« La
" mémoire " peut se définir de manière
large comme la manière dont des sociétés, des
groupes et des individus se représentent le passé.
Son étude constitue un champ de recherche historique relativement
récent, qui sintéresse donc, principalement
à travers les productions culturelles et les pratiques mémorielles,
aux représentations du passé dans son ensemble, ou
de tel personnage ou événement spécifique ».
André
LOEZ,
Petit répertoire critique des
concepts de la Grande Guerre,
CRID 14-18, décembre 2005 .
Article " Mémoire "
« La
mémoire, c'est le fait qu'une collectivité se souvienne de son passé
et cherche à lui donner une explication au présent, à lui donner
un sens »
Annette
WIEVIORKA
historienne de la Shoah
Mars 1999 ( 1 )
Henry
ROUSSO, lorsqu'il était directeur
de l'Institut d'histoire du temps présent ( CNRS ), définissait l' histoire de la mémoire comme « l'étude
de l'évolution des représentations du passé, entendues comme des faits
politiques, culturels ou sociaux »,
- c'est-à-dire une étude qui implique que « l'événement
doit être pris non dans son acception classique, mais comme une séquence
chronologique qui ne se borne pas à sa clôture apparente »,
- une étude qui « inclut
aussi bien l'analyse historique de l'événement proprement dit que
l'analyse de sa postérité, entendue non comme ses conséquences, mais
comme sa survivance active et passive dans l'imaginaire social, et
donc dans les pratiques sociales des générations postérieures » ( 2 ).
Selon Laurent DOUZOU, professeur à
l'IEP de Lyon, « histoire et mémoire
travaillent toutes deux sur le temps déjà écoulé,
mais traitent et analysent de façon divergente le temps révolu ».
La mémoire est une forme de présence du passé
chargée d'émotion, qui renvoie au présent,
à ses inquiétudes, à ses attentes.
Elle évolue entre souvenirs, amnésie, refoulement
et processus de revitalisation.
Elle est l'objet de déformations incessantes
dont elle n'est pas consciente.
« Le temps de
la mémoire est le temps du souvenir qui ne peut être
complètement objectivé et mis à distance... À
l'inverse de la mémoire, l'histoire est fondamentalement définie
par la mise à distance ».
Reconstitution problématisée du passé, l'histoire est une construction qui s'élabore à
la fois avec la mémoire dans la mesure où elle contribue
à générer une mémoire collective, et contre
la mémoire dans sa manière d'analyser le passé ( 3 ).
La
mémoire se réfère au passé
tout en s'adressant au présent.
Elle est mouvante.
Par exemple,
la mémoire de la 2ème guerre mondiale en général et plus particulièrement
la
mémoire des années noires de l'Occupation et de la participation
du gouvernement de Vichy à la mise en uvre du génocide
en France est différente au lendemain de la victoire
alliée de
1945, pendant la période de la guerre froide et depuis
l'ouverture du Mur de Berlin en
1989.
D'où les conflits de mémoire qui se rallument périodiquement
à l'occasion d'affaires ou de procès comme celui de Maurice PAPON.
Enseigner la mémoire pose de multiples questions.
Enseigner
la mémoire
qu'est-ce que cela signifie aujourd'hui ?
Est-ce que cela a un sens ?
Quel
rapport y a-t-il :
-
entre mémoire et histoire ?
- entre mémoire et connaissance du passé ?
-
entre mémoire et construction-reconstruction-recréation-représentation
du passé ?
- entre mémoire et enseignement de l'histoire ?
La
mémoire n'est-elle qu'une reconstruction du passé
influencée par le présent ?
Pourquoi est-il
nécessaire de se souvenir ?
Et
si enseigner la mémoire a un sens,
Quelles mémoires
doit-on enseigner au collège et au lycée?
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