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1. La foi et la mort
Durant
la guerre, la mort est omniprésente.
Les soldats se posent alors au moins deux questions :
- Quand
la mort va-t-elle arriver ?
- Si
elle arrive, qu'y a-t-il après ?
Ces
interrogations engendrent une certaine vie spirituelle qui peut alors
se manifester par un recours à la foi.
Pour des combattants, il s'agit de placer sa vie
entre les mains de Dieu grâce à des prières, à
des messes.
Des saints et des saintes constituent également
des intercesseurs auprès de Dieu.
Au cas où la mort surviendrait quand-même,
la foi offre une espérance en l'avenir : celle d'une vie
meilleure après la mort, celle du paradis après l'enfer
des tranchées.
Cela peut aussi être, pour des hommes dépassés
par la guerre, un moyen de ne pas fléchir et d'accomplir son
devoir, un moyen de supporter l'omniprésence de la mort.
2. La
foi et la vie
La
souffrance est quasiment quotidienne pour les soldats.
Cette guerre assimilée à une longue
torture, à un calvaire pour le combattant s'apparente parfois
au propre calvaire du Christ : les soldats tombent, se relèvent,
retombent à nouveau, portent leur croix.
Ainsi, devant les combats meurtriers, suivre le
Christ dans sa passion donne un espoir, celui d'atteindre, comme lui,
une vie éternelle.
Le soldat puise dans sa foi une force, recherche
son salut personnel.
L'idée de résurrection peut offrir
un sens aux massacres pour le soldat qui croit marcher sur les pas
du Christ.
La
foi permet également d'apporter des explications à cette
guerre qui devient incompréhensible.
La souffrance devient justifiée par le sacrifice
pour une cause jugée juste.
La France pense alors se battre, certes pour récupérer
l'Alsace-Lorraine mais aussi pour le Droit, la Liberté, la
Justice et contre ce que l'on qualifiait, à l'époque,
la barbarie allemande.
Beaucoup de croyants trouvent ainsi un espoir en
marchant dans les pas du Christ.
Donc, la pratique religieuse n'est pas seulement
un moyen de se « mettre en règle » au
dernier moment, c'est aussi un moyen de tenir, un moyen de tenter
de comprendre l'incroyable.
Enfin,
comme dans la quasi totalité des guerres, chaque camp est persuadé
de mener une guerre avec Dieu à ses côtés, l'ennemi
devenant l'incarnation du mal, du diable.
De nombreux écrits dénoncent, ainsi,
les destructions d'églises, de lieux sacrés, qualifiant
ces actes de gratuits, sacrilèges et barbares.
3. La
foi dans la Caverne du Dragon et au Chemin des Dames
Dans
la Caverne comme dans la plupart des autres creutes utilisées
par les soldats, on trouve une chapelle.
Elle prouve que la spiritualité en temps
de guerre est fondamentale.
Souvent, l'autel se trouve dans le fond, au calme.
Dans la Caverne du Dragon, la salle communautaire
pouvait aussi avoir une fonction religieuse puisque c'est là
que la messe de Minuit a été célébrée
en 1914.
On trouve également dans la Caverne un artisanat
de tranchées religieux ( calices ... ), preuve que la
spiritualité est essentielle durant la guerre puisque certains
soldats y passaient une partie de leurs loisirs.
Dans
l'après-guerre, la religion est toujours présente en
certains lieux du Chemin des Dames.
Deux croix en marquent les extrémités
est et ouest, comme s'il s'agissait de placer cet espace sous la protection
divine, de le sacraliser, un peu comme un vaste cimetière.
De
nombreux monuments particuliers jalonnent également la route
à la mémoire de soldats tombés en ces lieux.
Les références religieuses y sont
fréquentes comme au monument de Malval.
Au
mémorial de Cerny-en-Laonnois, le religieux cohabite avec le
militaire.
Ce mémorial est d'abord une chapelle.
Érigée en 1951, elle est l'oeuvre
d'un comité dont les membres d'honneur sont d'anciens officiers
mais aussi des dignitaires de l'Église catholique, de la religion
protestante ou juive.
Mais par delà cet aspect œcuménique,
l'édifice bâti est d'abord un édifice catholique.
Il comporte les statues de deux saint, Saint Remi
et Sainte Anne. Quant au tableau au dessus de l'autel, il constitue
clairement un parallèle entre le martyre du soldat et celui
du Christ.
Bibliographie
sommaire
- Annette
BECKER,
- La Guerre et la Foi. De la mort à la mémoire.
1914 - 1930. Paris, Armand Colin, 1994, 141 p. ;
- Croire,
Amiens, 1996
- Nadine-Josette
CHALINE,
" Chrétiens dans la Première Guerre Mondiale ",
dans Actes des Journées tenues à Amiens et à
Péronne les 16 mai et 22 juillet 1992, Paris, Les Éditions
du Cerf, 1993, 201 p.
- Gérard
CHOLVY et
Yves-Marie HILAIRE , Histoire religieuse
de la France contemporaine, tome 11, 1880-1930, Privat, 1986.
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