Le
conflit, né des tensions entre nationalités dans les Balkans
et déclenché par l'assassinat du prince héritier d'Autriche-Hongrie
à Sarajevo en juin 1914, a rapidement embrasé l'Europe
par le jeu des alliances entre puissances européennes.
Dès 1914, il a aussi touché d'autres continents,
en particulier par l'implication des empires coloniaux d'Afrique et
d'Asie.
Mais c'est surtout à partir de 1917, avec
l'entrée en guerre des États-Unis aux côtés des pays
de l'Entente que la guerre devient vraiment mondiale.
Quand et pourquoi les États-Unis sont-ils entrés
en guerre ?
Quel a été l'impact de leur participation sur l'issue
du conflit et sur leur montée en puissance dans le monde ?
I.
Une entrée en guerre tardive
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1/
De l'isolationnisme à la neutralité
Dès
le début de la guerre, en août 1914, malgré les
relations étroites qui liaient son pays au Royaume-Uni, membre
de l'Entente, le président des États-Unis, le démocrate
Wilson, a proclamé la neutralité américaine.
Cette neutralité s'inscrivait dans la tradition
isolationniste énoncée dès 1823 dans la doctrine
Monroë « L'Amérique aux Américains »,
doctrine qui faisait du continent américain tout entier une
sorte de chasse gardée des États-Unis d'où devaient
se retirer les Européens. Elle impliquait en même
temps que la diplomatie américaine se désintéressait
des affaires de la vieille Europe.
En proclamant la neutralité des États-Unis,
Wilson entendait ménager l'unité du peuple américain
en évitant de prendre parti dans un conflit qui suscitait des
réactions contradictoires au sein des différentes communautés
originaires des pays en guerre.
Les communautés britannique, russe,
italienne, française étaient favorables à un
engagement américain au côté de l'Entente, tandis
que les communautés allemande et austro-hongroise y étaient
hostiles, ainsi que la communauté irlandaise dont le ressentiment
contre le Royaume-Uni restait très fort.
Même si de nombreux Américains exprimaient leur
sympathie plutôt à l'égard des pays de l'Entente, l'opinion publique
américaine restait majoritairement favorable à la neutralité. De
1914 à 1916, la diplomatie américaine a tenté une médiation entre
les pays belligérants.
C'est en défendant
un programme de paix que le président démocrate Wilson a été réélu
en 1916.
En janvier 1917, il proposait encore « une
paix sans victoire ».
2.
Les avantages de la neutralité
Les Américains
ont été confortés dans cette neutralité
par le fait qu'ils profitaient largement du conflit sans avoir à
y participer et dans tous les domaines : financier, agricole,
industriel, commercial.
Au fur et mesure que l'espoir d'une guerre courte
s'est éloigné et qu'ils se sont enfoncés dans une guerre longue et
totale, les pays de l'Entente ont dû faire appel aux États-Unis pour
s'approvisionner en énergie, matières premières, produits industriels
et agro-alimentaires, mais aussi pour emprunter.
Les exportations américaines à destination du Royaume-Uni
et de la France ont connu un essor spectaculaire.
Les produits américains ont remplacé sur les marchés
asiatiques les produits européens.
Les États-Unis qui étaient les débiteurs
de l'Europe en sont devenus les créanciers.
Le dollar s'est trouvé renforcé par rapport à la
livre-sterling et au franc.
La Bourse de New-York a supplanté la Bourse de Londres.
L'économie américaine qui se trouvait au bord de
la récession en 1913, retrouva rapidement le chemin de la croissance
et de la prospérité.
3/ Les
raisons de l'entrée en guerre
Malgré
tous les avantages qu'ils pouvaient tirer de leur neutralité, les
États-Unis
se sont trouvés progressivement impliqués malgré eux dans le conflit
ouvert en Europe en 1914.
En mai 1915, le torpillage par un sous-marin allemand
du paquebot britannique Lusitania qui a fait 1 200 victimes
civiles dont 128 citoyens américains, avait suscité aux Etats-Unis
la réprobation de l'opinion publique et entraîné de vives protestations
du gouvernement.
Le blocus des côtes allemandes à partir de 1914
en réduisant à néant le commerce entre les États-Unis
et les puissances centrales, avait conduit les Américains à compenser
la perte de ces marchés en développant leurs relations commerciales
avec le Royaume-Uni et la France, qui sont devenus leurs principaux
clients.
Il s'est créé ainsi entre les Etats-Unis et les
pays de l'Entente, une communauté d'intérêts qui s'est progressivement
renforcée.
Au début de 1917, deux événements ont fini par faire
basculer les États-Unis
dans la guerre au côté de l'Entente : la déclaration par l'Allemagne
de la « guerre sous-marine à outrance », qui
étendait la guerre sous-marine aux navires neutres commerçant avec
l'Entente et achevait de compromettre la liberté des mers ; et l'interception
par les services de renseignements britanniques d'un télégramme adressé
par le ministre allemand des Affaires étrangères, Zimmermann, à son
ambassadeur à Mexico, qui lui demandait de négocier une alliance avec
le Mexique tournée contre les États-Unis.
Les États-Unis
ont d'abord rompu leurs relations diplomatiques avec l'Allemagne en
février 1917, puis lui ont déclaré la guerre en avril, après le torpillage
de cargos américains.
II.
Une entrée en guerre décisive qui permet aux États-Unis
d'affirmer leur puissance dans le monde
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1/
La mobilisation des hommes et des ressources
C'est dans une improvisation
quasi totale que les États-Unis sont entrés dans la guerre.
En l'absence de service militaire, l'armée américaine
ne comptait que 200 000 soldats volontaires, pas du tout préparés
à être engagés dans la guerre qui faisait rage en Europe depuis 1914.
Il leur fallut décréter la conscription, recruter,
équiper, former au combat, transporter et ravitailler en Europe un
corps expéditionnaire de plus en plus important.
Dans le même temps, l'entrée en guerre des États-Unis
conduisit l'État fédéral à intervenir directement ou indirectement
dans de nombreux secteurs d'activité, pour organiser l'économie de
guerre, établir des priorités, mobiliser la main d'œuvre, financer
la production d'armements, prendre en main les chemins de fer et la
construction navale, réguler la production agricole, contrôler la
consommation, arbitrer les relations entre salariés et patrons.
2/
La contribution des États-Unis à la victoire de l'Entente
La mobilisation déclenchée
aux États-Unis au printemps 1917, n'a pas eu d'effets immédiats
sur le déroulement du conflit en Europe où les premiers contingents
américains n'ont commencé à débarquer qu'à la fin de 1917.
Cependant l'entrée en guerre des États-Unis
a contribué à rehausser le moral des troupes de l'Entente affectées
par l'usure et la défection de la Russie bolchevique découlant de
l'armistice, puis du traité de paix séparé de Brest-Litovsk, qui permit
à l'Allemagne à partir du début de l'année 1918, de ramener sur le
front occidental les troupes qui combattaient à l'Est .
Elle a apporté à l'Entente à
partir de l'été 1918 une supériorité numérique qui lui
a assuré la victoire.
L'effectif du corps expéditionnaire américain commandé
par le général Pershing s'élevait à 1 million d'hommes en août
1918, et atteignit 2 millions d'hommes à la fin du conflit.
Les Sammies américains ont participé aux
contre-offensives victorieuses de Picardie, de Champagne et de Lorraine
qui ont débouché sur l'armistice de novembre 1918.
3/
Le rôle du président Wilson et des États-Unis
dans le règlement du conflit
En janvier 1918, le
président Wilson avait défini devant le Congrès en 14
points les buts de guerre américains : rejet de la
diplomatie secrète ; reconnaissance du principe des nationalités et
du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; égalité de tous les
États petits et grands ; désarmement ; sécurité collective fondée
sur une organisation internationale.
En novembre 1918, c'est sur la base de ses 14 points
que Wilson a négocié directement avec l'Allemagne le principe d'un
armistice.
C'est en président d'un pays vainqueur, prospère,
sûr de lui, devenu la première puissance du monde qu'il est venu lui-même
en Europe représenter les États-Unis à la Conférence de la paix, et
y défendre le point de vue américain.
Il a obtenu que soit abordée en priorité la création
de la Société des nations dont le Pacte a été annexé à tous les traités.
Il a fait appliquer, au moins partiellement et au
prix parfois de quelques compromis, le principe des nationalités,
et s'est opposé aux revendications territoriales françaises et italiennes
concernant le rattachement de la Sarre à la France, l'autonomie de
la Rhénanie et l'annexion par l'Italie de la côte dalmate.
En contre partie, il a offert à la France et au
Royaume-Uni la garantie militaire des Etats-Unis face à une nouvelle
agression allemande.
Le rôle des États-Unis
dans le déroulement de 1ère guerre mondiale, très limité en 1914,
n'a cessé de grandir pour devenir tout à fait prépondérant lors du
règlement du conflit.
Mais l'après-1ère guerre mondiale a été marqué rapidement
par l'échec de ce qu'on peut appeler l'idéalisme wilsonien.
Les Républicains majoritaires à la Chambre des Représentants
et au Sénat depuis les élections de 1918, refusèrent en mars 1920
de ratifier le Pacte de la SDN, le traité de Versailles et le traité
de garantie offert à la France et au Royaume-Uni.
Aux élections présidentielles de 1920, le candidat démocrate
soutenu par Wilson fut battu par le Républicain Harding qui avait
fait campagne en faveur d'un « retour à la normale »,
d'un désengagement des Etats-Unis et d'un repli sur le continent américain
qu'il entendait préserver de la contagion révolutionnaire venue d'Europe.
Les États-Unis sont donc retournés à leur
isolationnisme traditionnel dont ils ne sortiront qu'en 1941 après
l'attaque japonaise surprise sur Pearl Harbor qui les fera basculer
à nouveau dans la guerre.