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L'artisanat de tranchées

Dossier élaboré par
Emmanuel VEZIAT
responsable du Service éducatif
de la Caverne du Dragon
et du Chemin des Dames

 





1. Les formes d'artisanat de tranchées

   Les soldats, que ce soit à l'arrière, au repos ou au front, avant l'assaut, passent une grande partie de leur temps à attendre.
   Ils cherchent donc à s'occuper.
   Certains jouent aux cartes, écrivent, lisent, dessinent, font de la musique.
   D'autres fabriquent des objets artisanaux avec des matériaux de récupération qu'ils ramènent des tranchées ou du no man's land.
   On retrouvent ainsi des crucifix faits avec des douilles d'obus, des pendentifs fabriqués avec des balles de shrapnells, des peintures sur des omoplates de cheval, ou des objets plus utilitaires ( quarts, gamelles ), etc.
   Tout cela relève alors de ce que l'on appelle communément l'artisanat de tranchées dont il existe deux types :
          - celui qui est réellement fait en première ligne. ;
          - celui, en plus grande quantité que le précédent, qui est fabriqué à l'arrière par les soldats au repos pour être, essentiellement, vendu afin d'améliorer l'ordinaire.

2. Sens de l'artisanat de tranchées

   Cette activité n'a pas pour seule fonction d'occuper le temps.
   L'acte de créer est également une manière de lutter contre l'angoisse, contre la quasi certitude de la mort.
   Créer est une fonction typiquement humaine, un moyen de montrer son existence, une sorte de témoignage que l'on voudrait laisser avant une mort que l'on pense inéluctable.
   Le fait que les soldats récupèrent les matériaux est aussi porteur de sens : c'est une manière pour les hommes de s'ancrer dans cet événement xceptionnellement brutal dont les conséquences défient l'entendement humain.
   Graver une douille d'obus permet, d'une certaine manière, de s'approprier la matière de la guerre.
   De plus, fabriquer des objets usuels à partir de ce qui donne la mort permet aussi de se rattacher à la vie, de montrer que cette dernière est victorieuse, qu'elle l'emporte finalement.
   On peut aussi lire dans cet artisanat de tranchées la volonté de ramener un trophée à l'arrière pour prouver sa présence au front, pour mieux montrer que l'on en est revenu vivant donc victorieux.

   Cet artisanat de tranchées constitue donc un élément essentiel dans la vie quotidienne du soldat.

 
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