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En
1969, après la démission du général
de GAULLE , l'arrivée à l'Élysée de Georges
POMPIDOU qui n'avait pas participé à la résistance,
entraîna
l'abandon de la tradition résistancialiste et la fin des
mythes héroïques et patriotiques d'une résistance de masse.
Le film Le
Chagrin et la Pitié a lui aussi, malgré la censure dont
il a fait l'objet, contribué à dépasser le résistancialisme.
Achevé en
1969, ce film germano-suisse réalisé par Marcel
OPHULS en collaboration avec André
HARRIS et Alain de SEDOUY,
anciens journalistes à l'ORTF, est une chronique de la
vie quotidienne à Clermont-Ferrand sous l'Occupation qui
oppose à l'image d'une résistance de masse unanime, l'image d'une France
majoritairement lâche et égoïste.
Diffusé dès sa sortie en Allemagne, en Suisse
et aux États-Unis, Le Chagrin et la
Pitié n'a été projeté
en France qu'à
partir de 1971, dans une petite salle du Quartier latin,
le Studio Saint-Séverin, et au Paramount-Élysées.
En
1976, il a été admis dans le circuit commercial
restreint des salles " Art et Essai " et n'a été
programmé à la télévision sur FR3 qu'en
1981 ( 1 ).
En
novembre 1971, le président POMPIDOU
accorda sa grâce à l'ancien chef de la Milice de Lyon, Paul
TOUVIER, grâce révélée seulement en
juin 1972 par l'hebdomadaire L'Express.
En fuite et recherché depuis
la Libération, Paul
TOUVIER avait été protégé, hébergé, caché dès cette époque
par des ecclésiastiques. Condamné deux fois à mort par contumace au
lendemain de la guerre par la Cour de Justice de Lyon et
celle de Chambéry, il avait été arrêté en
juillet 1947, mais était
parvenu grâce à des complicités à s'évader.
En
1973, est paru aux Éditions du Seuil la traduction française
du livre de l'historien américain Robert PAXTON
sous le titre La France de Vichy
1940-1944 , qui constitue le
premier ouvrage de référence sur l'histoire de Vichy ( 2 ).
Robert
PAXTON s'appuie sur des archives allemandes saisies à la
fin de la guerre par les autorités américaines et prend en compte les
travaux de l'historien allemand Eberhard JACKEL
sur la politique hitlérienne à l'égard de la France vaincue, publiés
en
1966 en Allemagne et traduits chez Fayard en
1968 sous le titre La France dans
l'Europe de Hitler ( 3 ).
PAXTON
montre que le
régime de Vichy n'a cessé de rechercher la collaboration d'État avec
l'Allemagne hitlérienne, collaboration dont Hitler se défiait,
sans pratiquer le moindre double jeu et sans faciliter la tâche des
Alliés.
Il explique que la collaboration et la Révolution
nationale sont les deux volets inséparables d'une même politique qui
s'inscrit dans
la logique de l'acceptation de l'armistice de juin 1940.
Mais il va plus loin et souligne aussi la
spécificité de Vichy et les responsabilités propres de ce régime,
sans pour autant le considérer comme une parenthèse dans notre histoire
nationale, mais au contraire en mettant le doigt sur tout ce qui constitue
à ses yeux une continuité.
Enfin, comparant la France des années d'occupation
aux autres pays occupés d'Europe occidentale, il dresse un bilan globalement
négatif du régime de Vichy.
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