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Jean Probst,
le parcours d'
un résistant marnais en zone sud

Dossier présenté par Jean-Pierre et Jocelyne HUSSON

La famille Probst-Goujard de Vitry-le-François

Le soldat Jean Probst dans la 2e guerre mondiale de 1939 à 1942

L'engagement de la famille Probst-Goujard dans le réseau Mithridate

Les missions à Clermont-Ferrand, Lyon et Saint-Amour

Le parcours de Jean Probst dans la Résistance après les arrestations d'octobre 1943

Le démobilisation et le retour à Clermont-Ferrand, puis à Vitry-le-François

Sources

 

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Jean Probst ( 1918-1996 )


La famille Probst-Goujard de Vitry-le-François

   Jean PROBST est le 15 octobre 1918 à Saint-Amand-sur-Fion dans la Marne.
  
   Son père Louis PROBST, qui était
pendant la 1ère guerre mondiale sous-lieutenant au 11e régiment de Tirailleurs algériens, est mort pour la France, décédé des suites de ses blessures dans l'ambulance 5/4 à Betz ( Oise ) le 22 juillet 1918. Inhumé dans la nécropole nationale de Verberie, il a été nommé en 1921, à titre posthume, au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur et a reçu la Croix de guerre avec palme

  Sa mère, Rose PROBST, a dû l'élever seule en exerçant la profession de couturière. Pupille de la nation, Jean PROBST a obtenu le certificat d'études avec la mention « Très bien » en juin 1931, puis il a suivi pendant trois ans une formation d'apprenti-mécanicien chez Henri MORLOT, entrepreneur de cycles-motos-autos à Bassuet ( Marne ).

  En 1935 il a trouvé un emploi de mécanicien-auto dans le Garage André Simon 71, Faubourg de Saint-Dizier à Vitry-le-François ( Marne ). C'est dans ce garage, où il faisait entretenir plusieurs véhicules, que Maurice GOUJARD, boucher à Frignicourt, a fait la connaissance de Jean PROBST, passionné de mécanique, qu'il a intégré à l'équipe des mécanos du Club de moto-ball. C’est ainsi que Jean PROBST est devenu le copain du fils de Maurice, Pierre GOUJARD, et qu’il a fait la connaissance de sa fille Gisèle GOUJARD avec laquelle il s’est fiancé.

   Appelé sous les drapeaux en novembre 1938, Jean PROBST a été incorporé dans le 25e Régiment d'artillerie de Châlons-sur-Marne.

 
Le soldat Jean Probst dans la 2e guerre mondiale de 1939 à 1942

Jean Probst, soldat au 25e Régiment d'artillerie

    Rappelé en septembre 1939, il a été cantonné à La Veuve dans la Marne, puis il a participé à la campagne de Belgique en mai 1940. Replié dans la Marne, puis dans l'Aube, son régiment a finalement pris garnison à Castres (Tarn).

   Au cours de l'exode de mai 1940, Maurice GOUJARD a quitté Vitry-le-François pour aller se réfugier dans le Puy-de-Dôme avec ses parents, son épouse Marcelle née POUCHENOT, son fils Pierre, sa fille Gisèle et Rose PROBST, la mère du fiancé de Gisèle.
   Au lendemain de la défaite, ne pouvant rentrer à Vitry-le-François, ville dévastée lors de l'offensive allemande de mai 1940 par des obus explosifs et incendiaires, et où sa boucherie avait été entièrement détruite, Maurice GOUJARD a acheté une épicerie-charcuterie 20, avenue de la République à Clermont-Ferrand. Invalide de guerre, il a obtenu un contrat avec le service du Ravitaillement général, ce qui lui a permis de disposer de deux véhicules équipés de gazogènes.
  
   Démobilisé à Castres le 18 novembre 1941, Jean PROBST a rejoint Gisèle GOUJARD à Clermont Ferrand où ils se sont mariés le 15 novembre 1941. Les jeunes mariés se sont installés 18, avenue de la République à Clermont-Ferrand, tout près des parents GOUJARD. Jean a repris son métier de mécanicien-auto aux Établissements Dumas, Colinot et Cie 12, rue Colbert.
   En octobre 1942, Gisèle a mis au monde une petite fille, Michèle.
   En novembre 1942, après l’invasion de la zone Sud par la Wehrmacht, la ville de Clermont-Ferrand a connu à son tour l’occupation allemande.

 
L'engagement de la famille Probst-Goujard dans le réseau Mithridate

   En janvier 1943, Maurice GOUJARD, contacté par DUPUIS, un ancien gendarme de Vitry-le-François, s'est mis avec toute sa famille au service du réseau Mithridate, un des grands réseaux de renseignement militaire.
   Créé dès août 1940 par Pierre-Jean HERBINGER, colonel BRESSAC dans la Résistance, et implanté initialement dans le Var et en Corse, le réseau franco-britannique Mithridate était au service de l'Intelligence Service, puis il a été rattaché au Bureau central de renseignements et d'action ( BCRA ) de la France libre et il a étendu son implantation à Paris, en province, en Belgique et en Italie.

Pierre-Jean Herbinger, colonel Brissac dans la Résistance
chef du réseau Mithridate


   Le domicile de la famille GOUJARD-PROBST à Clermont-Ferrand servait de boîte aux lettres et de refuge pour les clandestins.
   Maurice mettait ses deux véhicules gazogènes au service du réseau, dans des missions de reconnaissance de terrains d'atterrissage pour avions Lysander, et de transport des agents du réseau. Ces petits avions étaient utilisés par la Royal Air Force (RAF) pour infiltrer ou exfiltrer des agents du réseau envoyés en territoire occupé ou rappelés à Londres.
   Jean effectuait des missions de renseignement.
   Rose, Gisèle et son frère Pierre servaient comme agents de liaison.


Les missions à Clermont-Ferrand, Lyon et Saint-Amour

Jean Probst, pseudo " Jeannot "


Fausse carte d’identité utilisée par Jean Probst dans la Résistance,
au nom de Jacques Presson, né à Dunkerque le 8 octobre 1916 et domicilié à Sorgues ( Vaucluse )

   Le 16 octobre 1943, Jean PROBST, pseudo " Jeannot", a quitté Clermont-Ferrand avec ARMAND, un autre agent du réseau Mithridate. Jockey français naturalisé anglais avant-guerre, ARMAND avait été été parachuté sur Dieppe en août 1942 lors de l'opération Jubilee, et avait participé à la campagne de Libye dans les rangs de l'armée britannique. Leur mission était de préparer l'exfiltration vers l'Angleterre par avion Lysander, du lieutenant-colonel Jean GANEVAL, lui aussi membre du réseau Mithridate recherché par la Police allemande, qui se cachait dans la Ferme de la Rapine sur la route de Lyon, et qui était appelé à prendre le commandement d’une unité de la France combattante. Ils ont convoyé Jean GANEVAL dans une traction-avant Citroën jusqu'à Lyon où ils l'ont caché dans une planque 110, Cours Tolstoï, puis ils sont allés reconnaître un terrain d'atterrissage dans le secteur de Saint-Amour dans le Jura, accompagnés d'un opérateur-radio qui a transmis à Londres les coordonnées du terrain.
   Dès le début de cette mission, la traction-avant conduite par Jean PROBST avait été prise en chasse par une voiture de la Gestapo qu'il a réussi à semer, en évitant in extremis un troupeau de vaches qui est venu barrer la route de ses poursuivants à Pont-du-Château à une quinzaine kilomètres à l'est de Clermont-Ferrand.


   De retour à Lyon, le 17 octobre 1944, Jean PROBST a été informé par le chef du réseau Mithridate, le colonel BRESSAC, que des arrestations venaient d'être opérées à Clermont-Ferrand, et qu'il le chargeait de s'y rendre pour recueillir des informations sur ces arrestations en prenant le train à Gannat dans l'Allier. C'est là que les trains venant de Paris et de Lyon en direction de Clermont se rejoignaient. Dans le train de Paris se trouvait INGOUF, un agent du réseau qu'il fallait intercepter pour lui dire de ne pas se rendre à Clermont-Ferrand.

    Le 17 octobre 1943, à Clermont-Ferrand, le réseau Mithridate avait en effet été décimé par de nombreuses arrestations opérées par la Police allemande sur dénonciation par un étudiant de la faculté de Strasbourg réfugié à Clermont-Ferrand, où un sous-officier de la Wehrmacht avait été abattu le 16 octobre. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient Maurice GOUJARD, Rose PROBST, Gisèle PROBST, et Clément MEIS, pseudo « Aimé », l’opérateur-radio du réseau Mithridate.

    De retour dans la soirée à Clermont-Ferrand, Jean PROBST s'est rendu avec maintes précautions chez sa belle-mère, Marcelle GOUJARD, qui l'a informé que sa mère Rose, son épouse Gisèle, son beau-père, Maurice GOUJARD, et son ami, Clément MEIS, venaient d'être arrêtés par la Police allemande, qu'ils étaient tous internés à la prison de Clermont-Ferrand, et que lui même était recherché. Elle le supplia de ne pas se rendre à son domicile placé sous surveillance, de s'enfuir au plus vite et de se cacher.
   Grillé à Clermont-Ferrand, Jean PROBST n'eut que le temps de serrer dans ses bras sa petite fille Michèle âgée d'un an et demi, qu'il a confiée aux bons soins de sa belle-mère, avant de repartir à Lyon, où Jean GANEVAL venait d’être arrêté par la Gestapo.

[ Emprisonné au Fort de Montluc à Lyon, puis transféré à Compiègne, Jean Ganeval a été déporté au camp de concentration de Buchenwald par le convoi du 27 janvier 1944. Rentré de déportation, il a été promu général de brigade, et a exercé les fonctions de gouverneur militaire de Berlin en 1948-1949, puis de Haut-Commissaire français à l’Office militaire de sécurité alliée à Coblence de 1949 à 1951.
Promu général de division, il a été le chef d’état-major des ministres de la Défense nationale, Georges Bidault et René Pleven en 1951-1952, puis il a été nommé en 1954 au secrétariat général militaire de la présidence de la République. Le 8 mai 1955, au nom du président de la République René Coty, le général Ganeval a présidé à Reims l’inauguration du Monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation sous les Hautes-Promenades, cérémonie au cours de laquelle il a déposé une urne contenant des cendres provenant de plusieurs camps de concentration nazis ].


Le parcours de Jean Probst dans la Résistance
après les arrestations d'octobre 1944

   À Lyon, Jean PROBST a retrouvé ARMAND et ensemble ils ont entrepris de se rendre à Toulouse puis dans la région de Montauban, où ils ont été hébergés à la campagne par la famille RENARD.

   En novembre 1943, après que la liaison avec le réseau Mithridate ait été rétablie par l'intermédiaire de l'épouse de l'agent INGOUF, Jean PROBST a reçu l'ordre de se teindre les cheveux en blond, de se laisser pousser la moustache et de se munir d'une nouvelle fausse carte d'identité au nom de Pierre GOUBERT, né à Dunkerque en 1913, agent d'assurances.

   Sa première mission fut d'aller repérer un poste de défense allemand installé dans le clocher d'une église située à une dizaine de kilomètres de Montauban.

   Installé à Toulouse où il a changé trois fois de logement et s'est teint les cheveux en noir, Jean PROBST a ensuite servi d'agent de liaison entre le chef du secteur de Toulouse, Jean PESCAY, pseudos MARSEILLE, puis JEAN-JEAN, et l'opérateur-radio du réseau, Jean-Marie LANDRY, pseudo ANDRÉ, un ancien radio de l'armée de l'Air, domicilié à Allemans-du-Dropt, un petit village situé dans la nord du Lot-et-Garonne à quelques kilomètres de Miramont-de-Guyenne, où il s'était installé comme réparateur de bicyclettes, profession qui lui servait de couverture.
   Jean PROBST lui communiquait les messages destinés à Londres, et il rapportait à Toulouse les messages reçus de Londres. Il devait par mesure de sécurité apprendre par cœur ces messages dont il ne gardait sur lui aucune trace écrite. Dans le même temps, il effectuait des missions de renseignement à Montauban et à Montech-en-Tarn-et-Garonne.

   Le 11 janvier 1944, Jean PROBST a été arrêté à Toulouse en même temps que son camarade Jean-Louis, et conduit dans une villa réquisitionnée par la gestapo, où il a été soumis à la torture.

    La nuit était tombée. Nous passâmes par la cour pour entrer dans la villa, puis mon garde du corps me poussa dans la première pièce du rez-de-chaussée où il y avait quatre types qui m'accueillirent à coups de poing. J'étais renvoyé par les coups qui pleuvaient de l'un à l'autre, leur servant de punching-ball. Saoulé de coups, je m'écroulai sur le sol ; là ils me forcèrent à me relever à coups de pied et cela dura encore un certain temps.
   À ce moment il n'y avait pas d'interrogatoire, mais ils m'abreuvaient d'injures, tout en continuant à frapper. C'étaient de véritables sadiques. Cette séance préparatoire était la mise en condition. J'avais le visage en sang, des dents cassées, les oreilles me faisaient terriblement souffrir, mais j'étais dans un état second, ne souhaitant qu'une chose, en finir au plus vite.
    C'est alors qu'ils me conduisirent dans un bureau pour être interrogé. Il y avait derrière le bureau un officier SS qui commença à me poser des questions, les premières anodines, mon âge, mon véritable nom ( j'avais été arrêté sous le nom de Goubert avec une fausse carte d'identité que le réseau m'avait fournie ). Ils s'étaient vite aperçus que cette carte était fausse. Quand j'ai décliné mon vrai nom Probst, cela eut le don de les mettre en colère, prétendant que c'était un nom allemand, que j'étais en traître et que je subirais le sort réservé aux espions, c'est-à-dire la mort [...]
   Alors commença l'intimidation. L'officier sortit son pistolet me donnant une minute pour répondre. Pendant ce temps mes gardes du corps me tabassaient copieusement. Les secondes passaient, mais malgré mon état, il me restait assez de lucidité pour comprendre qu'ils ne me tueraient pas tout de suite.
    Je fus attaché à une corde par les menottes, les bras dans le dos ( les menottes dans le dos ne m'avaient pas été enlevées depuis l'arrestation ).
   Il y avait deux types de la Gestapo qui tiraient sur cette corde me soulevant du sol et d'autres me faisaient tourner, tout en me tabassant le dos à l'aide de goumis ( c'est un tube en caoutchouc dur avec une boule de plomb au bout ) et toujours des questions entre les coups.
  « Tu connais untel ? On t'a vu avec celui-ci. Pour qui travailles-tu ? Qui est ton chef de réseau ? Quel est ton radio ? » Cela a été certainement un des moments les plus pénibles, car dans l'état où j'étais, il fallait que je me rappelle ce qu'ils avaient déjà demandé, ce qu'ils savaient, ce qu'ils inventaient [...]
   Conduit dans une salle de bain, ils m'enlevèrent les menottes, puis me firent déshabiller. Ensuite, je fus plongé dans l'eau glacée de la baignoire. Ils me remirent les menottes dans le dos et les questions recommencèrent, et comme je ne répondais pas, ils me plongeaient la tête dans l'eau jusqu'à suffocation.
De temps en temps, ils changeaient de méthode, me parlaient de choses et d'autres, du communisme, des terroristes qui n'avaient pas compris que seule l'Allemagne pouvait sauver l'Europe. Et puis sans transition, la séance dans la baignoire recommençait et cela a duré une bonne partie de la nuit [...]

                                                                                                                                                    Jean PROBST

    En 1989, le lieutenant-colonel LANDRY, opérateur-radio du réseau Mithridate, qui a côtoyé Jean PROST à la prison de Toulouse peu de temps après son interrogatoire par la Gestapo, a témoigné des mauvais traitements subis par ce dernier :

   Si j’étais dans un triste état physique après les mauvais traitements de la Gestapo, Probst arrêté avant moi portait encore des traces de tortures infligées par la Gestapo toulousaine. Son nez était dévié et décollé sur un côté où apparaissait une cicatrice.   
   Les coups reçus sur la tête le défiguraient, ses oreilles étaient enflées, la Gestapo toulousaine laissant les poignets entravés par les menottes, suspendait leurs victimes au plafond pour leur infliger des coups sur tout le corps.
   Il était visible que les poignets de Probst étaient blessés. Les menottes comprenaient un métal plat enserrant les poignets, métal plat qui ne pouvait que s’enfoncer dans les chairs dans une position de suspension, ce qui avait provoqué des blessures apparentes.
   Il est certain que ce genre de tortures devait se répercuter sur tout le corps du fait des coups secs qui infligeaient à ce corps des mouvements oscillatoires qui ont dû provoquer bien d’autres blessures que je n’ai pu constater.

Jean-Marie LANDRY   

   D'abord interné à la prison Saint-Michel de Toulouse, Jean PROBST a ensuite été transféré le 5 février 1943 à Agen dans la caserne Lacuée, aménagée en camp d’internement, où il a été mis au secret pendant trois semaines.

  Au cours de la nuit du 3 au 4 mars 1944, Jean PROBST et son camarade de cellule Fernand PILOT, qui avait réussi à cacher un couteau, sont parvenus à creuser un trou dans le vieux mur de briques de leur cellule et à s’évader à l'aube.

   Après avoir quitté la ville, ils ont marché en direction de Caudecoste, un village situé à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’Agen, où habitait GARLATTI, un camarade de cellule de Fernand PILOT qui avait été libéré. Après les avoir restaurés, GARLATTI les a conduits dans une ferme isolée où ils ont passé la nuit dans une grange à foin.

   Le 5 mars, ils ont franchi la Garonne et sont remontés vers le nord, où PILOT pensait pouvoir compter sur l’aide de membres de sa famille, par des petites routes, en évitant Agen. Arrivés au village de La Croix Blanche, à une dizaine de kilomètres au nord-est d’Agen, ils ont pu acheter de la nourriture dans une épicerie. Un habitant du village les a ensuite conduits jusqu’à un abri situé au lieu-dit La Croix-Blanche, où ils ont passé la nuit.

Abri où Jean Probst et Fernand Pilot
ont trouvé refuge dans la nuit du 5 au 6 mars 1944
à la Croix-Blanche

   Le 6 mars 1944, ils ont repris la route et parcouru une trentaine de kilomètres jusqu’au petit village de Coulx situé au nord d’Agen près de Monclar. Ils y ont été recueillis, nourris, hébergés, soignés par Daniel et Marthe LALAURIE dans la Ferme de Carrou, où les deux évadés se sont cachés pendant deux mois.

   En mai 1944, ils ont rejoint le maquis du secteur au sein de la 8e Compagnie du 3e Bataillon des Groupes Vény des Forces françaises de l'intérieur ( FFI ), commandée par le capitaine DAMADE, et ont participé à la libération d’Agen le 19 août 1944.


Le démobilisation
et le retour à Clermont-Ferrand, puis à Vitry-le-François

   Démobilisé le 15 novembre 1944, Jean PROBST est rentré à Clermont-Ferrand où il a retrouvé sa petite fille Michèle et sa belle-mère, Marcelle GOUJARD. Il est resté auprès d’elles, et des grands-parents GOUJARD, dans l’attente du  retour de son épouse Gisèle, de sa mère Rose, déportées à Ravensbrück, et de son beau-père Raymond GOUJARD, déporté à Buchenwald, dont il était sans nouvelles.

Jean Probst et sa petite fille Michèle
à Clermont-Ferrand en novembre 1944

  Le 31 mai 1944, le général KOENIG, Délégué militaire du Comité français de libération nationale,  a cité Jean PROBST à l'ordre de la Division et lui a décerné la Croix de guerre avec étoile d'argent.

   Le 1er mars 1945, le colonel BRESSAC, chef des réseaux Mithridate, attestait que Jean PROBST « a été employé depuis le premier semestre 1943 dans ses réseaux comme agent de renseignement », et « qu’arrêté par la Gestapo et évadé il a toujours servi avec " Honneur et Fidélité " ».

   Clément MEIS, agent du réseau Mithridate qui avait été arrêté le 17 octobre 1943 à Clermont-Ferrand et déporté à Buchenwald, a attesté que son camarade Jean PROBST « a toujours été un grand patriote et a rendu de grands services au réseau ».

   Le 19 mars 1947, Jean PROBST, rentré à Vitry-le-François, a été avisé par le chef du bureau de l’état-civil Déportés du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre, qu’il avait demandé au maire de Clermont-Ferrand d’inscrire la mention « Mort pour la France » dans l’acte de décès de sa mère Rose PROBST, décédée à Ravensbrück.

   Après la guerre, Jean PROBST a été décoré de la Médaille de la Résistance et a été homologué agent P2 du réseau Mithridate avec le grade d'assimilation de sous-lieutenant des Forces franbçaises combattantes ( FFC ). Il a reçu la carte d'Interné-résistant et la carte de Combattant volontaire de la Résistance.

Des anciens membres du réseau Mithridate en visite chez les Probst à Vitry-le-François

                                À gauche, Marcelle Goujard et Jean Pescaye
                                Au centre, Jean et Gisèle Probst entourés de leurs enfants Jean-Louis, Daniel et Michèle
                                À droite Aimé Meis

( Photo publiée dans l’ouvrage de Rogatien Gautier et Jacqueline Fournier, Agent « Number One »
réseau Mithridate 1940-1945, France-Empire, 2003 )

Jean Probst de retour à la Ferme de Carrou après la guerre

   Décédé en novembre 1996,  Jean PROBST est inhumé dans le cimetière communal de Saint-Amand-sur-Fion, dans le caveau de sa belle-mère, Marcelle GOUJARD, tout près de la sépulture familiale où est honorée la mémoire de ses parents.

La sépulture de Jean Probst à Saint-Amand-sur-Fion


Sources
Classement chronologique  

-  Archives du service départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre de la Marne.
Recensement des internés et des déportés marnais par André AUBERT, Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale.
Jean PROBST et Gisèle PROBST, " La Chance. Mémoires de Jeannot Probst, un combattant de l’ombre ", texte dactylographié préfacé par Aimé Meis, opérateur-radio du réseau Mithridate, déporté à Flossenbürg , sans date.
Aimé MEIS, " 1942-1945… De la résistance à la déportation… ", mémoires de l’opérateur-radio du réseau Mithridate, texte manuscrit, sans date.
Jean-Marie GUILLON, " Herbinger Jean, colonel Bressac ", chef du réseau Mitridate ", in Dictionnaire historique de la Résistance, Bouquins, Robert Laffont, 2006.
Jean-Pierre et Jocelyne HUSSON, La Résistance dans la Marne, dévédérom, AERI-Fondation de la Résistance et CRDP de Reims, 2013.

© Canopé Reims, 2017
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