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Plus
de 60 ans après la chute du réseau d'évasion Possum
intervenue fin 1943-début 1944 et
qui a été suivie de nombreuses
arrestations et déportations, les causes de la
fin tragique de ce réseau
d'évasion n'ont toujours pas été clairement
élucidées.
Travaillant depuis quelque temps sur l'histoire
des réseaux dans le cadre d'un projet de cédérom
sur La Résistance dans la Marne,
j'ai découvert que nous disposions de peu d'informations
sur le réseau Possum,
et j'ai interrogé les fonds d'archives du
Comité d'histoire de la 2ème guerre mondiale,
dont j'ai été de 1974 à
1980, le correspondant départemental dans la Marne,
aux côtés d'André
AUBERT,
membre de Libération Nord
et agent du réseau Possum
déporté à Dachau.
Celui que l'on appelait affectueusement
« le père Aubert »
savait peu de choses sur ce réseau auquel il avait pourtant
appartenu, mais dont il ne connaissait ni
les tenants ni les aboutissants, tout comme Yvette
LUNDY, qui est aujourd'hui sans doute une des dernières
survivantes marnaises de ce réseau.
Le Comité d'histoire
de la deuxième guerre mondiale a été
présidé jusqu'à sa dissolution en
1980 par l'historien Henri MICHEL.
Né de la fusion en 1951
de la Commission d'histoire de l'occupation
et de la libération de la France et du Comité
d'histoire de la guerre, créés respectivement
en 1944 et en
1945 pour préserver la
mémoire des années 1939-1945, le Comité
d'histoire de la 2ème guerre mondiale était rattaché
à la Présidence du Conseil, puis au Premier ministre,
et doté d'un important réseau de correspondants
départementaux.
Il était principalement
chargé de recueillir les archives personnelles ainsi que
les témoignages, et de coordonner des enquêtes
et des publications sur l'histoire
de la Seconde Guerre mondiale
Ma première démarche a consisté
à croiser les témoignages
écrits et oraux des résistants avec les archives
publiques françaises, nationales et départementales.
En 2003, ma rencontre via Internet
avec Fred GREYER, fils naturel
et ayant droit de Dominique POTIER,
chef du réseau Possum,
et avec le commandant Philippe CONNART,
chef du Service des Archives notariales
au ministère de la Défense à Bruxelles, a été
une étape très importante dans mes recherches sur
Possum, qui m'ont permis de
mieux connaître ce que l'on peut appeler
l'interface belgo-britannique à Londres et en Belgique de l'histoire
de ce réseau d'évasion.
Ils m'ont en effet communiqué de nombreuses informations
et photocopies de documents issus pour l'essentiel des archives
et dossiers du ministère de la Défense belge, dont beaucoup peuvent être consultés au Centre
d'Études et de Documentation - Guerre et Sociétés
contemporaines ( CEGES ) de Bruxelles, mais provenant
aussi d'archives britanniques et américaines,
et ils ont accepté de compléter, d'enrichir et de
corriger mon dossier sur Possum, au fur et à mesure que je
leur en communiquais l'état d'avancement.
En
2004-2005, David HANNI,
collecteur Mémoire à l'Hôpital
de Fismes, a recueilli le témoignage de Monsieur
POITRINE, boucher qui abattait les bêtes destinées
à ravitailler les pilotes alliés pris en charge par
le réseau Possum et hébergés dans les gîtes du secteur
de Fismes, en relation avec le
radio Conrad LAFLEUR.
En septembre 2006,
Annette BIAZOT de Florenville,
dont le père Gaston, résistant-déporté,
a fait partie de l'équipe belge qui
a pris en charge le chef du réseau Possum,
avant que ce dernier ne vienne s'installer à Fismes, m'a
apporté des documents sur la résistance ardennaise
belge, que j'ai pu croiser avec les informations sur la résistance
ardennaise française communiquées par l'historien
Philippe LECLER,qui a pu consulter en 2007 le dossier de procédure instruite par la Cour de justice de la Seine contre Armel GUERNE. Membre de l'équipe parisienne du réseau SOE Physician-Prosper, GUERNE était responsable des groupes Buckmaster d'Origny en Thiérache et de Muno, qui étaient rattachés à ce réseau.
Annette BIAZOT m'a égalemnt permis de prendre connaissance des archives personnelles de Suzanne BASTIN, l'adjointe du chef de Possum à Paris, que lui a confiées Raymonde BASTIN, la sœur de Suzanne.
En
décembre 2006, j'ai reçu une lettre de Monique de BRIEY,
comtesse de Hemricourt de Grunne me précisant les circonstances de sa venue à Fismes en janvier 1944, qu'elle avait décrite dans un rapport rédigé après la Libération et conservé dans les archives américaines. Recrutée par Georges d'OULTREMONT,
agent belge qui a assuré l'intérim du chef de Possum
rappelé
à Londres de la mi-novembre à
la mi-décembre 1943, elle a été
chargée après l'arrestation du commandant POTIER, d'aller enquêter auprès
de la Famille JEUNET de Fismes. Elle m'a apporté des informations complémentaires dans une lettre datée du 9 mars 2007.
C'est aussi en 2006,
que Francis John SUTTILL,
fils du chef du réseau d'action SOE Physician-Prosper,
dont l'histoire croise celle du réseau
Possum, m'a fait parvenir la biographie qu'il était en train de réaliser sur son père, Francis SUTTILL, et des documents
numérisés issus des archives britanniques du SOE.
Le SOE désignait un service-action créé par les Britanniques pour effectuer des opérations
d'intoxication, de sabotage et de guérilla en territoire
occupé.
BUCKMASTER était le nom de l'officier britannique qui commandait la section française du SOE Physician-Prosper,
le nom du principal réseau SOE opérant en France en zone Nord, et Prosper,
le pseudo de Francis SUTTILL,
le chef de ce réseau.
À ce réseau SOE étaient
rattachés les groupes Buckmaster
d'Origny-en-Thiérache
dans l'Aisne, ceux de Muno dans les Ardennes, ainsi que les sous-réseaux Juggler-Robin-Buckmaster
dans la Marne et Tinker-Abélard-Buckmaster dans l'Aube.
Au sein de l'état-major parisien de Physician-Prosper, Gaspard était le pseudo
d'Armel GUERNE, responsable des
groupes de l'Aisne et des Ardennes, Robin le pseudo utilisé à la fois par Jean WORMS et par Jacques WEIL, chefs d sous le tîte Tant qu'il y aura des étoilesu sous-réseau
Juggler à la tête de groupes de sabotage et de dépôts d'armes dans la Marne.
Dans
l'Aube, Abélard était
le pseudo du capitaine Maurice DUPONT,
chef du réseau Diplomate qui
a pris le relais de Tinker.
En me fournissant les
cartes des terrains de parachutages utilisés par
le sous-réseau Juggler , il m'a mis sur la piste des groupes qui appartenaient à
ce sous-réseau dans le secteur de Châlons
sur Marne-Vitry le François, et dont faisait partie
le groupe de La Fournière.
En 2006 également,
Anne ALEXANDRE,
fille de Pierre HENTIC, chef
des opérations aériennes et maritimes du
réseau Jade-Fitzroy, ami de Conrad
LAFLEUR, l'opérateur radio de Possum,
et de Henri BERTIN, chef de la
Résistance marnaise, m'a communiqué les écrits de Résistance de son père qui ont été édités en France en octobre 2009 sous le tître Tant qu'il y aura des étoiles.
http://maho-hentic.com/index.php
En
janvier 2007, Brigitte D'OULTREMONT
m'a fait parvenir 8 pages dactylographiées extraites
des notes manuscrites rédigées
à l'intention de ses enfants par son père,
Georges d'OULTREMONT, qui a assuré
l'intérim du commandant POTIER,
chef de Possum, rappelé
à Londres entre la mi-novembre et
la mi-décembre 1943.
En novembre 2007, Anne SIROT m’a communiqué l’important dossier retrouvé dans les archives de sa famille. Son père Jean et son grand-père Raymond SIROT, mort en déportation, étaient tous les deux membres de l’équipe BOA de Gueux. Ce dossier contient les recherches effectuées par Jean SIROT sur le BOA-Marne, recherches qui malheureusement n’ont pas abouti sur une publication, ainsi que l’abondante correspondance qu’il a échangée avec Michel PICHARD. Ce dernier qui, sous le pseudo de PIC, avait été le chef des opérations aériennes dans la région C dont faisait partie la Marne, puis le coordonnateur national du BOA, travaillait à la rédaction d’un ouvrage sur les réseaux BOA de la France libre finalement publié en 1990 sous le titre L’Espoir des ténèbres-Parachutages sous l’Occupation.
En février 2008, Jacqueline CAVIGNAUX-THIRION qui, avec ses parents et ses frères, a hébergé dans leur ferme de Prin, près de Savigny-sur-Ardres, des pilotes alliés convoyés par le réseau Possum, m'a fait parvenir quelques photocopies de documents familiaux.
En avril 2009, Michèle BARRÉ-RIGAUX de Fismes, fille et petite-fille d'agents du réseau Possum, m'a autorisé à numériser quelques documents et photographies tirés de ses archives familiales. Son père, Camille RIGAUX fils a échappé à l'arrestation, mais sa grand-mère Jeanne DÉSOTHEZ a été gazée à Ravensbrück, tandis que ses deux grands-pères, Camille RIGAUX et Maurice DÉSOTHEZ sont décédés à Buchenwald.
Issu d'un long travail
de confrontation de mémoires plurielles, parfois
divergentes, transmises par les membres du
réseau Possum, ainsi que par les membres des autres
réseaux et organisations de résistance,
avec les archives françaises,
britanniques, belges et américaines, l'exposé que
je présente est une contribution à l'histoire complexe,
douloureuse et inachevée de ce réseau
d'évasion méconnu, et des autres réseaux
dans la Marne, qui me conduit aujourd'hui à une relecture de l'histoire de la Résistance dans ce département.
En octobre 2009, la Fédération Nationale Libre Résistance qui apporte un soutien moral et matériel aux anciens membres des réseaux SOE - Buckmaster en dehors de toutes obédiences politiques ou religieuses, m'a fait parvenir en PDF un " Bref Historique des Réseaux FFC « Réseaux Buckmaster » ", accompagné de la liste de ces réseaux, d'une chronologie et d'une carte de localisation de l'implantation de ces réseaux en France.
FNLR c/o Comité de Résistance, CAR, 45-47, rue Lacepède, 75005 PARIS
En septembre 2010, j'ai pu m'entretenir longuement au téléphone avec Christopher WOOG, le fils d'Armel GUERNE, responsable au sein du réseau SOE Physician Prosper des sous-réseaux de l'Aisne et des Ardennes, dont plusieurs agents ont été ensuite recrutés par le chef du réeau Possum. Il m'a fait part de sa conviction que son père, qu'il a peu connu, n'a pas trahi.
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