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1/
Généralités et terminologie
Entre
les années 800 et 1000 une minorité
ethnique nomade migra du nord-ouest des Judes
vers l'Europe.
En Allemagne on
appela leurs ressortissants Zigenner.
En France il étaient
des Bohémiens,
en Espagne des Tsiganes
et des Gitanos, en Italie
des Zingari,
en Angleterre des Gipsies.
En Hongrie on les
désignait comme Pharaon nepek,
le peuple de Pharaon, car on les croyait Égyptiens.
Il est aujourd'hui prouvé que les
Tsiganes sont d'origine indienne et viennent du Sindhî,
royaume de l'Inde situé sur les rives et le delta du Bas-Indus
( Sind est le nom hindou de l'Indus
).
Les groupe ethnique de Tziganes
qui immigra au 14e siècle dans les régions de langue allemande fut pour cette raison dénommé
Sinti.
La langue tsigane présente la plus grande analogie avec l'hindoustani
et le persan, langues indo-européennes.
2/
En Allemagne, du Moyen Age au 20e siècle
À
partir du 15e siècle, des groupes de Tsiganes d'une
certaine importance pénétrèrent dans les régions
germanophones où en raison de la singularité de leur aspect,
de leur langue et de leur culture, ils se heurtèrent la plupart
du temps à une grande méfiance.
Ils furent suspectés d'être des
espions turcs et le Reichstag,
la Diète de l'Empire, les mit hors la
loi ( vogelfrei ), c'est
à dire qu'ils ne bénéficiaient plus de la protection
des lois et qu'il pouvaient être envoyés au supplice sans
jugement.
Dans les siècles suivants,
les États allemands promulguèrent des centaines d'édits contre les Tsiganes qui passaient
pour une « calamité »,
pour des cannibales, des ravisseurs d'enfants, des empoisonneurs au
sens propre et au sens figuré.
On organisa des battues pour se saisir d'eux. Ils étaient chassés, marqués
au fer rouge ou exécutés sans autre forme de procès.
En 1899, on créa
à Munich un « Office pour la lutte
contre les activités des Tsiganes » qui centralisa
les identités, les photos et les empreintes digitales de plus
de quatorze mille Tsiganes jusqu'en 1926.
Le 16 juillet 1926,
la République de Weimar publia une «
loi destinée à combattre les Tsiganes, les vagabonds et
les rétifs au travail », loi que les nazis exploitèrent à fond à partir
de 1933.
3/
Dans l'Allemagne hitlérienne à partir de 1933
Dès
leur arrivée au pouvoir, les nazis étayèrent
cette loi par une pseudo-science appelée «
Tsiganologie » qui déclara les Tsiganes « racialement inférieurs » ( rassisch
nimberwertig ) à cause de leurs ancêtres asiatiques
et « d'une autre espèce ».
La population fut mise en
garde contre tout métissage.
À partir du milieu
les années 30, un Service
de recherches biologiques et raciales mena à Berlin
des investigations de nature biologique et hériditaire sur des
Tsiganes métissés, pour conclure que les Tsiganes métissés
au 1/4 ou au 1/8e présentaient un ensemble
de caractères héréditaires très médiocres.
Des milliers de descendants de Tsiganes furent répertoriés ; un grand nombre d'entre eux étaient alors intégrés
dans la société allemande depuis des générations,
servaient dans l'armée allemande, ou étaient même
membres du parti nazi ( NSDAP ).
Certains furent internés
dans des camps de concentration à
une époque où la plupart des Juifs métissés
ne l'étaient pas encore.
Une circulaire
du 8 décembre 1938 de HIMMLER
ordonna le recensement intégral des Tsiganes
alors que les lois raciales de Nuremberg promulguées le 15 septembre 1935 ne les mentionnaient pas expressément.
Comme les Juifs, ils furent privés de la citoyenneté allemande ( Reichs
bürgerschaft ).
Depuis 1933, les
Tsiganes étaient souvent rassemblés
dans les camps de regroupement.
À partir de 1936,
ils furent de plus en plus fréquemment internés
dans des camps de concentration en particulier à Dachau.
À partir de 1940,
ils furent déportés par milliers
dans les ghettos de la Pologne occupée en application
de l'ordonnace du
27 avril 1940 dite de transplantation
( unsiedlungs erlass ).
Le 16 février 1942,
HIMMLER ordonna l'internement de tous les Tziganes et de tous les Tziganes métissés
dans le camp d'extermination de Auschwitz-Birkenau.
« L'élimination totale
» ( Liquidierung ) était son objectif.
Les uns furent gazés,
les autres succombèrent victimes soit du programme intitulé
« extermination par le travail »,
soit d'épidémies.
D'autres encore moururent au cours d'expériences
humaines menées par MENGELE,
médecin SS.
Les jumeaux servirent de «
matériau d'expérimentation », et des
méthodes nouvelles de stérilisation furent expérimentées sur les tsiganes.
Les persécutions nazies coûtèrent
la vie à au moins 220 000 Tsiganes.
4/
Après la 2e guerre mondiale
Les
survivants luttèrent souvent en vain pour être
reconnus comme victimes du terrorisme nazi.
Leurs souffrances
furent longtemps occultées
par les 5 millions de victimes juives de la solution finale.
Les vieux préjugés agirent au delà de la fin du Troisième Reich.
Dans les années 70,
les autorités allemandes travaillaient
encore avec des documents et des dossiers en provenance des
institutions nazies chargées de combattre le «
fléau tsigane ».
POUR
EN SAVOIR PLUS
- Denis
PESCHANSKI, avec la collaboration de Marie-Christine
HUBERT et Emmanuel PHILIPPON,
Les Tsiganes en France 1939-1946,
Éditions du CNRS, 1994.
- Évelyne
PY, Les Tsiganes en France,
Mémoire-Info, dossier en ligne sur le site Mémoire Net,
janvier 2003.
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=135
- Laure DEVOUAST,
" Le règlement de la question tsigane
en Allemagne et en France occupée ", Le Patriote
résistant, n° 732, octobre 2000.
- " La mémoire
effacée et retrouvée du camp « modèle »
des Gitans ", Le Monde, 9 mai 2001.
Entre 1942 et 1944, 700 Gitans venus de toutes les
régions de France ont été regroupés et internés
dans le camp de Saliers, sur la commune d'Arles.
- Mathieu PERNOT
( sous la direction de ), Un camp pour les
bohémiens, textes d'Henriette
ASSÉO et Marie-Christine HUBERT,
Actes Sud, 2001.
- " L'internement
des Tsiganes en France 1939-1946 ", dossier, Ministère
de la Défense, Direction de la Mémoire, du Patrimoine
et des Archives, Les Chemins de la Mémoire, n° 108,
juin 2001.
- Henriette ASSÉO,
" Lextermination des Tsiganes ",
in Stéphane AUDOIN-ROUZEAU,
Annette BECKER, Christian
INGRAO, Henry ROUSSO (
sous la direction de ), La violence de guerre
1914 - 1945, Bruxelles, Complexe, 2002.
- Guenter LEWY,
La persécution des Tsiganes par
les nazis, collection Histoire, Les Belles lettres, 2003.
- Emmanuel FILHOL,
La mémoire et l'oubli. L'internement
des Tsiganes en France 1940-1946, Paris, L'Harmattan,
2004.
- Emmanuel FILHOL
et Jacques SIGOT, La
mémoire et l'oubli : L'internement des tsiganes en France 1940-1946,
Paris, conférence du 2 juin 2004 organisée par le Cercle
d'étude de la déportation et de la Shoah.
http://aphgcaen.free.fr/cercle/tsiganes.htm
- André ROGERIE ( général ), " Le cri des
Tsiganes ", Le Patriote Résistant, août
2004.
http://www.fndirp.asso.fr/tsiganes.htm
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