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Les tentatives de réhabilitation
du régime du maréchal Pétain

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    Compte tenu de l'hégémonie exercée par les mémoires gaulliste et communiste dans l'immédiat après-guerre, c'est seulement à la fin des années 1940, dans le contexte particulier de la guerre froide à son apogée, que les défenseurs du régime mis en place en juillet 1940 par le maréchal Pétain ont commencé à relever la tête1 ).

   La guerre froide a mis fin à l'expérience du Tripartisme, c'est-à-dire à l'alliance des trois partis qui, ayant gagné les élections d'après-guerre, ont gouverné ensemble jusqu'au printemps 1947 :
      le Parti communiste français ( PCF ) ;
       - le Mouvement républicain populaire ( MRP ) 2 ) ;
       - et le Parti socialiste ( SFIO ).

    En mai 1947, l'exclusion des ministres communistes du gouvernement, présidé par le socialiste Paul RAMADIER, a ouvert la voie à la Troisième force, représentée par des gouvernements de coalition, contraints de gouverner : 
        - 
sans le Parti communiste français ( PCF ), rejeté dans l'opposition en raison de son attachement inconditionnel à l'URSS de Staline ;
        - mais aussi sans DE GAULLE et sans le Rassemblement du peuple français ( RPF )3 ), puisque l'ancien chef du Gouvernement provisoire, depuis qu'il avait démissionné en janvier 1946, combattait sans concession le régime d'Assemblée rétabli par la IVème République.
   C'est-à-dire sans les forces qui avaient joué un rôle de premier plan dans la Résistance.

    Le centre de gravité du pouvoir qui se trouvait très à gauche à la Libération, s'en écarta progressivement, permettant à la droite républicaine qui s'était discréditée sous Vichy de refaire surface.
    C'est ainsi qu'Antoine PINAY, chef du Centre national des indépendants ( CNI ), accéda à la présidence du Conseil en 1952. Il avait voté les pleins pouvoirs à PÉTAIN en juillet 1940, puis avait été nommé par ce dernier membre du Conseil national appelé, sous le régime de Vichy, à se substituer à la représentation nationale.

   Le contexte de la guerre froide explique aussi l'empressement avec lequel furent adoptées, en 1951 et en 1953, deux lois d'amnistie en faveur des collaborateurs sanctionnés par les Cours de justice et les Chambres civiques à la Libération, dans le cadre de l'épuration judiciaire.
    Dès 1949, au moment même où René BOUSQUET, ancien secrétaire général à la Police de Vichy, était blanchi par la Haute Cour de Justice 4 ), François MITTERRAND, secrétaire d'État à la présidence du Conseil et porte parole du gouvernement QUEUILLE, avait présenté au Parlement un projet d'amnistie réclamé avec insistance par ses amis de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance ( UDSR ) ( 5 ) et par les démocrates-chrétiens du MRP.

    Face au danger communiste incarné par un PCF qui restait le premier parti de France en suffrages et en sièges de députés, et face au RPF du général de GAULLE qui avait gagné les élections municipales de 1947, les gouvernements de Troisième force envisagèrent de refaire une unité nationale avec la droite, y compris la droite vichyste.

   Commença alors une longue période d'amnésie nationale qui se prolongea jusqu'à la fin de la IVème République, et bien au delà.
   Certes, à partir de 1958, la République gaullienne a exalté le souvenir de la Résistance, fait transférer en grande pompe les cendres de Jean MOULIN au Panthéon en 1964 et, la même année, fait voter à l'unanimité par le Parlement une loi qui introduisait l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité dans le droit français 6 ) , en faisant référence à la charte du tribunal international de Nuremberg 7 ), mais elle continua de faire silence sur Vichy.
    Il est vrai qu'à partir de 1962, tout ce qui pouvait rappeler les divisions internes du passé, tant de l'époque des "années noires" de l'Occupation que de l'époque de la guerre d'Algérie, a été refoulé, tandis que de GAULLE plaçait la construction européenne sous le signe de la réconciliation franco-allemande.

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