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La libération
de Reims Le témoignage de Monsieur Lallement
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C'est le mercredi 16 août que les premiers convois automobiles allemands battant en retraite ont commencé à traverser la ville de Reims arrivant par l'avenue de Paris, empruntant toute la rue de Vesle, la rue Cérès et se dirigeant vers Rethel ou Vouziers. L'on vit d'abord passer le matériel de l'organisation Todt, des services admlinistratifs venant surtout de Paris et un nombre plutôt étonnant de camions et de voitures portant les insignes de la Croix-Rouge. Le rythme et la densité de ces convois augmentèrent sans arrêt les jours suivants ; de nombreux véhicules stationnaient à Reims, sous les promenades, le long des boulevards menant vers l'extérieur de la ville, abrités sous les plantations d'arbres. Les convois qui se reposaient de jour, repartaient de nuit ; on eut rapidement l'impression d'une retraite importante faisant prévoir un ordre de repli à peu près général. Les services administratifs de Reims partirent à leur tour, principalement les femmes. Vers le 23 août, une menace sembla se préciser ; celle d'une résistance organisée sur la Marne, dans le Soisonnais et peut-être même sur la montagne de Reims ; le bruit courait que des batteries s'étaient mises en position le long de la Marne, mais ce qui était le plus caractéristique, c'était l'installation à Reims de plusieurs États-majors dans les grands immeubles du Boulevard Lundy. Des généraux et leur suite circulaient en ville dans des autos impressionnantes ; des lignes téléphoniques étaient installées dans tout un quartier, des immeubles réquisitionnés de toute urgence, des chevaux de frise mis en place dans le quartier des Cordeliers devenu une véritable forteresse ; deux fantasias d'une quarantaine d'avions de chasse, une le matin et l'autre l'après-midi du 24 août, correspondaient certainement à une revue aérienne destinée à donner l'impression de la force aérienne allemande. Des rumeurs tendaient à faire croire que les FFI entreraient rapidement en action, ce qui ne manquait pas d'alarmer la population, attendu que l'on estimait les forces allemandes cantonnées en ville à 20 ou 25 000 hommes. Dans le but d'impressionner la Résistance, les Allemands installaient des canons antichars, Place Royale, Esplanade Cérès. Bref, tout le monde s'attendait à une grande bagarre et chacun prenait des précautions pour trouver un abri dans les caves de champagne, constituer des provisions pour un siège, quand subitement , le samedi 26, on s"aperçut que le quartier des Cordeliers avait été évacué dans la nuit et que les États-majors avaient quitté la ville. Les défilés des convois, qui s'étaient ralentis depuis deux ou trois jours, reprirent avec une intensité véritablement incroyable et du matériel de guerre défila de jour et de nuit, souvent sur deux rangs à travers la ville les 26 et 27 août. La journée du mardi 29 fut remplie de rumeurs : tout le monde savait que les FFI entreraient en action à partir de 17 heures. Des premiers coups de feu eurent lieu dans le courant de l'après-midi et durèrent jusqu'au petit jour. De nombreuses explosions avaient eu lieu toute la journée, couronnées à 9 heures 30 du soir par une explosion formidable, celle du pont de Vesle dont la rupture supprimaient la voie d'accès normale à Reims par le Sud. Néanmoins, on s'était rendu compte depuis le lundi 28 qu'il n'y aurait pas de résistance allemande sérieuse et lesc esprits étaienet beaucoup plus calmes. Le mercredi 30 vers 7 heures du matin, on entendit les premiers chars américains rouler Place du Parvis, Place du Théâtre, rue de Vesle, Cours Langlet ; la foule se répandit immédiatement dans les rues et, à partir de ce moment, les unités motorisées ne cessèrent d'affluer. Il n'y avait eu de résistance sérieuse qu'au Pont Huon, pont sur la canal vers Châlons, par lequel les chars américains arrivés la veille au soir durent passer, le pnt de Vesle étant sauté, et au Pont de Laon. Quelques Américains ainsi que quelques FFI furent tués. Les derniers Allemands avaient quitté les alentours du pont de Vesle ce mercredi à 6 heures du matin. Les dégâts se réduisent à la destruction du pont de Vesle, à celle du pont du chemin de fer de la ligne de Reims à Paris, au-dessus du canal ( Pont de Soissons ), à celle du Poste principal de signalisation de la gare de Reims. D'autres destructions partielles, la gare de voyageurs et quelques locaux grenadés par les Allemands avant leur départ se révèlent peu à peu. En fin de compte, la libération de Reims s'est faite « sans mal ni douleur », notre ville ayant eu la chance d'être enveloppée par le Nord-Ouest et le Nord-Est au poit que les allemands n'avaient plus d'autre solution que de se retirer sans tenter aucune résistance; à moins d'être promptement débordés et encerclés. Notes
rédigées par Henri DRUART
le 1er septembre 1944
Après
29 jours d'anxiété au cours desquels on annonçait
les Américains à Sens le 22 août,
à Troyes, à Mailly-le-Camp d'une part, dans
les environs de Meaux d'autre part, on apprit le
lundi 28 août qu'une colonne avait
traversé Fismes vers 14 heures,
se dirigeant sur Saint Gilles par
la route secondaire joignant Fismes à la route nationale de
Dormans et Pargny-les-Reims. SNCF,
Région de l'Est, archives du 4ème ARREX
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