soient limités, contrairement à ce que voulaient
les communistes.
En
mars 1946,
Henri CHOISNEL
rallie Ceux de la Résistance,
un mouvement avec lequel il avait vraisemblablement pris contact pendant
la guerre avant d'adhérer au Front national.
En
juillet 1947,
il
adhère au
Rassemblement du peuple français ( RPF ),
créé
par le général
de GAULLE.
C'est
à ce titre qu'il est élu conseiller municipal et adjoint
au maire Albert
RÉVILLE, aux
côtés d'André
THIÉNOT,
autre adjoint RPF.
Tous
les trois avaient siégé ensemble avant-guerre
dans la municipalité dirigée par Paul
MARCHANDEAU,
mais seuls Albert
RÉVILLE et
André
THIÉNOT avaient
été confirmés et maintenus dans cette fonction par le gouvernement de
Vichy, tandis qu'Henri
CHOISNEL s'était
engagé dans la résistance aux côtés des communistes.
En 2007, son petit-fils Emmanuel CHOISNEL, polytechnicien passionné d'histoire, a publié aux éditions de L'Harmattan L'Assemblée consultative provisoire ( 1943 - 1945 ). Le sursaut républicain.
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=24267
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