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Les « déportés raciaux »




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   En 1966, André AUBERT avait recensé 155 « déportés raciaux » arrêtés dans la Marne, représentant seulement 18,6 % du nombre total des déportés marnais.

Déportés raciaux...
arrêtés dans le département
non rentrés
( en chiffres absolus )
non rentrés
( en % )
Ardennes
101
72
71,2 %
Marne
155
147
94,8 %
Aube
108
103
95,3 %
Haute-Marne
122
120
98,3 %
Champagne-Ardenne
486
442
90,9 %

   Au terme d'un long travail d'enquête croisée, utilisant en particulier les archives du Centre de documentation juive contemporaine ( listes de convois, carnets de fouille de Drancy ), les documents collectés sur la Marne par Serge KLARSFELD, les registres d'état civil, la mémoire de la pierre ( inscriptions dans les cimetières, dans les synagogues, sur les monuments aux morts, sur les plaques des maisons où ont vécu des juifs ), et les Cahiers d'André AUBERT, Jocelyne HUSSON 1 ) est arrivée aux conclusions suivantes.
   Au total, 316 Juifs marnais ont été déportés pendant la Seconde Guerre mondiale, représentant près d'un tiers du nombre total des déportés de ce département.
   La moitié ( 159 ) d'entre eux ont été arrêtés dans la Marne dont une centaine dans la seule agglomération de Reims-Tinqueux.
   100 ont été arrêtés dans d'autres départements : 
          -  54 en zone occupée, dont une trentaine sur la Ligne de démarcation,
          -  46 en zone non occupée.
   Pour 57 autres, le lieu d'arrestation n'a pu être déterminé.
   En l'absence de statistiques précises sur le nombre de Juifs étrangers et de juifs français qui résidaient dans la Marne en 1940, il est difficile d'affirmer que la proportion de Juifs étrangers ou naturalisés depuis peu a été sensiblement plus élevée que celle des Juifs français de souche.
   Par contre, il est clairement établi que la déportation des Juifs étrangers a été plus précoce que celle des Juifs français.
   Contrairement à ce qui a pu être écrit par des membres de la communauté juive rémoise2 ), la majorité des déportés juifs de la Marne n'a pas été arrêtée et déportée dès 1942.
   Dans ce département, les grandes rafles se situent en 1944, qui est aussi l'année où a été recensé le plus grand nombre de déportés : 148, représentant 46 % du nombre total des déportés juifs marnais.
   La rafle de loin la plus importante a eu lieu le 27 janvier 1944 ; ce jour-là, 93 juifs marnais ont été arrêtés, dont 63 à Reims et à Tinqueux.
   Parmi ces raflés du 27 janvier 1944, 83 ont été déportés à Auschwitz : 34 par le convoi numéro 67 parti de Drancy le 3 février 1944, et 49 par le convoi numéro 68 du 10 février ; il n'y eut que deux survivantes.
   Au cours de cette rafle qui n'a épargné ni les enfants, ni les vieillards, des familles entières ont été arrêtées et déportées, en particulier la famille Schwartzmann de Tinqueux : le père, la mère, et douze de leurs treize enfants âgés de 11 mois à 22 ans.

   Dans le département des Ardennes, les travaux de Jean-Emile LANDREUX sur le Judenlager des Mazures, conduisent également à réévaluer sensiblement les chiffres issus de l'enquête du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale qui n'avait retenu qu'une centaine de déportés raciaux, en faisant totalement l'impasse sur l'existence de ce Judenlager unique en Champagne-Ardenne.
   Par les convois partis de Revin le 24 octobre 1942 et de Charleville le 5 janvier 1944, 264 juifs ont été déportés à Auschwitz ; 27 seulement ont survécu à la déportaion.

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© CRDP de Champagne-Ardenne, 2000
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