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À la prison
de Châlons-en-Champagne

 




39 noms de déportés châlonnais, résistants, politiques et raciaux

Cette plaque a été posée par les familles
et les amis des Châlonnais partis de cette
prison pour les bagnes nazis où ils sont
décédés après un long et douloureux martyre

Recherche effectuée
par Aurore CHABAUD,
élève du lycée Clemenceau de Reims
lauréate du Concours de la Résistance 2000
petite-fille d'Alfred CHABAUD
déporté châlonnais

   À droite de la porte centrale de la Prison une plaque a été posée par les Familles et les Amis des Châlonnais partis du quartier allemand de cette prison pour les bagnes nazis où ils sont décédés après un long et douloureux martyre.
   Trente neuf noms sont gravés dans le marbre et ils évoquent à la fois le souvenir des actions de la Résistance et la mémoire des victimes des persécutions et des répressions de la longue nuit de l'Occupation.
   En respectant l'ordre alphabétique j'ai complété l'histoire qu'évoque cette plaque.

  • AST Rachel, la maman âgée de 39 ans

  • AST Solange, la fille âgée de 18 ans

  • AST Marc, le fils âgé de 9 ans

   Cette famille israélite habitait à Saint-Memmie - Rue du Grand Mau .
   Elle était de condition modeste ; le papa Alfred AST était marchand forain.
   Leur fille, Solange, une gracieuse gymnaste de La Renaissance de Châlons,
fut arrêtée en 1943 et gazée à Auschwitz-Birkenau dès son arrivée au camp.
   Seul le père échappe à la mort.

  • BAYIOT Pierre, âgé de 36 ans, résistant mort pour la France à Ellrich.
    Membre très actif du Cercle catholique de Châlons.
    Sous-lieutenant de réserve, mobilisé en août 1939, il participe avec son régiment à la campagne de Belgique où il est blessé à Dunkerque le 1er juin 1940.
    Débarqué et soigné en Angleterre, il rejoint la France par l'Espagne.
    Démobilisé, il rentre à Châlons où il tient le café de L'Hémicycle.
    Refusant d'accepter la défaite il entre dans les Forces Françaises Combattantes et participe à des actions de parachutage.
    Arrêté le 8 septembre 1943 sur dénonciation par la Gestapo, enfermé à la prison de Châlons, il est déporté en Allemagne le 24 janvier 1944 à Buchenwald en avril 1944.
    Il est transféré en passant par Dora à l'un des pires camps d'extermination, Ellrich, où il décède le 7 janvier 1945.
    Il laisse une veuve et cinq enfants en bas âge.

  • BEGUE André, âgé de 36 ans domicilié à Châlons -  17, rue du Général Compère, résistant à la SNCF.
    Mort au camp de Dora en 1944.

  • BOLOT Armand, âgé de 37 ans épicier à Saint-Memmie - 19, rue Cabart.
    Arrêté par la Gestapo le 4 novembre 1943, résistant du Groupe Tritant, mort en avril 1945 à Franzenbad au moment de la libération.

  • BRAUN Marie, âgée de 46 ans habitait à Châlons - Route d'Epernay.
    Elle fut arrêtée ainsi que son mari, Emile, le 6 mars 1944 par la Gestapo à la suite d'une dénonciation en même temps qu'un aviateur anglais qu'elle cachait.
    Elle fut déportée à Ravensbrück et faisait partie des 164 détenues du camp fusillées par les SS peu avant l'arrivée des troupes alliées.
    Son mari déporté à Auschwitz fut libéré par les Soviétiques et rentra en France.

  • BRILLON Paul, âgé de 34 ans domicilié à Châlons - Chemin de la Fosse aux Brebis.
    Arrêté en dehors de Châlons pour attitude hostile à l'Allemagne.
    Mort au camp de Dora ( Tunnel de construction des V1) en 1944.

  • BURGHARD André, âgé de 34 ans, domicilé à Châlons - 3, Boulevard Emile Zola.
    Arrêté le 12 février 1944 par la Gestapo, décédé à Cham en 1945.

  • CAIN Jean, âgé de 41 ans domicilié à Saint-Memmie - Grande Rue.
    Arrêté comme israélite, mort en 1945 à Dachau.

  • CHABAUD Alfred, âgé de 45 ans, domicilié à Châlons - 4 Rue Chevalier.
    Professeur d'Histoire et d'Économie politique à l'École des Arts et Métiers, révoqué par le gouvernement de Vichy, travaillait à la Préfecture de la Marne.
    Entré en 1941 dans la Résistance au réseau Brutus-Nord.
    Arrêté par la Gestapo le 7 janvier 1944, déporté en Allemagne le 27 du même mois.
    Il connut les camps de Buchenwald, Dora et le tunnel d'Ellrich où il mourut le 30 juillet 1944.
    Une place avait été réservée à ce grand patriote dans la délégation municipale de la Libération.
    Le 18 mai 1945, le maire Irènée Dlevaque rendit un hommage particulier à sa mémoire.
    Un amphithéâtre de l'École Nationale Supérieure des Arts et Métiers porte son nom.

  • CHARLES Pierre, âgé de 53 ans, domicilié à Châlons - Place de la Caisse d'Épargne.
    Directeur du Ravitaillement général de la Marne, résistant arrêté par la Gestapo sur dénonciation le 6 septembre 1943.
    Mort en déportation en 1945 à Dachau.

  • CHARLES Michel, son fils âgé de 19 ans, mort à Neuengamme début 1945.

  • DABE Vincent, âgé de 45 ans domicilié à Châlons - 11, Quai Barbat.
    Arrêté le 24 février 1943 pour attitude hostile envers l'Allemagne, mort en 1944 au camp de Dora.

  • DEGRANDCOURT Lucien, âgé de 57 ans, Directeur Départemental des PTT, domicilié à Châlons - rue de la Rochefoucauld.
    Arrêté par la Gestapo le 15 juin 1944 pour attitude hostile envers l'Allemagne.
    Mort en 1944 au camp de Buchenwald.

  • DEGRANDCOURT Jacques, âgé de 26 ans, domicilié à Châlons - Rue des Juifs.
    Chef du Groupe Melpomène, créé fin 1943 pour aider les réfractaires du STO, seul maquis organisé de l'arrondissement de Châlons.
    Il tomba dans les filets de la Police allemande le 24 juillet 1944 à l'entrée du village de Braux-Saint-Remy.
    Déporté en Allemagne il décède en 1945 à Vaihingen.

  • DIDA Adolphe, âgé de 39 ans, domicilié à Châlons.
    Arrêté le 19 août 1942 par la Police allemande pour activité hostile à l'Allemagne.

  • DROUILLY Roland, âgé de 64 ans, domicilié à Châlons - 73, Faubourg Saint-Antoine.
    Arrêté par la Gestapo le 18 janvier 1944.
    Propriétaire de l'usine d'équarrissage de Châlons située à la sortie de la ville en direction de Vitry-le-François, il avait mis à la disposition du Groupe Tritant, une cuve où était déposé un très important dépôt d'armes, de munitions et d'explosifs provenant de deux parachutages.
    Sa découverte fut une grosse perte pour la Résistance.
    Il fit partie du fameux convoi du 27 avril 1944 composé de résistants qui, partant de Compiègne, arriva à Auschwitz d'où il devait être transféré à Buchenwald. . Malheureusement, intransportable il resta à Auschwitz où il est décédé peu de temps après.

  • FRIBOURG Lucien, âgé de 71 ans, domicilié à Châlons - Rue Grande Étape, arrêté le 27 janvier 1944 comme israélite.

  • FRIBOURG Fernande, son épouse âgée de 64 ans.

  • FRIBOURG André, leur fils âgé de 40 ans, arrêté le 26 février 1942.

  • FRIBOURG Ernest, âgé de 73 ans, domicilié à Châlons - Avenue du Général Sarrail, arrêté le 27 janvier 1944.

    Ils sont morts tous les quatre à Auschwitz, André en 1942, Lucien, Fernande et Ernest en 1944.

  • GIROUX Henri, âgé de 45 ans, domicilié à Châlons - 37, rue du Général Ferry.
    Secrétaire-comptable d'une commission du Ravitaillement Général.
    Membre de la Résistance ( Bureau des opérations aériennes )
    Arrêté par la Gestapo le 17 janvier 1944.
    Il fit partie du convoi du 27 avril 1944 dit « Convoi des Tatoués ».
    Après un passage à Auschwitz, Buchenwald, il trouva la mort au sinistre camp de Flossenburg.

  • GILBERT Bernard, âgé de 24 ans, domicilié à Châlons - 20, Rue Eustache de Conflans, résistant cheminot, arrêté par la Gestapo le 3 mars 1944.
    Il fit lui aussi parti du « Convoi des Tatoués » et décéda au camp de Flossenburg peu de temps avant la Libération.

  • GOSSEREZ Pierre, âgé de 39 ans, domicilié à Châlons -  32, Rue Anaïs Ségalas.
    Dessinateur aux Ponts et Chaussées, membre du Groupe Tritant, il fut arrêté à son travail également le 3 mars 1944, et c'est à Flossenburg qu'il succomba aux mauvais traitements le 5 février 1945.

  • GUÉRIN Jean, âgé de 45 ans, domicilié à Châlons à l'institution Saint Etienne. Arrêté par la Gestapo le 30 juin 1944 pour hostilité à l'égard de l'Allemagne.
    Déporté à Neuengamme où il trouva la mort en 1945.

  • JACQUEREY André, âgé de 35 ans, domicilié à Châlons - 21, Rue P.Louis Covrier. Déporté résistant, mort à Neuengamme.

  • JEANGIRARD Léon, âgé de 43 ans, domicilié à Châlons -  Allée Paul Doumer.
    Rédacteur à la Préfecture de la Marne, libéré comme prisonnier de guerre en 1941, il organisa un service venant en aide aux prisonniers de guerre qui s'évadaient.
    Dénoncé à la Gestapo il fut arrêté le 15 mai 1943.
    Déporté, il trouva la mort le 24 avril 1945 lors de l'évacuation de son camp à Karlsbad.

  • KREMER Maurice, âgé de 49 ans, domicilié à Châlons - 7, Rue des Lombards.
    Arrêté le 26 Février 1942 comme israélite, mort à Auschwitz en 1942.

  • LAJEUNESSE Caroline, âgée de 72 ans, domiciliée à Châlons - Rue de Vaux, arrêtée le 27 janvier 1944, gazée à Auschwitz dès son arrivée au camp.

  • LECOMTE Roger, âgé de 42 ans, entrepreneur de maçonnerie, domicilié à Châlons - Rue Kellermann.
    Arrêté par la Gestapo le 6 septembre 1943, membre du Groupe Tritant, mort au camp de Mauthausen au début de 1945.

  • LEVY Léon, âgé de 70 ans, domicilié à Châlons - Rue de Vaux.
    Arrêté le 27 janvier 1944 comme israélite, passe à la chambre à gaz dès son arrivée à Auschwitz.

  • MOULIN Gérard, âgé de 37 ans, domicilié à Saint-Memmie - Avenue de Metz au numéro 120, cheminot résistant, arrêté par la Gestapo sur dénonciation le 2 août 1944, avec des maquisards qui se cachaient à son domicile.
    Déporté à Vaihingen, mort en 1945 à la Libération.
    Son corps repose dans la nécropole nationale du camp du Struthof.

  • MOUTON Paul, âgé de 52 ans, chef de Service aux Chemins de Fer, domicilié à Châlons - 54, Allée de Forêts.
    Membre actif de Résistance Fer, arrêté par la Gestapo le 2 août 1944 sur dénonciation, déporté à Dachau où il succomba début 1945.

  • MOREAUX Pierre, âgé de 33 ans, domicilié à Châlons - Rue des Cordeliers.
    Arrêté par la Gestapo le 12 février 1944, résistant déporté, mort au camp de Neuengamme.

  • PÉTREMONT Paul, âgé de 25 ans, domicilié à Saint-Memmie.
    Déporté résistant, décédé en 1944 à Muldhorf.

  • ROBERT Jean-Marie, âgé de 42 ans, médecin ayant son cabinet à Châlons - 4, Rue de Chastillon.
    Etait également médecin de la Prison de Châlons où il favorisa la liaison entre les patriotes écroués et l'extérieur.
    Arrêté le 7 janvier 1944, déporté le même mois à Buchenwald où il est décédé en mars 1944.

  • SOLINSKI Lucien, âgé de 56 ans, domicilié à Châlons - Rue Herbillon.
    Arrêté comme israélite le 27 janvier 1944.
    Mort à Auschwitz.

  • KARL Victor, âgé de 34 ans, domicilié à Châlons - 104, Rue St Loup.
    Arrêté comme otage.
    Mort à Buchenwald au début de 1945.
  •     La plupart des déportés qui figurent sur cette plaque ont été détenus dans le quartier allemand de la prison de Châlons-sur-Marne avant d’être déportés en Allemagne. Cependant plusieurs d’entre eux ont été arrêtés et incarcérés ailleurs : Rachel, Solange et Marc Ast à Lyon, André Bègue à Paris, Paul Brillon à Limoges, Jean Caïn dans le Lot, Michel Charles dans le Loiret, André Jacquerey en Côte d’Or et Paul Pétremont dans les Vosges.

       En conclusion, il faut rendre hommage aux familles qui ont réuni sur la même plaque toutes celles et tous ceux, Résistants, Politiques et Israélites de Châlons, morts en déportation.
       Chaque année, une gerbe de fleurs est déposée au pied de la plaque de la prison de Châlons :
                - le dernier dimanche d'avril à l'occasion de la Journée nationale du  souvenir de la déportation, par les déportés ;
                -  le 6 mai, par les Résistants après la cérémonie du souvenir à la Butte  des fusillés ;
                -  le 18 juin, jour anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940, par la ville de  Châlons ;
                -  le 29 août, jour anniversaire de la Libération de Châlons ;
                -  le 1er novembre, fête de la Toussaint, par les résistants.

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