I. La
mission de la conférence
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Les
armistices signés fin octobre-début novembre 1918
sur les différents fronts ont mis fin aux combats.
Mais il restait à élaborer les traités
de paix destinés à mettre fin définitivement
à une guerre dont beaucoup voulaient croire qu'elle allait
être la
« der des ders » ouvrant la voie
à « une
paix juste et éternelle ».
La France ayant été un des principaux
lieux d'affrontement de la 1ère guerre mondiale, c'est à
Paris que les pays vainqueurs ont décidé de réunir
la
Conférence de la paix investie d'une double mission :
- la création
de la Société des nations ( SDN ) ;
- et l'élaboration
des traités de paix à soumettre
aux pays vaincus.
Cette conférence a été dominée
par les chefs de délégation des quatre principaux
pays vainqueurs :
- le président
américain, Wilson ;
- le président
du Conseil français, Clemenceau ;
- le Premier ministre
britannique, Lloyd
George ;
- et le chef
du gouvernement italien, Orlando.
II.
Les
vainqueurs et leurs principes
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Dès
son ouverture, le
18 janvier 1919, la Conférence de la paix a fourni
l'occasion aux représentants des principaux pays vainqueurs
d'exposer leurs points
de vue respectifs et les principes
sur lesquels ils entendaient rétablir la paix, et donc de
faire apparaître un certain nombre de divergences
d'intérêts et de contradictions
laissant augurer que le rétablissement de la paix allait
donner lieu à bien des compromis
et des marchandages.
1/ Le
point de vue français exposé par
Clemenceau
Clemenceau
exprimait
l'obsession d'une France envahie à l'Est par trois fois
en un siècle ( 1814-1815, 1870-1871, 1914-1918 ),
qui considérait l'Allemagne, le « Boche »
comme « l'ennemi héréditaire »
à qui il fallait enlever un bonne fois pour toute l'envie
de recommencer.
Il revendiquait au nom de la sécurité
de la France,
la plus grande fermeté à l'égard de l'Allemagne.
Il considérait qu'il fallait
la réduire, l'entourer d'« Etats-tampons »
impliquant non seulement la reconstitution de la
Pologne à l'Est, mais aussi la création d'un Etat
rhénan indépendant à l'Ouest.
Devant l'opposition de ses alliés américains
et britanniques à la création d'un Etat rhénan
indépendant, il exigea que ces derniers garantissent
les frontières françaises contre toute
nouvelle violation.
Il considérait enfin qu'il était
juste de faire payer à l'Allemagne le prix de la guerre et
des dévastations sous forme de réparations.
Le point de vue français se résumait par
le slogan «
Sécurité d'abord - L'Allemagne doit payer - L'Allemagne
paiera ».
2/ Le
point de vue britannique exposé par Lloyd
George
Les
Britanniques, soucieux quant à eux de préserver l'équilibre
du continent européen, souhaitaient ne
pas trop affaiblir l'Allemagne.
Il était important pour eux que l'Allemagne
redevienne vite un
partenaire commercial du Royaume-Uni, qu'elle continue
à faire contrepoids à la puissance française
sur le continent, et qu'elle puisse servir de rempart
face au bolchevisme établie en Russie.
3/ Le
point de vue italien exposé par Orlando
Les
Italiens entendaient que les engagements
et les promesses
du traité secret de Londres signé en1915 avec la France
et le Royaume-Uni soient tenus, en particulier en ce qui concernait
les « Terres
irrédentes » ( Trentin, Trieste, Istrie,
côte dalmate ) que l'Italie revendiquait avec détermination.
4/ Le
point de vue américain exposé par Wilson
Président
démocrate, premier président des Etats-Unis à
se rendre en Europe, Wilson
est un
idéaliste pacifiste, qui s'était d'abord
efforcé de maintenir les Etats-Unis en dehors de la guerre
et qui avait cru un temps pouvoir faire aboutir une « paix
blanche », une « paix sans victoire ».
Il représentait un pays entré tardivement
dans la guerre, qui était resté loin des combats,
n'avait pas subi de destructions sur son territoire, dont l'économie
avait largement profité du conflit, et qui était devenu
le
créancier d'une Europe exangue.
Il se trouvait donc en
position favorable d'arbitre,
ce qui donnait beaucoup d'autorité au point
de vue qu'il était venu défendre.
Ce point de vue n'était d'ailleurs pas
nouveau, puisqu'il correspondait
aux 14
points que Wilson
avait exposés devant le Congrès américain le
8 janvier 1918.
On y retrouvait
ce qu'on a pu appeler l'« idéalisme
wilsonien »,
c'est-à-dire
l'énoncé de grands principes, de bons sentiments,
de belles idées généreuse de réconciliation,
de renonciation à la guerre, d'arbitrage, d'égalité,
de justice et de solidarité, peu compatibles avec
les revendications précises et réalistes
des autres pays vainqueurs.