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Origines du projet
L’Association pour des Études sur la Résistance Intérieure (AERI), créée par d’anciens résistants, a pris l’initiative de réaliser des cédéroms ou dévédéroms sur la Résistance dans les régions ou départements français de 1939 à 1945, en s’appuyant sur un réseau de chercheurs locaux, qu’elle anime et coordonne.
Depuis janvier 2012, c’est au sein de la Fondation de la Résistance, que le « département AERI » poursuit cette mission.
Des équipes composées d’enseignants, de documentalistes, d’archivistes, de résistants, d’étudiants, ont réuni des ressources bibliographiques et documentaires, récolté des témoignages, consulté des archives publiques et privées, afin d’établir un corpus qui répond à quatre objectifs :
- Rassembler sur un même support les documents et les connaissances concernant l'histoire de la Résistance locale ;
- Sauvegarder et transmettre aux jeunes gébérations le patrimoine de la mémoire résistante ;
- Apporter une contribution à l'histoire de la Résistance ;
- Rappeler les valeurs pour lesquelles les résisants ont combattu.
Ces cédéroms ou dévédéroms s’inscrivent dans un cadre local répondant ainsi aux vœux des fondateurs de l’Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), aujourd’hui « département AERI » (Fondation de la Résistance).
Nous avons essayé de ne négliger aucun espace géographique et de travailler avec le maximum de sources réalisant une étude la plus complète possible sur cette période clandestine.
Ce travail a été réalisé afin de transmettre les Valeurs de la Résistance à toutes les générations.
Département AERI-Fondation de la Résistance
Le dévédérom consacré à la Résistance dans la Marne est le résultat d'un long travail de recherche initié dès les années 1960 par le correspondant départemental du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, André AUBERT, déporté-résistant à Dachau, puis par Jean-Pierre HUSSON qui lui a succédé en 1974. Il s'appuie sur les enquêtes départementales réalisées dans le cadre de ce comité puis de l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP-CNRS), et sur plusieurs travaux universitaires :
- le mémoire de maîtrise de Martine SOTÉRAS-POULET soutenu en 1973 : La Résistance dans la Marne ( 1940-1944 ), texte dactylographié, Université de Reims, 1973 ;
- la thèse de doctorat dde Jean-Pierre HUSSON soutenue en 1993 : La Marne et les Marnais à l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale, 2 tomes, Presses universitaires de Reim Champagne-Ardenne s, 1995, ouvrage réédité en 1998 ;
- le mémoire de DEA de Jocelyne HUSSON soutenu en 1993 : La Déportation des Juifs de la Marne 1942-1944, Presses universitaires de Reims, 1999 ; ouvrage réédité en 2001 ;
- les contributions présentées par Jean-Pierre HUSSON dans plusieurs colloques (Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, Institut d'histoire du temps présent (CNRS), Université de Reims Champagne-Ardenne, Institut historique allemand-Université Paris Sorbonne).
Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Les acquis de la recherche universitaire ont été complétés par le dépouillement et le croisement de sources multiples, publiques et privées : archives nationales, départementales et municipales, archives du service départemental de l'ONACVG, archives d'associations, archives familiales, presse, témoignages écrits et oraux.
Ils ont été aussi enrichis par un inventaire des inscriptions des mémoriaux, monuments aux morts, stèles, plaques commémoratives, plaques de rue, et par les collections de plusieurs musées : Musée de la Résistance dans l'arrondissement d'Épernay au Château de Montmort, Centre de mémoire et Maison du combattant à Châlons-en-Champagne, Musée de la Reddition et Musée de la Base 112 à Reims, Musée de l'aviation de Condé-Vraux.
Centrée initialement sur l'histoire de la Résistance dans la Marne, la recherche s'est étendue à l'action clandestine longtemps ignorée ou méconnue des Marnais en dehors de la Marne.
Porté par le CRDP de Champagne-Ardenne et le Département AERI de de la Fondation de la Résistance, ce travail de mémoire et d'histoire a reçu le soutien du service départemental de l'ONACVG et des associations d'anciens résistants et déportés qui nous ont ouvert leurs archives
Il intègre les contributions d'Hervé CHABAUD, éditorialiste à L'Union de Reims, d'Élisabeth YVERNEAU-GLASSER, professeure d'histoire, et de Céline BIAVA, assistante-mémoire de l'ONACVG-SD51.
Elisabeth Yverneau -Glasser, Céline Biava et Hervé Chabaud
Il aboutit à un bilan, destiné à tous les publics, de l’histoire de la Résistance et plus généralement de la Seconde Guerre mondiale dans la Marne, étudiée dans sa diversité et dans sa complexité.
Les auteurs : Jocelyne et Jean-Pierre HUSSON
Descriptif
Véritable base d’informations sur la Résistance dans la Marne, ce dévédérom est un formidable outil de référence pour découvrir et comprendre l’histoire de la Résistance dans sa diversité et sa complexité, replacée dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, de l’acceptation par le régime de Vichy de la défaite de mai-juin 1940, de l’occupation allemande, et de la libération du département par les troupes américaines fin août 1944.
Vous y trouverez :
- Près de 2 000 fiches biographiques et thématiques
- une chronologie détaillée recensant plus de 2 000 événements
- un fonds exceptionnel de plus de 3 000 photographies
- de nombreux documents d'archives, tracts, affiches, journaux clandestins
- des témoignages
- des croquis et des dessins
- des cartes de localisation
- des clips vidéos
- un inventaire des lieux de mémoire par commune
- un glossaire
- plus de 1 000 sources recensées et classées
Arborescence
Menu thématique
I. Aspects de la Résistance
Les organisations de résistance
- L’engagement dans les organisations de résistance
- Les mouvements et groupes armés de résistance
- Les réseaux
- Les difficultés des organisations de résistance
- Les maquis
L’action résistante
- Chronologie de l'action résistante
- Résistance civile et résistance armée
- Propagande et journaux clandestins
- L'implication de la Résistance marnaise dans les opérations aériennes
- Le bilan de l’action de la résistance marnaise
La Libération
- Les préparatifs de la Libération
- Les journées libératrices
- La célébration de la Libération
L’Après-Libération
- La renaissance de la vie politique
- Le rôle de la résistance dans la poursuite de la guerre
- La presse après la Libération
- L’épuration
- Le procès de René Bousquet
- La victoire alliée
- La Marne et les Marnais au lendemain de la victoire
- L’immédiat après-guerre
Sociologie de la Résistance
- Les Marnaises dans la Résistance
- Résistance et catégories socioprofessionnelles
- Les ecclésiastiques dans la Résistance
La mémoire de la Seconde Guerre mondiale
- La mémoire de l'« appel avant l'Appel » du colonel de Gaulle à Savigny
- La mémoire du 7 mai 1945
- La mémoire des résistants et des déportés
- La mémoire des Alliés
- Le statut de résistant : un enjeu de mémoire depuis 1945
- Les acteurs de la mémoire
II. La Résistance dans son environnement
Les relations avec l’extérieur
- Les réseaux de Londres
- Les opérations aériennes
L’occupation allemande
- La Marne occupée
- Le poids de l'occupation allemande sur l'économie marnaise
Le régime de Vichy
- Le « proconsulat » du préfet Bousquet dans la Marne de 1940 à 1942
- La réorganisation administrative
- La réorganisation économique
La collaboration
- La collaboration militaire et policière
- Le collaborationnisme politique
- La collaboration économique
- La collaboration au quotidien
La répression et la souffrance
- Les arrestations
- Fusillés, exécutés, morts au combat
- La déportation
- Le bilan de la souffrance dans la Marne
La persécution des juifs
- La persécution administrative
- Les arrestations de juifs dans la Marne
- La déportation des juifs marnais
La vie quotidienne
- L'épreuve de la guerre
- Vivre sous contrôle allemand
Bases de données
Personnes
Lieux de mémoire
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Introduction
La Marne en 1939
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la Marne était un département encore traumatisé par la saignée de 14-18 dont le souvenir était entretenu par la présence de très nombreux cimetières militaires et les longues listes sur les monuments aux morts. La population n'avait pas encore retrouvé son niveau de 1914, la reconstruction n'était pas achevée, l'industrie lainière était en plein déclin, la crise de l'agriculture et de la viticulture affectait durement ce territoire à dominante rurale.
La vie politique était dominée par le parti radical et la forte personnalité de Paul Marchandeau, tenant d'un néo-radicalisme qui déclarait ne pas avoir d'ennemi à droite. La signature des accords de Munich en septembre 1938 a amplifié l'impact du pacifisme intégral qui n'a épargné ni la droite ni la gauche, à l'exception du Parti communiste très faiblement implanté dans le département.
En septembre 1939, comme la majorité des Français, les Marnais sont entrés dans la guerre à reculons, tandis que la répression s'abattait sur les responsables et les militants du Parti communiste au lendemain de la signature du pacte germano-soviétique d'août 1939.
La défaite de mai-juin 1940, l'occupation allemande et l'instauration du régime de Vichy
En mai 1940, le département a été traversé par les civils belges, néerlandais, luxembourgeois, ardennais qui fuyaient les zones de combat, avant d'être à son tour évacué, puis envahi par la Wehrmacht à la mi-juin. Les pertes humaines et les destructions liées aux bombardements aériens et aux combats y ont été relativement peu importantes sauf à Vitry-le-François, ville évacuée et détruite à 80 %.
Le 10 juillet 1940 à Vichy, la quasi-totalité des parlementaires marnais ont voté la déchéance de la IIIe République et les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Au retour de l'exode, les Marnais ont découvert un département où l'occupant allemand s'était installé en force et y disposait d'un Sonderführer du champagne, Otto Klaebisch, chargé d'approvisionner en champagne les dignitaires nazis et les officiers de la Wehrmacht.
Les difficultés de la Résistance marnaise : une implantation difficile, lente et tardive
Au début de l'Occupation, la Résistance a eu les plus grandes difficultés à s'organiser et à s'implanter. L'environnement n'était guère favorable. Les voies de communication du département situé en zone occupée, au contact de la zone interdite, sur l'axe reliant Paris à l'Allemagne, étaient placées sous une étroite surveillance militaire et policière. Une partie de l'Argonne marnaise était intégrée à la zone réservée. La presse était interdite ou placée sous le contrôle de la censure allemande. Le département était soumis à de lourdes réquisitions.
Néanmoins, beaucoup de Marnais considéraient alors la défaite et la présence allemande comme un moindre mal par rapport au passé insupportable de 14-18. La majorité des élus d'avant-guerre, des organisations professionnelles et des notables ont apporté leur soutien au maréchal Pétain et à la Révolution nationale que le zélé préfet de Vichy, René Bousquet, était chargé de mettre en œuvre dans le département.
La répression des « menées antinationales » par la police aux ordres du gouvernement de Vichy s'amplifiait visant les communistes, les francs-maçons, les gaullistes. La police allemande traquait les « terroristes ». Les partis collaborationnistes recrutaient, développaient une propagande insidieuse, exerçaient une surveillance vigilante et n'hésitaient pas à recourir à la délation.
La politique raciale d’exclusion et d’extermination des juifs était mise en œuvre par les nazis avec la complicité et l’aide efficace de l’administration française aux ordres du gouvernement de Vichy.
Jusqu'en 1942, le combat clandestin a relevé le plus souvent d'initiatives ponctuelles, menées par des résistants isolés et des petits groupes qui privilégiaient le renseignement, la propagande (tracts, presse clandestine) et l'aide aux prisonniers évadés.
Jusqu'en 1943 et parfois au-delà, pour un certain nombre de résistants marnais que nous appelons aujourd'hui des « vichysto-résistants », le combat clandestin contre l'occupant n'était pas incompatible avec l'attachement à Pétain, le « vainqueur de Verdun », ni avec l'adhésion aux valeurs de la Révolution nationale. Plusieurs d'entre eux ont longtemps cru au mythe d'un double-jeu conduit par un Vichy protecteur face à l'occupant, mythe auquel l'habile préfet Bousquet était parvenu à donner du crédit, mais qui s'est révélé totalement illusoire.
Les organisations de Résistance et les réseaux
Les quatre principaux mouvements de Résistance intérieure recensés dans la Marne étaient Ceux de la Résistance (CDLR), Ceux de la Libération (CDLL), le Front national de lutte pour l'indépendance de la France et Libération-Nord. Au sein de ces mouvements sont nés des groupes armés de FFI et de FTPF qui se sont renforcés et structurés après le débarquement allié de juin 1944. D'autres organisations de résistance, le Groupe Bleu et Jonquille et le Groupe Melpomène, qui n'étaient rattachées à aucun mouvement, se sont implantées dans le secteur de Châlons-sur-Marne.
L'activité résistante au service des réseaux de renseignements, d'évasion, d'action liés au SOE britannique ou à la France libre (BOA, Brutus-Nord, Confrérie Notre-Dame, Éleuthère, F2, Hector, Jade-Fitzroy, Juggler-Robin, SR-Kléber, Possum, Résistance-Fer, Shelburn) a été mal reconnue après la guerre et longtemps sous-estimée. Des Marnais ont cependant participé à l'activité de ces réseaux, parfois sans y appartenir et sans même en connaître le nom, en acceptant par exemple d'héberger, de ravitailler, de convoyer des aviateurs alliés.
La recherche de terrains de parachutage, la mise en place d'équipes de réception au sol, l'organisation du transport et des caches d'armes ont constitué l'activité qui a sans doute mobilisé le plus grand nombre de résistants. Une centaine de terrains ont été homologués par la RAF dans le département, où une cinquantaine de parachutages d'armes réussis ont été effectués surtout au cours de l'été 1943 et du printemps 1944.
L'histoire des réseaux dans la Marne a connu des épisodes tragiques liés au manque de cloisonnement et surtout à la traque menée par la Gestapo qui a abouti aux arrestations massives de fin 1943-début 1944.
L'unification de la Résistance et son rôle dans la libération du département
C'est au printemps 1943 qu'a été créé à Reims un Comité départemental de coordination des mouvements de résistance, embryon du Comité départemental de libération nationale présidé par Michel Sicre, responsable du Front national de lutte pour l'indépendance de la France, constitué un an plus tard au printemps 1944. C'est aussi au printemps 1944 que le commandement des FFI a été confié à Pierre Bouchez de CDLR, que Marcel Grégoire-Guiselin de Libération-Nord a été désigné comme commissaire régional de la République, et que se sont mis en place les plans Vert, Violet, Paul déclenchés au moment du débarquement allié de juin 1944.
Les sabotages se sont intensifiés et les groupes FFI-FTPF ont vu leurs effectifs augmenter. Dans le département de la Marne peu propice à l'implantation de groupes armés, quelques maquis se sont organisés dans l'arrondissement FFI d'Épernay dirigé par Pierre Servagnat (Trécon, Montmort), en Argonne dans le secteur de Sainte-Ménehould (Paulus) et dans la Forêt de Trois-Fontaines, dans le secteur de Vitry-le-François (Blacy, Chênes), et à Champlat près de Reims.
Cependant, la Marne n'a pas vécu de période véritablement insurrectionnelle comme en ont connue d'autres départements où la Résistance et les maquis étaient solidement installés. La plupart des organisations étaient d'ailleurs hostiles à une insurrection populaire qui n'aurait profité, selon elles, qu'au Parti communiste.
En raison de la rapidité avec laquelle les troupes américaines ont libéré le département dans les derniers jours du mois d'août 1944, le rôle de la résistance marnaise à la veille et au cours des journées libératrices n'a finalement été qu'un rôle d'appoint et d'accompagnement : multiplication des journaux (L'Union, Les Fils de Valmy) et des tracts clandestins, harcèlement des unités allemandes battant en retraite, guidage des troupes alliées, contrôle du territoire libéré, mise en place de comités locaux de libération, recherche et arrestation des collaborateurs. Les exécutions sommaires de collaborateurs ont été peu nombreuses, mais le département n'a pas échappé aux tontes vengeresses qui ont frappé des femmes accusées ou soupçonnées d'avoir eu des relations avec des soldats allemands.
De la Libération à la Victoire
Dès le 30 août 1944, deux appels conjoints signés respectivement par le commissaire régional de la République Marcel Grégoire-Guiselin, et par le président du CDLN, Michel Sicre, ont annoncé la déchéance du régime du maréchal Pétain et le rétablissement de la République française. Dans tout le département la Libération a été célébrée avec ferveur patriotique par des défilés et des rassemblements devant les mairies et les monuments aux morts.
La mise en place d'une nouvelle administration s'est effectuée rapidement avec l'installation d'un préfet et de sous-préfets issus des rangs de la Résistance. L'épuration des faits de collaboration a été placée dans un cadre légal avec l'installation d'un Tribunal militaire, d'une Cour de Justice et d'une Chambre civique.
Des tensions ont opposé le président du CDLN qui, en s'appuyant sur les comités locaux de libération, réclamait la dissolution immédiate des conseils municipaux nommés ou maintenus par Vichy, et le commissaire régional représentant du gouvernement provisoire, qui s'est efforcé de limiter le nombre des délégations municipales.
Au cours de l'automne 1944, les jeunes FFI et FTP marnais ont été appelés dans le cadre de l'amalgame, à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie aux côtés des Alliés et de la 1ère Armée française, en s'engageant dans le 106e Régiment d'infanterie reconstitué, bientôt rejoints par d'autres Marnais qui n'avaient pas participé à la Résistance.
Les élections municipales provisoires d'avril-mai 1945 ont été marquées par un glissement à gauche observé principalement dans les villes et qui a profité surtout au Parti communiste avec l'élection à Reims de Michel Sicre. Ces élections n'ont cependant pas entraîné de bouleversement et révélaient une grande stabilité dans les communes rurales qui laissait présager un retour rapide à la normale.
Le 7 mai 1945, la capitulation de l'Allemagne nazie qui a mis fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe a été signée à Reims où s'était installé le Quartier général du Corps expéditionnaire allié placé sous le commandement du général Eisenhower. La victoire a été célébrée à Reims le 9 mai 1945 par un grand défilé militaire et patriotique.
Dans l'immédiat après-guerre, la population est restée confrontée à la pénurie, aux restrictions, au marché noir, et les rapports avec les troupes alliées, euphoriques au lendemain de la Libération, se sont progressivement dégradés.
L'épuration jugée trop laxiste par les uns, trop sévère par les autres, a donné lieu au lendemain de la Libération à de nombreuses controverses. La bienveillance manifestée à l'égard de notables comme Paul Marchandeau, PDG de L'Éclaireur de l'Est ou Melchior de Polignac, président d'honneur du Groupe Collaboration, a accrédité l'idée qu'elle était compréhensive voire complaisante à l'égard des puissants, et sans pitié pour les humbles. Puis le silence et l'oubli se sont installés, et l'acquittement par la Haute Cour de Justice en 1949 de René Bousquet, ancien préfet de la Marne puis secrétaire général à la Police, qui avait sollicité en sa faveur dès 1945 les témoignages de nombreux notables marnais, est passée presqu'inaperçue dans la Marne.
La joie du retour des prisonniers et des déportés, un retour pas toujours bien préparé, s'est teintée d'un mélange d'amertume et d'incompréhension. Les survivants des camps ne comprenaient pas la place faite dans les instances de la Résistance par leurs camarades qui avaient eu la chance d'échapper à la répression, à des résistants de la dernière heure, et ils considéraient que l'épuration restait à faire.
Le ciment de la lutte contre l'Allemagne nazie qui avait permis de préserver la cohésion de la Résistance a commencé à s'effriter. La solidarité qui unissait les résistants venus d'horizons sociologiques, politiques et philosophiques très divers s'est estompée. Les clivages et les rivalités d'avant-guerre ont resurgi, exacerbés par la bataille pour le contrôle de la presse issue de la Résistance. L'Union, journal né dans la clandestinité et expression des différentes composantes de la Résistance marnaise, est parvenu à s'imposer et a conservé cette spécificité jusqu'en 1983.
Les scrutins d'après-guerre ont été caractérisés à la fois par l'installation durable du Parti communiste dans le paysage politique marnais, l'émergence de forces nouvelles (MRP, puis RPF) revendiquant plus ou moins ouvertement l'héritage de la Résistance, et par une sorte de retour à la normale, avec la renaissance des partis politiques traditionnels, le retour des notables, l'effacement des résistants.
Le bilan de la souffrance
Dans la Marne, où les morts de 14-18 avaient été presque exclusivement des militaires, morts au combat ou des suites de leurs blessures, les morts de la Seconde Guerre mondiale ont été surtout des civils, mitraillés sur les routes de l'exode au printemps de 1940, victimes des bombardements de 1943-1944, résistants, politiques, juifs, otages, fusillés, exécutés ou morts dans les camps de concentration et d'extermination.
Dans les années 1960, l'enquête menée par le Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale avait recensé pour la Marne 115 « fusillés ou massacrés » dont 49 résistants fusillés après avoir été condamnés par un tribunal militaire allemand, 108 « FFI morts au combat », 829 déportés dont 155 « déportés raciaux », 360 « internés », 1 494 victimes civiles et 3 894 immeubles entièrement détruits.
À la lumière des recherches effectuées depuis, cette enquête doit être sensiblement réévaluée en particulier en ce qui concerne le bilan de la déportation.
Au total, 1 194 déportés ont été recensés dans le cédérom :
- 590 « résistants déportés » dont 78 femmes ;
- 231 « déportés politiques » dont 11 femmes, catégorie qui englobe une quarantaine de STO et de prisonniers de guerre arrêtés en Allemagne et envoyés en camp de concentration ;
- 345 « déportés raciaux », tous juifs : 260 adultes dont 134 hommes et 126 femmes, 85 enfants âgés de moins de 18 ans en 1940, dont 35 garçons et 50 filles ; ce nombre de 345 inclut des déportés juifs non-marnais dont les familles marnaises ont voulu honorer la mémoire ; les 316 déportés juifs marnais représentaient près d'un tiers des juifs qui résidaient dans la Marne en 1939 ; onze seulement ont survécu à la Shoah ;
- 28 déportés comme « otages ».
Il convient aussi de prendre en compte les Marnais qui ont participé à la Résistance dans d'autres départements, en particulier les jeunes réfractaires au STO qui ont trouvé refuge dans les maquis de l'Aube, du Jura, de Savoie, du Massif Central, de l'Ardèche et du Sud-Ouest, qui sont morts au combat, qui ont été fusillés, exécutés ou déportés.
Quant au bilan des destructions matérielles provoquées essentiellement par les bombardements alliés qui ont surtout frappé les villes, en particulier Vitry-le-François, Châlons et Reims, il est sans commune mesure avec celui qui avait été dressé après la Première Guerre mondiale.
La mémoire
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le statut de résistant a suscité des débats et de vives polémiques, régulièrement ravivées, aujourd'hui heureusement apaisées, mais l'histoire de ce conflit représente toujours un enjeu de mémoire qui se focalise sur les commémorations liées au souvenir de la victoire alliée, de la résistance et de la déportation.
Dans de nombreuses communes marnaises, mais aussi dans d'autres départements, la « mémoire de la pierre » inscrite sur les mémoriaux, les monuments aux morts, les stèles et les plaques commémoratives, perpétue le souvenir des résistants et déportés marnais.
Jocelyne et Jean-Pierre Husson
Extrait vidéo
Le témoignage d'Yvette Lundy
Le dossier de presse
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Présentation du dévédérom
à Châlons-en-Champagne le 30 janvier 2013
Le monument aux martyrs de la Résistance de Châlons-en-Champagne
Le dévédérom La Résistance dans la Marne a été présenté officiellement le 30 janvier 2013 à Châlons-en-Champagne, chef-lieu du département de la Marne, à l'occasion de la labellisation « Bleuet de France » de l'EPHAD Sarrail, en présence de Marie-Claire NOSSOVITCH, directrice générale adjointe de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) et de Laurence THIBAULT, directrice de l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) - Département de la Fondation de la Résistance.
Thierry Toti, directeur du CRDP de l'Académie de Reims
Denis Capovilla, directeur-adjoint du CRDP de l'Académie de Reims et Jean-Pierre Husson
Présentation du dévédérom
à Reims le 18 juin 2013
Le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation à Reims
La présentation du dévédérom à Reims le 18 juin 2013, avait valeur de double symbole.
Elle faisait suite à la cérémonie de commémoratives de l’Appel lancé par le général DE GAULLE sur les ondes de la BBC le 18 juin 1940. Cet appel avait été précédé un mois plus tôt par un discours radiodiffusé du colonel DE GAULLE, qui avait été enregistré le 21 mai 1940 à Savigny-sur-Ardres dans la Marne, au lendemain de la bataille de Montcornet, et qui en constituait la préfiguration. Elle intervenait aussi au moment où l’on commémorait le 70e anniversaire de la création par Jean MOULIN du Conseil national de la Résistance, étape décisive dans l'unification des mouvements de résistance.
Par ailleurs, c’est à Reims qu’a siégé le Comité départemental de libération nationale de la Marne ; c’est à Reims qu’est né dans la clandestinité le journal L’Union ; c’est enfin à Reims, où s’était installé le quartier général du corps expéditionnaire allié placé sous le commandement du général EISENHOWER, qu’a été signé, le 7 mai 1945, l’acte de reddition de l’Allemagne nazie qui, confirmé le lendemain à Berlin, a mis fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Jean-Claude Laval, maire-adjoint de Reims, accueille les intervenants ( de gauche à droite ) :
Laurence Thibault, directrice de l'AERI-Département de la Fondation de la Résistance
Thierry Toti, directeur du CRDP de l'Académie de Reims
Jocelyne Husson, auteur
et Hélène Lebrec, présidente de la délégtion marnaise
des Amis de la Fondation pour le Mémoire de la Déportation
Jocelyne Husson présente le dévédérom La Résistance dans la Marne
Jean-Pierre Husson présente la navigation dans le dévédérom
La Salle des fêtes de l'Hôtel de Ville de Reims
Au centre : le sous-préfet de Reims, Michel Bernard
et Jean-Claude Laval, représentant Adeline Hazan, maire de Reims
La reportage de Caroline JOURET diffusé sur FR3 Champagne-Ardenne
JT 19/20 du 5 mars 2013
Le reportage et le dossier mis en ligne par Caroline JOURET
sur le site de FR3 Champagne-Ardenne
L'histoire de la Résistance sort de l'ombre dans la Marne
L'interview réalisée par Jean-Pierre BENOIT sur RCF
13, 15 et 18 juin 2013
L'enregistrement dans le studio de RCF le 11 mars 2013
Jocelyne Husson, Jean-Pierre Benoit et Jean-Pierre Husson
Le reportage d'Antony FAVALLI sur France bleu Champagne
Être résistant dans la Marne en 1940
Présentation à Épernay le 1er octobre 2013
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Le monument aux martyrs de la Résistance de l'Arrondissement d'Épernay
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La présentation du dévédérom à Épernay le 1er octobre 2013 s'est déroulée dans les Salons de l'Hôtel de Ville sous la présidence du maire, Franck LEROY, en présence d'Yvette LUNDY, déportée à Ravensbrück,
d'Henri et Christian SERVAGNAT, fils de Pierre SERVAGNAT, chef des FFI de l'arrondissement d'Épernay, et de Fernande SERVAGNAT, déportée à Ravensbrück.
Franck Leroy, maire d'Épernay, accueille les participants
La présentation du dévédérom par Jocelyne et Jean-Pierre Husson
Présentation à Vitry-le-François le 11 décembre 2013
Le monument aux martyrs de la résistance de Vitry-le-François
La présentation du dévédérom le 11 décembre 2013 à Vitry-le-François s'est déroulée dans le Salon d'honneur de l'Hôtel de Ville sous la présidence de Jean-Pierre BOUQUET, maire de Vitry-le-François, en présence de Thierry MAILLES, sous-préfet, de Bruno DUPUIS, directeur du Service départemental de l'ONACVG, et de Gisèle PROBST, déportée-résistante à Ravensbrück.
Introduction par Jean-Pierre Bouquet, maire de Vitry-le-François
Thierry TOTI, directeur du CRDP de l'Académie de Reims,
entouré de Thierry Mailles, sous-prédet de Vitry-le-François ( à droite )
et de Bruno Dupuis, directeur du Service départemmantal de l'ONACVG ( à gauche )
Jocelyne et Jean-Pierre Husson présentent le dévédérom
Gisèle Probst, déportée-résistante à Ravensbrück
Pour commander le dévédérom
Commande en ligne
Bon de commande à télécharger
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