TraAM Lettres 2019-2020 Usage de "Bot" sur le réseau social Twitter pour Renforcer les compétences en langue au collège et au lycée
Cycle 4 : Cycle des approfondissements (5e, 4e, 3e)
Lycée voie générale
Lycée voie technologique
Lycée voie professionnelle
Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés
TraAM Lettres 2019-2020 Usage de "Bot" sur le réseau social Twitter pour Renforcer les compétences en langue au collège et au lycée
ATTENTION : article susceptible d'évoluer l'an prochain après prolongement des travaux interrompus par le confinement !
Pour la première fois cette année, une équipe de Lettres de notre académie fait partie d'une expérimentation TrAM : une petite équipe de 4 enseignantes (collège et ULIS-collège) supervisée par Mme C.Eudier, IA-IPR et coordonnée par Mme A.Toussaint-Conseil, IAN (Interlocutrice Académique au Numérique).
Il s'agit d'un projet interacadémique, impulsé par L. Methnani (IAN de Grenoble), et mené avec l'expertise de J.Marques, qui fait partie du GREID Lettres de l'académie de Créteil.
Le thème des TraAM proposé en Lettres pour l'année 2019-2020
Comment les usages et pratiques permis par le numérique permettent-ils de construire chez les élèves une appropriation vivante, continue, personnelle et partagée de la grammaire ? L’expérimentation portera sur le numérique comme outil (les bot, contraction de “Robots”) et/ ou comme milieu (sur Twitter) ?
Cette expérimentation portait donc sur plusieurs axes de travail envisageables :
- l'aquisition progressive de la maîtrise de la langue, par la découverte d'outils grammaticaux qui permettent de reconnaître des règles récurrentes en grammaire ;
- la reconnaissance du système linguistique comme un code comparable à un code informatique, ce qui permet d'en accepter les règles (la grammaire n'étant plus perçue comme un grand monstre aux pouvoirs obscurs, mais comme un jeu dont les règles sont définies) ;
- l'enrichissement du lexique des élèves, avec prise de conscience de la catégorisation par nature des mots :
- l'appropriation des classiques : la recherche du corpus lexical d'une oeuvre aide à cerner la pensée, ou certaines caractéristiques stylistiques d'un auteur ;
- la pertinence des déclencheurs d'écriture : les phrases générées aléatoirement par un BOT, à la manière d'un cadavre exquis et de l'écriture automatique, peuvent servir de point de départ à l'écriture régulière chez des élèves peu scripteurs encore.
Notre équipe se compose comme suit :
Nom | Classes concernées | Compte twitter | Article explicitant la démarche : |
Adeline TOUSSAINT CONSEIL | Classes de 6èmes au collège Albert Camus, La Chapelle Saint Luc | @6emesatc | un BOT littéraire en 6ème pour faciliter la maîtrise de la langue |
Carolline BERTELLE | Classe de 3ème au collège Jean Monnet, Epernay | @CarolineBertel5 | le compte "ça me BOT" explore l'oeuvre de G.Orwell |
Hélène MUNIER-RIBOUT | Classes de 4ème au collège Perrot d'Ablancourt, Châlons en Champagne | @classes_HMR | créer un BOT pour renouveler l'enseignement de la grammaire à partir de Coco de Mauppassant |
Pauline MOREAU | Classe d'ULIS, collège Pithou, Troyes | @Pithou7 | créer un BOT en ULIS sur Cyrano |
Nous avons donc adapté la problématique interacadémique à notre contexte, et avons focalisé nos travaux sur la problématique suivante :
Expérimenter des BOTs pour amener des élèves fragiles en production écrite (ULIS, fin de cycle 3) à rédiger en autonomie des phrases cohérentes et correctes ; faciliter chez les élèves l'analyse réflexive de phrases choisies ; enrichir leur lexique et leur syntaxe par le repérage et l'appropriation de corpus élaborés à partir d'oeuvres patrimoniales (du cycle 3 au cycle 4). En latin, création de BOTs pour introduire le rapport entre cas et fonction, pour repérer des structures canoniques en syntaxe, à partir de citations ou de proverbes.
Critères de réussite envisagés :
- Production grammaticale réflexive, production par chacun de sa propre leçon autour de la thématique
- balado/vidéo ? travail à l’oral au départ avec les sixièmes : il faudrait, dans l'idéal, obtenir d'eux l'explicitation des démarches par et pour des échanges oraux.
Démarche :
Qu'est-ce qu'un "BOT" ?
Un (ro)BOT est un programme informatique, une ligne de code de format JSON qui permet de générer, à partir d'un compte Twitter créé à cet usage, des phrases aléatoires à partir d'un corpus défini par le créateur du programme.
Bien évidemment, à moins d'être très versé en programmation numérique ou d'envisager un projet en lien avec un.e collègue de technologie, l'enseignant.e de français n'a pas besoin de rédiger ce code au format numérique requis : on passe donc par un émulateur qui va transformer un tableau en code lisible par le compte twitter.
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Sélectionner une phrase originale dans un texte littéraire.
L'enseignant (ou, après une certaine pratique récurrente de l'exercice, les élèves) identifie, dans un texte, une phrase qui peut servir de support à une démonstration grammaticale, et si possible, est également caractéristique du style de l'auteur.
ex : Molière, L'école des Femmes : AGNES - Le petit chat est mort.
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Identifier dans cette phrase les variables possibles.
Cette phrase, emblématique de la pièce, peut servir de support à un point de langue sur l'attribut du sujet, et/ou l'expansion du nom. Cependant, l'idée n'est pas de "forcer le texte" pour en tirer artificiellement une leçon de grammaire, comme on a pu l'enseigner pendant un certain temps, mais bien de proposer aux élèves un échantillon de phrases-types qui leur permettent de mémoriser des règles-clés de maîtrise du français.
Je peux, par exemple, chercher des équivalents à "petit chat" et à "mort".
Les contraintes grammaticales sont à faire identifier par les élèves, ainsi que les erreurs à éviter. Deux corpus sont possibles : celui qui consiste à ne relever QUE les mots du texte, ou celui qui consiste à chercher des équivalents librement, dans des dictionnaires ou l'imaginaire des élèves. Bien entendu, seule la première option permet de travailler le style de l'auteur et l'appropriation de sa manière de penser.
Personnellement, étant linguiste de formation, à ce moment de ma préparation, je "découvre" réellement le texte, et c'est par ce biais que le génie de l'auteur et les non-dits de l'extrait me sautent aux yeux. Même si on ne devait pas chercher à l'exploiter plus avant, c'est vraiment un exercice qui lève le voile sur les procédés stylistiques du texte.
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Relevé collaboratif du corpus par les élèves.
Suivant les contextes, on pourra faire faire ce relevé en collaboration papier, ou avec tableur et vidéoprojecteur, ou encore directement sur un tableur collaboratif en ligne, quel qu'il soit.
Ce tableur sera transposé (par les élèves ou l'enseignant.e, selon leur niveau, leur maîtrise de l'exercice, leur contexte, le choix des intentions de l'enseignant.e) dans le site tracery, par simple copier/coller des cases. (Il est possible d'éditer directement le code, voir les articles cités en bibliotgraphie)
Au fur et à mesure que nous entrons nos données dans le site, apparaissent à droite, les phrases aléatoires qui pourront faire l'objet des tweets. Cela permet également de vérifier la validité du relevé (les termes inadéquats vont être mis en évidence).
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Edition du code informatique : le BOT lui-même.
Sur le site tracery, le deuxième onglet, JSON, transforme notre relevé en code-source au format lisible par twitter :
Il ne reste plus qu'à copier l'intégralité de ce code (à le sauvegarder sur une page de traitement de texte par sureté) et à le recopier dans le site cheap bots done quick pour le lier au compte twitter que l'on a créé à cet effet. On paramètre alors la fréquence de publication du BOT, et on le laisse créer.
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Exploitation des publications du BOT avec les élèves
Selon la fréquence programmée dans le BOT, le compte va donc éditer des tweets aléatoires régulièrement.
Nous avons testé plusieurs possibilités d'exploitation de ces tweets avec les élèves :
- analyse grammaticale a posteriori : pour réactiver les notions vues lors de l'élaboration du BOT, on peut demander à des élèves d'oraliser l'analyse de la phrase générée, en justifiant les accords, par exemple.
- déclencheur d'écriture : la phrase générée peut servir de prétexte à un exercice d'écriture régulier, "à la manière de" ou par surprise poétique (les résultats absurdes obtenus sont souvent drôles et marquants)
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La dimension "réseau" :
Nous sommes toutes parvenues à aller jusqu'à l'étape de publication de nos BOT sur des comptes twitter, alors que nous n'étions pas certaines de pouvoir atteindre ce stade avec les élèves, ne sachant pas à l'avance le temps que prendrait la création d'un BOT.
C'est vraiment une conclusion qu'il aurait été dommage de rater, tant elle permet de dynamiser l'exercice et le rendre vivant pour les élèves.
En effet, outre la nécessaire introduction d'EMI sur l'usage et la légalité des réseaux, cela permet de "dialoguer" avec les comptes des autres classes. D'autres perspectives se sont alors naturellement ouvertes :
- analyser les phrases générées par un BOT ami et s'en servir comme phrase-type pour nos propres leçons de langue
- donner envie de lire leur texte-support, s'il est accessible à ce niveau
- apprendre à commenter, à critiquer une publication de manière respectueuse et constructive
Evidemment, toutes les autorisations parentales d'utilisation d'un compte-classe twitter avaient été présentées et explicitées en début d'année, ce qui a permis que ce compte serve également à mettre en valeur des travaux d'élèves durant les semaines de confinement.
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Limites, obstacles et perspectives
Notre expérimentation a été interrompue par le confinement du printemps 2020, au moment où nous commencions réellement à entrer dans la phase d'échanges entre BOTs. Néanmoins nous sommes arrivées à quelques conclusions d'étape :
- L'exercice est chronophage la première fois, mais il permet d'approfondir un texte et un point de langue de manière originale et mémorable pour les élèves.
- Pratiqué régulièrement, il devient rituel et est plébiscité par les élèves, attirés par une méthode qu'ils trouvent ludique et le suspens de la prochaine "invention" du BOT.
- Il initie un début de réseau d'échange entre classes de niveaux différents, géographiquement éloignés, qui pourrait servir de point de départ à un dialogue littéraire qui reste à inventer.
- Il faudra tester la méthode en LCA-latin, car l'approche aléatoire se prêtera sans doute très bien à l'introduction au système flexionnel du latin, mais aucune d'entre nous n'a trouvé le temps de reproduire l'expérience menée en français. Nous espérons pouvoir y remédier à la rentrée prochaine.
ADDENDUM juin 2021 : complément vidéo.
Bibliographie :
- La pédagogie des bots, par Joanna Marques et Julie Dumont
- Comment concevoir un bot en classe ? par Joanna Marques et Julie Dumont
- Travailler la littérature avec un bot, Joanna Marques dans Le Café Pédagogique
- Concevoir des bots : un usage contextualisé des langages de programmation au service des compétences scolaires et des enseignements littéraires, par Franck Bodin
- s'approprier la langue et la littérature en créant un bot twitter : l'apollibot
- Création d'un bot littéraire Prébot sur le réseau social twitter
- création d'un bot littéraire et travail sur les classes grammaticales @haikus64
- un bot littéraire à la manière de Baudelaire
- créer un bot littéraire pour découvrir les épithètes homériques : @homerebot
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Créé lemardi 7 juillet 2020
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RédacteurToussaint Conseil Adeline
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Dernière mise à jourmercredi 14 juillet 2021
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