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Les femmes
dans la 2e guerre mondiale

Dossier élaboré par Denis McKee
professeur au lycée Marc Chagall de Reims



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Associées, comme lors du premier conflit mondial, à l'effort de production de guerre, les femmes jouent un rôle nouveau dans le combat contre l'occupant nazi en Europe.
   Dans les territoires occupés, les nécessités de la lutte clandestine obligent les femmes, jusqu'alors non-combattantes, à déployer des trésors d'ingéniosité et d'héroïsme pour obtenir des renseignements, assurer la liaison entre groupes combattants, organiser des cachettes et ravitailler toute personne recherchée.
   Des groupes de maquisards comptent aussi dans leurs rangs des femmes.
   Les nazis punissent avec une égale cruauté ces résistantes, en Allemagne
( le réseau de la Rose Blanche ) comme ailleurs en Europe.
   Arrestations, tortures, déportations et exécutions frappent indistinctement les deux sexes.
    À la Libération, la République française finit par reconnaître la contribution des femmes en leur accordant le droit de vote

Défense passive aérienne en Angleterre assurée par la WAAF
Women's Auxiliary Air Force )

A Balloon Site, Coventry, tableau de Dame Laura Knight
( Imperial War Museum, Londres )

Une jeune allemande témoin du travail forcé

  « Au cours de l'automne 1943, Nelly arrachait des pommes de terre dans les champs du domaine, dans la même rangée que les Ukrainiennes.
   Ce n'était pas de la pitié qu'elle ressentait face à ces étrangères, mais de l'appréhension, le fort senti ment d'être autre, un sentiment qui ne reposait sur aucun secret mais sur les leçons d'histoire de Julia Strauch : " Autre veut dire meilleur ".
   Nelly n'avait pas le droit de mettre ses pommes de terre dans le même panier que les travailleuses de l'Est.
   S'est-elle posée des questions au sujet de la soupe que l'on puisait dans un autre chaudron pour les jeunes femmes ukrainiennes ?
   Lui est-il venu à l'idée de se lever, de franchir l'abîme de la trentaine de pas qui la séparait des travailleuses de l'Est assises à la même bordure du champ, et de donner à l'une d'entre elles sa propre écuelle de soupe où nageaient des morceaux de viande ?
   L'horrible secret n'est pas qu'elle n'a pas osé, mais que cela ne lui est même pas venu à l'esprit.
   Toute tentative d'explication bute sur ce fait
   Le manque d'attention habituel de ceux qui sont rassasiés face à ceux qui ont faim n'explique rien.
   La crainte ? Certes, si au moins il y avait tentation.
   Mais voilà, la tentation de faire ce qui allait de soi n'était même pas présente à son esprit »

Crista WOLF, Trame d'enfance,
Gallimard, 1991.

   « Après la crise, j'ai trouvé mon premier emploi dans une usine de munitions à Viola dans le Kentucky [...]
   On faisait de gros obus de DCA, des bombes incendiaires et des obus traçants.
   Ceux-là, on leur mettait de la peinture rouge au bout. [...]
   On faisait trente-deux dollars par semaine, c'était fabuleux.
   Pour nous c'était un vrai miracle. Avant on ne gagnait pas un sou. [...]
   Je travaillais dans le bâtiment 11.
   Je tirais tout un tas de manettes sur une machine.
   L'obus s'avançait, la poudre tombait dedans. En tirant sur un autre levier on la tassait.
   Et après, il partait sur un tapis roulant dans un autre bâtiment où on mettait le détonateur.
   On faisait ça toute la journée.
   
Le tétryl était un des ingrédients utilisés et on était tout orange. Mais orange comme une orange. Dans les cheveux, on avait des mèches orange.
   On n'a jamais posé de questions. [...]
   Les obus étaient peints en gris foncé.
   Quand la couche de peinture n'était pas assez lisse, il fallait qu'on l'enlève avec un solvant quelconque et des vieux chiffons.
   Il se dégageait de ces vapeurs de ces chiffons ! On aurait dit qu'on respirait du détachant. Ça vous brûlait le nez et la gorge.
   Oui, c'est vrai, je me souviens qu'on avait du mal à respirer. [...]
   C'était la première fois que ma mère travaillait ailleurs qu'aux champs.
   Son premier vrai boulot.
   Ça a vraiment changé la vie de tout le monde ».

Studs TERKEL, Chacun sa guerre, histoires de la Deuxième Guerre mondiale,
La Découverte, 1985.


Les femmes dans la guerre

Affiche grecque de 1940.

L'exécution d'une femme partisan en Grèce

   « Quand les Allemands la fusillèrent au début de l'été 1944, Margarita n'avait pas encore 20 ans.
   Son corps frêle résista de façon incroyable à toutes les souffrances de la prison et sa bouche resta close malgré le martyre qu'on lui fit subir - comme on l'a su plus tard.
   Face au peloton d'exécution elle eut le sourire amer de la famille des Perdirakis.
   L'anecdote du sourire a été racontée par le pope qui, par sa présence obligée aux exécutions capitales, officialise, au nom de César, le retour de l'âme à Dieu.
   C'est lui qui a raconté la suite : quand les fusils furent braqués sur elle, la petite Margarita agita la main et, chose incompréhensible, dit bonsoir ou plutôt non pas bonsoir mais précisément " hé ! Bonsoir... ".
   
C'était la première femme dans notre ville à mourir ainsi.
   Jusqu'alors les femmes de là-bas ne savaient mourir qu'en silence, dans le lit ou la paillasse, elles mouraient en couches ou bien juste après, ou alors usées par la pauvreté, un mauvais mariage, l'exil de leurs maris et de leurs enfants, choses que chacun jugeait tout à fait normales ».

Dimitris HADZIS, Le Testament du professeur, Paris,
Éditions de l'Aube, 1990.


Une maquisarde italienne armée

   La guerre est constituée de la somme d'innombrables expériences individuelles.
   Rarement montrées dans les films d'actualité, les femmes ont pourtant apporté une contribution inestimable dans la victoire des Alliés.
   En temps de paix, les mêmes qualités de courage, d'endurance et d'esprit d'initiative seront mises au service du combat pour l'amélioration de la condition féminine.

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© CRDP de Champagne-Ardenne, 2000
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