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Reims
souviens-toi est une étude qui a été
réalisée au cours de l'année scolaire 1984-1985,
dans le cadre d'un PAE ( projet
d'action éducative ), par 27 élèves des
classes de troisième B et C du collège
du quartier Saint Remi de Reims :
Lorène
ADNET, Agnès HUBERLANT, Olivier BADOUREAUX, Phorn Thip KIANG
Jérôme BEUNIER, Clément KOCH, Laurent CAILLEUX,
Guylaine LOTOCKI,
Delphine CHARBEY, Sophie MARTIN, Laurent CHEVASSUT, Adélaïde
MENDES,
Pierre-Jean COLLIGNON, Marie-Manuelle MOREIRA, Cyrille DELOZANNE,
Katia MULLEMAN, Nicolas DUVAL, Sophie PRESSON, Corinne FORTIN
Anne PUCHELLE, François FOUQUET, Sabine ROBERT, Isabelle GISBERT
Élisabeth SANTANA, Valérie HOT, Ivan SEGAL, Delphine
TRITSCH
sous
la direction de leur professeur d'histoire, Jocelyne
HUSSON qui enseigne aujourd'hui au
lycée Clemenceau de Reims.
Plaques
que nous voyons chaque jour, sans les voir, familières,
jusqu'au jour où le regard s'accroche sur les noms, les dates...
Dès lors, ce ne sont plus des mots gravés
dans la pierre
mais des êtres humains qui ont souffert.
69,
rue Gambetta
En
1985, à l'occasion du 40e anniversaire de la libération
des camps de concentration et de la victoire sur le nazisme, nous
avons voulu à travers les plaques apposées sur les façades
de leurs maisons, retrouver l'histoire de ces Rémois disparus.
La plupart des plaques apposées sur les maisons
de Reims portent des noms terribles : Auschwitz, Buchenwald, Dachau,
Ravensbrück ...
Elles gardent le souvenir de 116 Rémois morts
en déportation.
Nous avons tenté de savoir qui ils étaient,
quand, où, pourquoi ils ont été arrêtés,
quand, où ils ont été déportés,
ce qu'ils ont vécu dans les camps nazis de concentration et
d'extermination.
Connaître leur histoire a été
pour nous le premier pas vers " l'impossible oubli ".
De
l'idée à la réalisation...
L'année
1945 a pour nous, Rémois,
une signification toute particulière
: c'est à Reims que le 7
mai 1945, fut signée la capitulation de l'Allemagne
nazie, confirmée dans la nuit du 8
au 9 mai à Berlin.
En 1985,
40 ans après, notre pensée est allée vers ceux
qui, victimes du nazisme, n'ont
pas vécu ces jours de victoire et dont
le nom, sur le mur de leurs maisons nous interpelle parfois,
nous, passants pressés.
La première étape du travail a été
la présentation d'un mémoire
collectif au concours national de la Résistance
et de la Déportation sont le thème était cette
année-là :
Pourquoi
des faits historiques tels que la déportation des résistants
et leur emprisonnement dans les camps de concentration nazis
doivent-ils survivre en notre mémoire dans cette fin de XXème
siècle ?
En quoi importent-ils à notre avenir ?
L'intérêt
suscité par ce mémoire qui était une recherche
sur les Rémois morts en déportation a incité
les élèves à l'élargir à
toutes les victimes rémoises de la répression nazie
dans le cadre d'un projet d'action éducative.
Quelle
a été notre démarche ?
- Le
relevé des plaques
A
partir
des listes de plaques fournies
en 1984 par
le service des Fêtes et Cérémonies de la Ville
de Reims, les élèves ont formé des groupes
et se sont répartis la tâche de recopier le texte des
plaques dans toute la ville.
- La
recherche de renseignements
La
source utilisée est une enquête
sur la déportation dans la Marne,
effectuée au début
des années 1960 par André
AUBERT, résistant, déporté à
Dachau, correspondant du Comité d'histoire de la Seconde
Guerre Mondiale,
décédé en
1979.
Des enquêtes ont été menées
auprès de :
- l'ANACR,
Association Nationale des Anciens combattants Résistants.
- la FNDIRP,
Fédération Nationale des Déportés et
Internés Résistants et Patriotes.
- Résistance
Fer sur l'action des cheminots de Reims).
- l'UNADIF,
Union Nationale des Associations de Déportés, Internés
et Familles de disparus.
- de déportés
venus au Collège apporter leur témoignage.
- de familles de
victimes de la répression nazie.
- de la gendarmerie
Robespierre de Reims à propos d'Édouard
CHARLOT.
- du Centre Social
des Trois Piliers qui à l'occasion d'un historique
du Faubourg de Laon, où les plaques sont nombreuses, a fait
des recherches sur la résistance dans ce quartier.
- Le
travail en bibliothèque
Il s'est effectué :
- au service de
documentation du journal L'Union où les
élèves ont trouvé 54
biographies établies entre
la fin de 1945 et la fin de 1947 et bon nombre d'articles
publiés à l'occasion d'anniversaires ( par
exemple ce lui de la libération de Reims
le 30
août 1944, ou encore celui de la capitulation allemande
signée à Reims
le 7 mai 1945 ...)
- aux archives des
Amis du vieux Reims.
- à la Bibliothèque
municipale Carnégie et dans les bibliothèques
de quartier.
- au CDI,
centre de documentation et d'information, du collège.
- La
rédaction de Reims souviens-toi
Elle a été le résultat d'un
travail d'équipe.
Chaque groupe s'est chargé de l'élaboration et de
la rédaction d'un ou plusieurs chapitre.
- Un
travail interdisciplinaire
Les élèves ont tenu à matérialiser
leur engagement profond dans ce travail en y apportant deux
de leurs dessins, et en préférant recopier
eux-même leurs textes plutôt que de les faire
taper à la machine.
Ils ont travaillé sur ce thème avec
Martine DULIOT,
leur professeur d'arts plastiques et ont préparé une
exposition au collège
de dessins, de moulages, de photographies
sur la déportation à Reims et à Tinqueux.
Dessin
d'élève
Moulage
Reims
souviens-toi,
c'est beaucoup de leur temps, de leur sensibilité, de leur
enthousiasme, un don d'eux-même qui fait chaud au cur
et qui a rendu cette " aventure " collective passionnante.
Jocelyne HUSSON
professeur d'Histoire géographie
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