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La journée du souvenir
et le circuit des Villages détruits
du Camp de Suippes

Dossier présenté par Jean-Pierre HUSSON

Une journée du souvenir et une visite-pélerinage
organisée à l'iniative de l'autorité militaire

Une visite très attendue par les descendants des habitants des village détruits
et des soldats tués au combat dans ce secteur

Des visites annuelles depuis 2009

Le circuit des 5 villages détruits

 






Une journée du souvenir et une visite-pélerinage

organisée à l'iniative de l'autorité militaire

   Tous les deux ans, les autorités militaires du Camp de Suippes organisent une visite-pélerinage des cinq villages Tahure, Hurlus, Perthes-les-Hurlus, Le-Mesnil-les-Hurlus, Ripont, et de la Ferme de Beauséjour.
   
Presqu'entièrement détruits pendant la 1ère guerre mondiale et
jamais recontruits, ces villages appartiennent à ce qu'on a appelé la « zone rouge » reconvertie en 1922 en camp militaire sur un espace de 14 432 hectares.
   Cette journée du souvenir coïncide généralement avec la journée européenne du patrimoine en septembre.

   En 1999, la journée du souvenir s'est accompagnée d'une animation en costumes d'époque assurée par l'Association du Poilu de la Marne

   La journée du souvenir prévue le 16 septembre 2001, annulée en raison du Plan Vigipirate déclenché après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, a été reportée au dimanche 22 septembre 2002.
   En 2005, elle a eu lieu le dimanche 11 septembre.
   Celle du 16 septembre 2007 a été annulée,
   En 2008, la journée du souvenir a été programmée le 11 novembre dans le cadre du 90e anniversaire de l'armistice de 1918.


Une visite très attendue par les descendants des habitants des villages détruits
et des soldats tués au combat dans ce secteur

   La visite des villages détruits est attendue par des familles entières venues parfois de très loin, telle la famille DARIO qui ayant découvert sur « Histoire et mémoires » la possibilité d'accéder à ces villages détruits, m'interrogeait régulièrement depuis 2006 sur la messagerie de ce site pour connaître la date de la prochaine Journée du souvenir qui leur permettrait de venir honorer la mémoire de leur aïeul tué à la Ferme de Beauséjour en février 1915 :

   Nous suivons avec beaucoup d'attention ce qui est présenté sur votre site.
   Nous avons ainsi appris que la visite des villages disparus, à l'intérieur du camp militaire de Suippes, était programmée pour le 11 novembre 2008.
   Nous en avons fait part aussitôt à notre famille. Ce sont donc 10 personnes qui viendront voir ce qui reste de ces villages, tout particulièrement la Ferme de Beauséjour, lieu où leur grand père ( pour cinq d'entr'eux ) ou arrière grand père est mort au combat.
   Nous vous félicitons de nouveau pour votre admirable travail ; nous manquerons pas de le faire de vive voix si nous vous rencontrons lors de la visite.

   Voici le message que cette famille m'a adressé à l'issue de la Journée du souvenir du 11 novembre 2008 :

   Notre groupe était formé de 8 personnes dont 4 petites filles du soldat du 84e RI, Marcel Valard, qui a trouvé la mort le 16 Février 1915 à la Ferme de Beauséjour .
   Les navettes mises en place par l'Armée étaient bien pratiques ; elles permettaient à chacun de prendre, à sa guise, le temps de visiter les villages abandonnés. Nous avons également apprécié la possibilité de se procurer le progamme, le journal L'Union qui consacrait de beaux articles sur cette manifestation, les envelopes pré-timbrées; les panneaux de documents et animations aux abords des sites.
   Nous avons été très surpris de commencer la visite par La Ferme de Beauséjour, votre site annonçant qu'elle arrivait en quatrième position
[ L'ordre des visites peut varier en fonction de l'affluence et de la gestion du flux des autocars de l'Armée mis à la disposition des visiteurs ] . Notre visite s'est effectué dans cet ordre : Ferme de Beauséjour, Mesnil les Hurlus, Hurlus, Perthes les Hurlus,Tahure, Ripont. Nous n'avons pas visité Ripont, n'ayant pas compris que sa visite demandait de monter dans un minibus qui partait de Tahure et nous y ramenait.
   Dès le premier arrêt du car, dépassant notre surprise, nous sommes allés voir ce qui restait de la ferme de Beauséjour et ressenti une profonde émotion mélée de déception. La nature avait repris ses droits et il subsistait peu de choses : quelques ustensiles, casques, gourdes et débris. Poignant ! Des panneaux sur lesquels étaient affichés photos et divers documents nous ont donné de précieux et émouvants renseignements en particulier à ceux d'entre nous qui ne disposent pas d'Internet et donc ne connaissent pas votre site bien documenté.
   Le jumelage d'exposition d'œuvres d'art et animations avec la visite a été diversement apprécié. Nous avons aimé la prestation de la talentueuse et discrète jeune femme qui chantait et jouait de la flûte à Hurlus, ce qui cadrait fort bien avec la gravité du lieu ainsi que les chaises garnies d'anges blancs à Perthes les Hurlus, terrible symbole des hommes disparus.

Par contre, les statues d'animaux faits de bric à broc, à Mesnil les Hurlus nous ont déplu. Nous avons les avons trouvé laides, ne cadrant pas avec le lieu, et qu'au contraire elles le dépareillaient. Nous n'étions pas venus pour voir une exposition ou assister à un spectacle, notre motivation était de voir les lieux où nos grands pères, et tant de leurs compagnons et aussi tant de leurs ennemis d'alors avaient trouvé une mort horrible. Aussi nous estimons que les œuvres d'art, les animations se doivent être discrétes, doivent contribuer au sentiment de gravité et de respect du lieu. C'est ce qui a été réussi avec les chaises porteuses d'anges, la musicienne chanteuse, les sihouettes de bois carbonisé.
   Nous avons bien pris notre temps : partis peu avant 11 heures, nous sommes revenus vers 15 heures, apprenant alors que les ventes de ticket de bus étaient arrêtées compte tenu de l'énorme affuence encore à servir, ce qui a provoqué bien de grondantes déceptions. Mais les militaires avaient raison : ils ne devaient prendre aucun risque mettant en danger la sécurité du public sachant qu'à cette époque de l'année la nuit tombe rapidement .
   Nous avons donc pris le temps de bien regarder, de photographier, de filmer, de lire les documents, d'entrer quelque peu dans les taillis espérant trouver des ruines de bâtiment, tranchées ou objets, de nous déplacer avec respect parmi les tombes, d'écouter un militaire devant le calvaire de Beauséjour.    En particulier, nous avons écouté avec beaucoup d'intérêt le représentant ( un quinquagénaire ) d'un groupe allemand ( 20 personnes environ ) s'exprimer devant un groupe de touristes et deux journalistes de FR3 Champagne. Il exposait comment les troupes allemandes, à partir des observations de leurs avions organisaient leurs plans de bataille.

   Que ressentons nous à l'issue de cette visite ? D'abord le sentiment du devoir accompli ; notre aïeul méritait cet égard. Nous avons ressenti aussi un peu de frustation. Certes,nous sommes reconnaissants à l'Armée d'avoir ouvert ses portes et d'avoir assuré le transport. Mais même si le programme nous a été fort utile, nous aurions souhaité qu'à chaque site, on puisse recevoir un complément d'informations par un guide.
   Ceci dit, nous avons passé une belle journée en plein air et enrichi nos connaissances sur un fait historique douloureux.

Françoise et Mario DARIO


Des visites annuelles depuis 2009

   En 2009, l'autorité militaire a pris l'initiative d'organiser une visite exceptionnelle des villages détruits qui a eu lieu le Samedi 12 septembre.
   Cette visite était organisée par le
lieutenant-colonel ANTROPIUS, commandant le Centre d'entraînement des Brigades ( CEB ) de Mourmelon-Suippes.


Franck BEAUPÉRIN
( lieutenant ),
" La Journée des villages détruits du camp de Suippes ",
Patrimoine, Les Chemins de la Mémoire, n° 196, juillet-août 2009.


   
Ce dispositif a été reconduit chaque année depuis 2009 : 

      - en 2010, le dimanche 12 septembre de 19 heures à 19 heures 30.

      - en 2011, le samedi 10 septembre de 12 heures à 17 heureset (visite des villages détruits) et le dimanche 11 septembre de 10 heures à 17 heures (cérémonie militaire du souvenir à Tahure, cérémoie religieuse à Perthe-les-Hurlus et visite des villages détruits).

Renseignements :
Tèl. 03 26 68 24 09

Contact en 2010  / Camp de Suippes :
Adjudant-chef Jean-Michel HOSMANN
Officier Supérieur Adjoint du
Centre d'Entraînement des Brigades
Tél 03.26.63.71.01
Fax 03.26.63.71.06
06.78.44.47.83

jean-michel.hosmann@ceb-mourmelon.terre.defense.gouv.fr


Le circuit des 5 villages détruits

   À la sortie de Suippes en direction de Sainte-Ménehould, l'accès vers le Camp est indiqué.
   La visite se fait en autocars-navettes à partir du Camp de Suippes où les visiteurs après avoir stationné leurs véhicules sur un parking réservé, sont pris en charge par les militaires devant le mât des couleurs du Poste de commandement du Camp près du bureau de garnison.

La stèle des villages détruits à l'intérieur du Camp
En blanc, le périmètre du Camp de Suippes.
Le triangle rouge symbolise le monument-ossuaire de Navarin
dédié aux morts des Armées de Champagne pendant la 1ère guerre mondiale.
Les cinq étoiles rouges représentent les cinq villages
détruits pendant la 1ère guerre mondiale,
dont les noms sont gravés sur la pierre.

Circuit habituel mais qui peut être mofifié
en fonction de l'affluence et des cars disponibles

   Les cars longent le quai d'embarquement SNCF et, à partir du carrefour 185 ( Mont des Vignes ), empruntent l'ancienne route de Suippes à Perthes-les-Hurlus, laissant sur leur droite le champ de tir « aviation » avec sa tour de contrôle et ses cibles.
   Ils atteignent l'ancienne voie romaine ( carrefour 195 ) qui reliait Reims à Verdun et qui traverse aujourd'hui le camp d'ouest en est.
   C'est sur les hauteurs situées au nord de cette ligne, qu'après la retraite de la Marne de septembre 1914, les Allemands avaient aménagé de solides installations défensives.
   Ils pénètrent dans la « zone rouge », une zone où tous les vestiges de la 1ère guerre mondiale sont restés en l'état, et se trouvent aujourd'hui érodés par l'usure du temps : tranchées, sapes, entonnoirs, blockhaus, réseaux et encore d'innombrables projectiles toujours dangereux qui remontent année après année à la surface du sol.    Les cars-navettes s'arrêtent à l'emplacement de chacun des anciens villages où des panneaux d'information renseignent sur leur histoire.
   On peut prolonger la visite d'un village et prendre la navette suivante.
   
   Premier arrêt Perthes-les-Hurlus
   
   Les cars empruntent ensuite la route empierrée qui reliait
jadis Souain à Massiges.
   C'est à partir de cette route que s'est développée l'offensive du 25 septembre 1915 qui, en un seul bond, a porté les troupes françaises jusqu'à la ferme de Navarin, Tahure, et le hameau des Maisons de Champagne, sans pouvoir toutefois entamer le saillant des Mamelles et de la Butte du Mesnil, et qui ne put aboutir à percer la seconde ligne allemande, faute de réserves.

   Second arrêt : Hurlus
  

   Troisième arrêt : Le Mesnil-les-Hurlus    

   Quatrième arrêt : La Ferme de Beauséjour   

   Cinquième arrêt : Ripont    Les cars prennent maintenant la direction de l'est et remontent le cours de la Dormoise pour atteindre la Butte de Tahure ( 191 m ) que les Allemands ont défendue avec acharnement de 1915 à 1918.
     Le secteur de Tahure eut les honneurs des communiqués au même titre que les hauts lieux de la région de Verdun.
   

   Sixième arrêt : Tahure    Après avoir quitté Tahure, les cars empruntent la route de Souain.
   Sur la gauche s'étend un grand glacis dont l'aspect, quasiment inchangé depuis la 1ère guerre mondiale ( sauf les parties boisées ), donne une idée de ce qu'était le paysage d'alors. Sous une apparente uniformité se cache un véritable parcours d'obstacles pour fantassin : labyrinthes de tranchées et de boyaux, cratères et réseaux de barbelés.
   Les cars reprennent la route périphérique ouest du Camp et ramènent les visiteurs au parking où ils ont laissé leurs véhicules.

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