Bien que désignée clairement dans Mein Kampf
comme la cible principale de l'expansionnisme hitlérien, l'Union
soviétique est parvenue à en détourner pour un temps l'agressivité
vers les démocraties occidentales.
Envahie à son tour en juin 1941, elle supporte pendant
trois ans l'essentiel du poids de la guerre, et contribue largement
à la victoire de 1945 dont elle entend tirer profit.
I.
L'Union soviétique avant juin 1941 |
1.
La politique extérieure de l'URSS après Munich et
le pacte germano-soviétique
Très mécontent d'avoir été tenu à l'écart de la
conférence de Munich et persuadé que Britanniques et Français cherchent
à s'entendre avec Hitler sur le dos de l'URSS, Staline adopte d'abord
une stricte neutralité à l'égard des deux camps, dictatures fascistes
et démocraties occidentales, et demande à être associé aux
négociations.
Puis devant l'indécision des Franco-Britanniques
et le refus de coopérer de la Pologne, Staline accepte les avances
de l'Allemagne hitlérienne et signe avec elle en août 1939 un pacte
de non agression assorti d'un accord commercial.
Staline qui croit avoir ainsi détourné définitivement
vers l'ouest l'agressivité hitlérienne, obtient par un protocole secret
la délimitation à l'est des zones d'influence respectives de l'URSS
et de l'Allemagne.
2.
L'expansionnisme soviétique au début du conflit
En septembre 1939, alors que l'armée polonaise est
écrasée par la Wehrmacht, l'URSS envahit à son tour la Pologne
orientale où elle annexe des territoires peuplés de Biélorusses et
d'Ukrainiens concédés par le jeune Etat soviétique en 1921 au traité
de Riga.
Des milliers d'officiers polonais sont exécutés
par la police politique ( NKVD ) ; leurs corps seront découverts en
1943 par les nazis dans le charnier de Katyn.
En
1940, l'URSS sous prétexte de se protéger, prend le contrôle d'anciens
territoires ayant appartenu à l'Empire tsariste : elle fait la conquête
de la Carélie finlandaise pour renforcer la défense de Leningrad ;
elle annexe les trois Républiques baltes et la Bessarabie roumaine.
II. L'URSS
face à l'Allemagne hitlérienne |
1.
L'invasion de l'Union soviétique en juin 1941
Staline qui croyait que la guerre épargnerait l'URSS
et se limiterait à un affrontement
entre « puissances impérialistes » à l'ouest
est pris au dépourvu par l'attaque allemande.
L'Armée rouge affaiblie par les purges est enfoncée.
La Wehrmacht s'avance au cœur de l'URSS,
encercle Leningrad, s'empare de Kiev, du Donbass et menace Moscou.
Les prisonniers de guerre soviétiques non couverts
par la convention de Genève sont exterminés ( décret Nacht
und Nebel ).
La Russie d'Europe est occupée.
Transformées en « Territoires de l'Est »,
les Républiques baltes, l'Ukraine et la Biélorussie sont soumises
à la terreur nazie et livrées au pillage.
2. Le sursaut soviétique
Staline appelle le peuple russe à s'unir à nouveau
dans la « guerre patriotique » et à se lever contre l'envahisseur
comme il l'avait fait en 1812 face aux troupes napoléoniennes, à pratiquer
la tactique de la « terre brûlée », à former des groupes
de « partisans » pour harceler l'ennemi sur ses arrières.
Les usines sont démontées et repliées à l'abri de
l'Oural.
Toutes les ressources de l'URSS sont mobilisées.
Admise au sein de la Grande alliance, l'URSS bénéficie
de l'aide américaine dans le cadre de la loi « prêt-bail »,
mais l'acheminement des convois vers Mourmansk et Vladivostok est
long et périlleux.
Staline réclame avec insistance l'ouverture d'un
second front en Europe pour soulager l'Armée rouge qui supporte l'essentiel
du poids de la guerre.
III.
Les victoires de l'Armée rouge
et l'émergence de la puissance soviétique |
1.
Le tournant de Stalingrad ( hiver 1942-1943 )
Stoppée par l'hiver aux portes de Moscou à la fin
de 1941, la Wehrmacht reprend l'offensive, déborde l'Armée
rouge par le sud au cours de l'été 1942, franchit le Don, atteint
la Volga, parvient au cœur du Caucase et menace Bakou.
Mais encerclée à Stalingrad, la VIème Armée
allemande de Von Paulus doit capituler en février 1943 après des combats
acharnés.
Le mythe de l'invincibilité de l'Allemagne nazie
s'effondre.
2.
La contre offensive de l'Armée rouge
Après la victoire de Koursk où s'affrontent près
de 1 000 chars, l'Armée rouge fait reculer la Wehrmacht sur
tout le front, dégage Leningrad, libère l'Ukraine et la Crimée.
Au cours de l'été 1944, elle s'avance en Europe
centrale et en Pologne où elle tarde à venir au secours de l'insurrection
de Varsovie.
Fin 1944, la Finlande, la Roumanie et la Bulgarie,
alliées de l'Allemagne, signent un armistice. Au début de 1945, l'Armée
rouge libère la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, et s'avance
en Autriche et en Allemagne.
Les troupes soviétiques font leur jonction avec
les troupes anglo-saxonnes à Torgaü sur l'Elbe et prennent Berlin
où l'acte définitif de la capitulation allemande est signé dans la
nuit du 8 au 9 mai au quartier général du maréchal Joukov.
3. Le bilan de la guerre pour l'Union soviétique
Staline, présent aux conférences de Téhéran, Yalta
et Potsdam, y fait reconnaître le nouveau rapport de force créé en
Europe par la puissante Armée rouge.
La victoire de 1945 renforce le prestige de Staline
et de l'Union soviétique.
Elle lui permet de conserver toutes ses conquêtes
de 1939-1940 et d'étendre son influence sur toute l'Europe centrale.
L'Union
soviétique est devenue dans et par la 2ème guerre mondiale l'une des
deux superpuissances qui vont dominer le monde d'après-guerre.
Mais dans l'immédiat, elle est saignée ( près de
20 millions de morts ), en partie dévastée, et son économie est ruinée.
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