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Le musée du Fort de la Pompelle Les soldats russes au Fort de la Pompelle Dossiers présentés par Jean-Pierre HUSSON Le site du Fort de la Pompelle Un haut lieu de la défense de Reims pendant la 1ère guerre mondiale Les soldats russes au Fort de la Pompelle Jean Giono et Ivan Ivanovitch Kossiakoff au Fort de la Pompelle Le 90e anniversaire de l'arrivée du corps expéditionnaire russe en Champagne Le monument aux soldats russes érigé en 2010
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Les vestiges du Fort de la Pompelle se dressent sur le bord la RN 44 à environ 5 kilomètres de Reims en direction de Châlons-en-Champagne, en face du Monument du Souvenir français érigé au lendemain de la 1ère guerre mondiale, auquel il est relié par un passage souterrain permettant de franchir la route nationale qui les sépare. L'entrée du Fort de la Pompelle aujourd'hui ( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Le Fort de la Pompelle, construit au début des années 1880 pour compléter la ceinture fortifiée de Reims conçue par le Général SÉRÉ DE RIVIÈRES après la guerre de 1870, est le seul fort qui est resté aux mains des Français durant la 1ère guerre mondiale, assurant la défense de Reims jusqu'à la victoire de 1918. Les vestiges du Fort de la Pompelle se dressent sur le bord la RN 44 à environ 5 kilomètres de Reims en direction de Châlons-en-Champagne, en face du Monument du Souvenir français érigé au lendemain de la 1ère guerre mondiale, auquel il est relié par un passage souterrain permettant de franchir la route nationale qui les sépare. Les vestiges du Fort de la Pompelle et le monument du Souvenir français La passerelle donnant accès à l'entrée du fort de la Pompelle en 1916
Tombes provisoires dans le secteur du Fort de la Pompelle au lendemain du conflit La stèle du souvenir
Haut-lieu de la 1ère guerre mondiale, classé monument historique, il abrite un musée ( Conservateur : Marc BOUXIN ), où sont présentées des collections d'uniformes, de casques, d'armes, d'ustensiles de la vie quotidienne du soldat, d'objets fabriqués par les soldats pendant leurs loisirs, et de pièces d'artillerie : canon de 75 français, canon de 77 allemand, canon russe de 76,2, crapouillots ( pièces d'artillerie de tranchée ). Le 11 novembre 2014, à l'occasion des cérémonies du Centenaire de la 1ère guerre mondiale, le Musée du Fort de la Pompelle, entièrement rénové et enrichi a été inauguré par les enfants des écoles de Reims en présence du député-maire de Reims Arnaud ROBINET, du sous-préfet Michel BERNARD, de Catherine Vautrin, présidente de Reims-Métropole, et d'Hubert WALBAUM, président des Amis du Fort de la Pompelle.
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Canon russe de 76,2 conservé au Fort de la Pompelle Au terme d'accords signés en décembre 1915, la Russie tsariste avait accepté d'envoyer en échange de matériel de guerre et de munitions, quatre brigades d'infanterie composées d'environ 50 000 officiers et soldats, combattre aux côtés des troupes françaises et britanniques : la 2e et la 4e brigades dans les Balkans, sur le front de Salonique ; la 1ère et la 3e brigades sur le front français, en Champagne. Equipés et armés par la France, portant le casque français frappé d'un aigle bicéphale, les soldats de la 1ère brigade débarquèrent à Marseille en avril 1916, furent immédiatement acheminés jusqu'au camp de Mailly et affectés au secteur de Suippes et d'Aubérive où ils furent remplacés par la 3e brigade en octobre 1916. Au début de 1917, les deux brigades du corps expéditionnaire russe ont occupé le Fort de la Pompelle près de Reims, puis ont participé à l'offensive déclenchée par le général NIVELLE, et se sont distinguées dans l'attaque du Mont Spin au cours de laquelle elles ont subi de lourdes pertes. Après la révolution de
février 1917, ces deux brigades ont connu des tensions opposant les
soldats « loyalistes » qui acceptaient de continuer
de combattre en France et ceux qui voulaient cesser le combat et rentrer
en Russie. Le 15 septembre 2012, un monument érigé à l'initiative de la Libre Pensée de la Creuse a été inauguré dans le cimetière de La Courtine « À la mémoire des 10 000 soldats russes internés et réprimés dans le camp militaire de La Courtine durant l'été 1917 parce qu'il refusèrent de poursuivre la guerre », sur lequel est gravé en alphabet cyrillique « À bas la guerre ! ».
En 1920, Jean GIONO a relaté son passage au Fort de la Pompelle, où il a été un temps affecté au cours de la 1ère guerre mondiale, dans une nouvelle intitulée Ivan Ivanovitch Kossiakoff, que l'on retrouve dans Solitude de la pitié, un recueil de nouvelles édité en 1932 chez Gallimard dans la collection Folio, et qui rassemble une vingtaine de nouvelles. Au début de 1917, GIONO appartenait à la 6e compagnie du 140e régiment, affectée à la signalisation optique et envoyée sur une position de repli de l'autre côté du canal de la Marne à l'Aisne, dans le secteur de Champfleury, lorsqu'il a reçu l'ordre de son capitaine de se rendre au Fort de la Pompelle :
GIONO fait la connaissance d'Ivan Ivanovitch KOSSIAKOFF, l'un des deux soldats russes dont il partage la chambrée dans une casemate du fort, et qui l'accompagne au poste de signalisation, « une petite cagna étroite avec des hublots carrés » où , à l'aide d'une lanterne, il communique en morse avec les batteries d'artillerie qui ont pris position de l'autre côté du canal. Entre deux alertes, GIONO sort de sa casemate : Rêveries d'après-midi sur les pentes du fort. Soleil gris au travers des nuées grises. Dans une tache bleue du ciel des flocons de schrapnels cherchent un taube [ « pigeon » en allemand, nom donné à un avion autrichien ] invisible. Calme plat. Un cycliste, machine en main, passe sans se presser sur la piste du canal. Le petit vent aux dents aiguës danse dans les maigres herbes jaunes. Une phrase de Spinoza me hante : « L'amour c'est l'accroissement de nous-mêmes » [...]. Malgré la barrière de la langue, GIONO et KOSSIAKOFF communiquent, sortent de leurs porte-feuilles des photographies de leurs familles respectives. Une camaraderie et même une sincère amitié s'instaurent entre les deux hommes, au point que GIONO demande à ne pas être relevé comme prévu par son camarade français GUNZ.
Et puis un jour, l'ordre arrive demandant à GIONO de rejoindre sa compagnie à Champfleury, secteur qu'elle doit quitter et qui passe entièrement sous le contrôle de l'artillerie russe. Il dit rapidement adieu à KOSSIAKOFF qui l'accompagne jusqu'au canal, puis ils se quittent pour toujours.
Selon la base de données du site « Sépultures de guerre » du ministère de la Défense, Ivan KOSSIAKOFF, caporal au 1er RI, a été inhumé en sépulture individuelle dans la tombe n° 372 du cimetière de Saint-Hilaire-le-Grand avec la mention « Mort pour la France », ce qui rend tout à fait improbable qu'il ait été fusillé au camp de Châlons comme l'écrit GIONO. Il n'a d'ailleurs pas été attesté que des soldats russes aient été fusillés au Camp de Châlons en 1917. En revanche, il est possible que le pacifiste intégral qu'était devenu Jean GIONO dans l'entre-deux-guerres ait « inventé » cette exécution en référence aux mutineries qui ont affecté le Corps expéditionnaire russe en France, éloigné du front et déplacé au cours de l'été 1917 dans le camp de La Courtine dans la Creuse, au lendemain de la Révolution de février 1917 en Russie.
En 2006, le 90e anniversaire de l'arrivée en Champagne du Corps expéditionnaire russe a été célébré sur le site de la nécropole nationale de Saint-Hilaire le Grand les 3 et 4 juin, à l'occasion du pélerinage annuel, organisé le week-end de la Pentecôte par l'Association du souvenir du corps expéditionnaire russe en France, puis en septembre-octobre au Musée du Fort de la Pompelle où a été présentée une exposition retraçant l'histoire des brigades russes équipées et entraînées au camp de Mailly avant d'être engagées sur le front français dans le secteur de Suippes-Aubérive en 1916 et dans le secteur du Fort de la Pompelle en 1917.
La cérémonie du souvenir au Fort de la Pompelle le 15 septembre 2006
L'étendard de la 2e Brigade spéciale russe en 1916
En octobre 1916, au Camp de Mailly, le Corps expétionnaire russe défile Service religieux à la Chapelle orthodoxe du Camp de Mailly Au Camp de Mourmelon
Un détachement de soldats russes traversent le canal Inhumation d'un soldat russe tué au combat dans le secteur du Fort de la Pompelle
Depuis 2010, dressé sur l'espalande du Fort de la Pompelle, un monument honore la mémoire des soldats russes qui ont combattu en Champagne et participé à la défense de Reims pendant la 1ère guerre mondiale.
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