Le sort
des Francs-maçons et des Juifs
Dans la
Marne, René
BOUSQUET, fidèle à ses origines et à
ses amitiés, s'est
nettement démarqué de Vichy sur la question de l'épuration
des Francs-maçons.
Il a combattu ouvertement et publiquement, non sans
un certain courage, la politique d'exclusion qui les frappait.
La protection
dont il a entouré les Francs-maçons marnais eut cependant
ses limites,
puisque Gaston
POITTEVIN, ancien député radical, ainsi que
son gendre Henri
MARTIN, ancien député socialiste, furent
tous les deux arrêtés
et déportés en
1943, alors qu'il était toujours secrétaire
général à la Police, et sont morts à Buchenwald.
En ce
qui concerne la répression
antijuive, Serge
KLARSFELD qui, à l'occasion du procès Von
KORFF à Bonn, a pu consulter les archives de la
Marne, n'a rien trouvé qui permette de mettre en cause BOUSQUET
lorsqu'il fut préfet de la Marne et de la région de
Châlons ( 1 ).
Richard
POUZET, qui était à l'époque secrétaire
général de la Marne à ses côtés,
a déclaré en 1945 :
« Les
lois raciales furent appliquées dans la Marne avec le maximum
d'humanité.
La plupart des israélites marnais réussiront
à franchir la ligne de démarcation et à passer
en zone dite libre où ils n'étaient pas encore traqués.
Beaucoup d'entre eux furent avisés discrètement
par la Préfecture des menaces d'arrestation qui pesaient sur
eux.
Certains furent même dotés de faux
papiers, en tout cas l'apposition de la mention " Juif "
sur les cartes d'identité fut réalisée avec une
sage lenteur et tout à fait partiellement » ( 2 ).
Néanmoins, cinq
élus israélites marnais furent démissionnés
d'office en
1941-1942 :
- Léonce
BERNHEIM, maire de Pourcy ;
- André
WOLFF, conseiller municipal de Vitry-le-François ;
- Maurice
DAVID, conseiller municipal de Saint-Memmie ;
- Roger
LOEZER, conseiller municipal de Lucy ;
- Louis
NETTER, conseiller municipal de Villeneuve-la-Lionne ( 3 ).
Jocelyne
HUSSON a pu établir qu'à l'époque
où BOUSQUET était préfet de ce département, au
moins une dizaine de juifs y ont été arrêtés ( 4 ).
L'un d'entre eux, Jacques
DREYFUS, arrêté à Épernay le 7 mars 1942,
a passé tout le reste de la guerre au camp de Drancy.
Les six autres ont été déportés et sont morts
à Auschwitz-Birkenau.
Parmi eux se trouvaient l'avocat Georges
SIMON, président de la section rémoise de
la Ligue des droits de l'homme et André
FRIBOURG, boucher à Châlons-sur-Marne, tous
les deux arrêtés
comme otages le 26
février 1942.
En 1991, Madeleine
SCHULTHESS a apporté sur son frère André
FRIBOURG le témoignage suivant :
« Il
a été arrêté avec d'autres Juifs habitant
Châlons et avec quelques communistes.
Les familles israélites ont pris aussitôt
contact avec le préfet d'alors Mr. René Bousquet qui
nous a reçus aussitôt, nous promettant d'entrer en relation
avec les Allemands pour essayer de les faire libérer tout en
ne nous laissant que peu d'espoir.
Dans les jours qui suivirent deux hommes châlonnais
ont été libérés.
Je ne sais si cela a quelque rapport avec une intervention
du préfet » ( 5 ).
Lors de
son procès en
1949, René
BOUSQUET a dit qu'il
était intervenu pour faire libérer des Juifs arrêtés le 26
février et transférés au camp de Compiègne,
et qu'il y avait fait livrer des colis de ravitaillement, affirmation corroborrée
par plusieurs témoignages ( 6 ).
Mais André
FRIBOURG et Georges
SIMON n'ont pas échappé à la déportation.
On retrouve leurs noms sur la liste des déportés
du convoi
n° 1 du
27 mars 1942 parti de Compiègne pour Auschwitz,
ainsi que celui d'Aaron
WIENER, commerçant d'Épernay d'origine polonaise,
arrêté en même temps que Jacques
DREYFUS, le
7 mars.
FRIBOURG et SIMON étaient tous les deux des Juifs
français ;
or BOUSQUET se plaisait à dire que les Juifs français n'avaient
rien à craindre.
Devenu secrétaire général à
la Police en
avril 1942, il a continué de rassurer
les Marnais à ce sujet, déclarant que tant
qu'il dirigerait la police, les Juifs français ne seraient
pas inquiétés ( 7 ).
La lutte
contre les « menées antinationales »
Dans la
Marne, la lutte contre ce que le gouvernement de Vichy appelait les " menées
antinationales ", s'appliqua en premier
lieu aux communistes pourtant faiblement implantés avant guerre ( 8 ).
Elle a été menée avec persévérance
et sans état d'âme par BOUSQUET,
et cela d'autant plus facilement que les communistes, « étaient
déjà rejetés de la communauté nationale
et poursuivis, avant la débâcle, en application des mesures
prises contre eux par le gouvernement Daladier » ( 9 ).
Dès le retour de l'exode et sa nomination
au poste de préfet de la Marne en
septembre 1940, BOUSQUET avait accordé la plus grande importance à la « surveillance
de l'ex- Parti communiste », faisant établir
des listes
par commune des « communistes
notoires », et effectuer des enquêtes dans les entreprises, afin de repérer toute activité
suspecte parmi les démobilisés rendus à la vie
civile et les réfugiés ayant réintégré
le département.
En
octobre 1940, après qu'on eut découvert que
des tracts signés « Thorez-Duclos » circulaient dans les ateliers SNCF d'Épernay, dix
militants furent arrêtés, arrestations suivies
de quatre
condamnations à Épernay et à Reims.
En
novembre, BOUSQUET transmit aux sous-préfets de son département la circulaire
du ministre de l'Intérieur PEYROUTON,
demandant qu'il soit procédé à un examen attentif
des dénominations
de rues ou d'édifices publics qui auraient pour
but de rendre hommage à des personnalités marquantes
de l'ancien parti communiste ou de la IIIème Internationale,
et les pria de lui faire connaître s'il subsistait dans leur
arrondissement des dénominations de cette nature.
Au même
moment, le commissaire central de Reims signala au préfet que la
propagande communiste avait repris subitement : « tracts
imprimés dans la région parisienne, papillons polycopiés
et collés sur les murs » ( 10 ).
Des recherches furent entreprises, sans succès,
pour déterminer l'origine de la Charte
revendicative des démobilisés de 1939-1940 signée « L'Union
des amicales populaires des démobilisés du département
de la Marne », qui avait été adressée
le 10
novembre au préfet ainsi qu'aux maires du département ( 11 ).
Le
15 novembre 1940, le fondateur et le secrétaire
de la section d'Épernay furent révoqués de la SNCF, en vertu du décret
du 18 septembre 1940 appliquant aux employés de la SNCF la
loi du 17 juillet 1940 qui permettait de relever de leurs
fonctions les fonctionnaires et les agents civils de l'État.
Le
5 décembre 1940, Louis
OBIN et Jules
HUON furent arrêtés
à Reims et inculpés, le premier pour reconstitution
d'organisations communistes, le second pour détention
de tracts, et condamnés respectivement à un an
et huit mois de prison.
Le
9 décembre, BOUSQUET demanda au commissaire spécial de Châlons de « faire
identifier tous les militants et de faire établir pour chacun
d'eux une fiche anthropométrique avec photographie et empreintes
digitales, afin d'en permettre une surveillance plus précise
et plus active », et précisa qu'il voulait « que
ce travail soit effectué le plus rapidement possible ».
Ce furent environ 200
militants qui furent ainsi identifiés et mis en fiches,
dans une trentaine de communes du département.
Les notices
individuelles établies depuis la création
du PCF furent ressorties, mises à jour et complétées ( 12 ).
Le
18 décembre, BOUSQUET signa un arrêté stipulant que( 13 ).
Régulièrement dans les instructions adressées aux responsables de la police, il leur demandait « de
redoubler de vigilance dans le dépistage et la répression
des menées communistes ».
Le
23 décembre, il pria les commissaires spéciaux
et « la
découverte de tracts extrémistes sur le territoire d'une
commune entraînerait l'internement administratif immédiat
de tous les militants communistes notoirement connus » les commissaires de police de la Marne de « rechercher
de la façon la plus active » les agissements
susceptibles de tomber sous le coup de la
loi du 24 septembre portant création d'une Cour
martiale et « d'en
déférer sans délai les auteurs à l'autorité
judiciaire » ( 14 ).
Tout au long de l'année
1941, perquisitions, saisies de matériel de polycopie, de tracts et de brochures de propagande, fouilles, filatures, révocations, déplacements, arrestations et condamnations de militants à des peines d'emprisonnement, enquêtes sur d'éventuelles souscriptions en faveur des familles des
communistes détenus, se multiplièrent en particulier
à Reims, Châlons et Épernay ( 15 ).
Le
29 janvier 1941, à la suite d'une perquisition à leur domicile où furent découverts une machine
à polycopier, des tracts et des numéros de L'Humanité clandestine, Émile
RENAUD, de Mareuil, et Ernest
MÜLLER, d'Épernay, qui avaient refusé
de donner les noms des responsables communistes avec lesquels ils
étaient en contact, et de fournir des informations sur l'organisation
du PCF dans la Marne, furent condamnés par le tribunal d'Épernay pour détention de matériel
de propagande communiste, le premier à trois
ans de prison et à 1000 francs d'amende, le second
à deux
ans de prison et à 500 francs d'amende ( 16 ).
En février à
Châlons-sur-Marne, une perquisition effectuée à la demande du préfet
BOUSQUET ( 17 ) à la Brasserie
de la Comète, permit à la police française
de saisir des listes
de souscription en faveur des familles de communistes internés,
ainsi que des tracts et des numéros de L'Humanité clandestine.
Parmi les trois militants communistes inculpés
et condamnés à la suite de cette perquisition, se trouvaient Oscar
BEHR et Miladin
ATCHANSKI, qui furent condamnés respectivement à
six mois et à deux mois de prison, puis déportés
à Oranienburg.
À
Reims où avaient été apposés
des papillons de la Jeunesse
communiste réclamant la mise en liberté des
détenus politiques ( 18 ), BOUSQUET fit établir une liste de onze militants « choisis
parmi ceux qui avaient les plus faibles charges de famille »,
en vue de l'application éventuelle des sanctions prévues
par son arrêté
du 18 décembre 1940, et chargea le commissaire spécial
de Châlons qui lui signalait « une
recrudescence partout dans le département de l'activité
communiste », de lui soumettre « un
projet d'organisation d'un service de renseignements et de surveillance ».
Dans son rapport de mars adressé au préfet,
le commissaire spécial de Châlons constatant que les perquisitions ne donnaient pas beaucoup de résultats intéressants,
préconisa « la
fouille minutieuse des ouvriers et de leurs vestiaires dans les usines »,
selon lui plus efficace.
En
mai, il signalait que deux
centres semblaient diriger la propagande communiste dans la Marne : « Reims
pour la région Marne du PC, Paris pour la propagande générale »,
et réclamait « une
organisation Marne de la police politique » spécialisée, centralisant
tous les renseignements et documents de propagande, en
liaison avec tous les services de police, afin de « répondre
à la région Marne du PC ».
En
avril 1941, la saisie
de lettres contenant des mots d'ordre de la IIIème
Internationale destinés aux ouvriers des ateliers SNCF d'Épernay, amena le commissaire de
la police judiciaire, chargé d'enquêter sur cette affaire,
à constater que les
anciens syndicats d'Épernay
s'étaient reformés sur de nouvelles bases : « À
la suite de l'arrêté de M. le préfet portant réorganisation
des corporations [...] on constate à la tête de chacun
de ces groupements, un ancien militant communiste bien connu » ( 19 ).
Face à
cette recrudescence de la propagande communiste, l'appareil répressif
mis en place par BOUSQUET se mobilisa.
Plus de 100
perquisitions furent effectuées en
avril.
En
mai, BOUSQUET réclama une enquête sur « les
agents de la SNCF considérés comme suspects ou dangereux
par l'administration centrale » ( 20 ) et demanda
au commissaire spécial d'effectuer en accord avec les chefs
de gare « une
surveillance particulière des services de consigne en particulier
et en général du personnel roulant de la SNCF » ( 21 ).
Le 21
mai 1941, le commissaire divisionnaire de la 12ème
Brigade mobile envoya à BOUSQUET un rapport où l'on pouvait lire :
« En
exécution d'une réquisition de M. le préfet de
la Marne en date du 16 décembre 1940, des perquisitions ont
été opérées chez tous les communistes
d'Épernay, tant par notre service que par la Police municipale
et la Gendarmerie avec la collaboration de la Feldgendarmerie. [...]
Je dois signaler qu'à la suite des instructions
de M. le préfet de la Marne en date du 27 janvier 1941, tous
les militants communistes d'Épernay ont été prévenus
qu'en cas d'action communiste, ils feraient l'objet d'un internement
administratif.
Tous ont été convoqués au commissariat
où ils ont émargé l'ordre administratif » ( 22 ).
En
juin 1941, à la veille de l'invasion de l'Union
soviétique par la Wehrmacht, le
bilan de la répression communiste restait encore relativement
limité :
- quatre communistes condamnés
à des peines allant de 15 mois à 3 ans de prison à
Épernay en
janvier ;
- cinq militants arrêtés en
février et trois condamnés en
mai pour infractions au décret concernant la dissolution
des organisations communistes à 6, 5 et 2 mois de prison à
Châlons-sur-Marne ;
- deux militants condamnés à
5 et 2 mois de prison à Reims en
juin.
Au
lendemain de cette invasion, BOUSQUET adressa aux commissaires et aux maires des grandes villes cette mise
en garde :
« Les
récents événements de politique extérieure
ne seront vraisemblablement pas sans avoir de répercussions
sur l'activité des éléments communistes ou autres.
Je vous demande donc d'exercer une surveillance
active et renforcée des milieux communistes et gaullistes.
Vous voudrez bien, par ailleurs surveiller également
les dépôts d'explosifs régulièrement autorisés » ( 23 ).
En
juillet 1941, commencèrent à circuler des tracts annonçant « la
formation d'un comité marnais du Front national de lutte pour
l'indépendance de la France », et disant
qu'en Champagne « tous
les patriotes, gaullistes et communistes, sont unis contre l'oppression ».
BOUSQUET constatant que « dans
la recherche et la répression des menées antinationales,
les divers services de police et de gendarmerie procédaient
isolément et sans liaison », et que les
résultats obtenus étaient de ce fait insuffisants, décida
de nommer un commissaire
spécial chef de service à Châlons « personnellement
chargé de la coordination des mesures de recherches et de répression
des menées antinationales dans le cadre du département ».
Il demanda
aux différents services de police « de
n'entreprendre aucune enquête, de ne procéder à
aucun interrogatoire sans avoir préalablement informé
M. H. chargé de la centralisation de tous les rapports et de
la coordination des services ».
Et d'ajouter
: « Je
vous prie de prendre des dispositions pour que ces instructions soient
strictement suivies et je ne tolérerai en aucun cas qu'il y
soit dérogé » ( 24 ). L'étau
se resserra sur un certain nombre de militants : perquisitions,
fouilles, filatures, enquêtes, exploitation de lettres anonymes
de dénonciation, finirent par s'avérer efficaces.
Ce fut également en
juillet 1941 qu'Armande
GANDON, responsable
marnaise de l'Union des jeunes filles de France, âgée
de 21 ans, échappa de peu à une arrestation.
Elle était en contact avec la direction clandestine
du PCF, dont elle avait reçu pour mission de réorganiser
les Jeunesses communistes dans la Marne.
Capitaine d'une équipe de basket-ball, c'est
à la faveur de rencontres
sportives qu'elle transmettait les directives et les mots
d'ordre, transportait et diffusait les tracts et les journaux clandestins,
acheminés depuis la région parisienne par des employés
de la SNCF.
Inculpée
par le juge d'instruction d'Épernay et condamnée par
défaut à 4
ans de prison et 500 francs d'amende le
13 août 1941, elle poursuivit son action clandestine
dans l'Aube où elle fut arrêtée en mars
1942.
Déportée
en Allemagne, elle est décédée du
typhus au camp de Liegnitz peu de temps après la libération de ce camp par l'armée
américaine ( 25 ). Roger
ARVOIS, auxiliaire SNCF âgé de 20 ans, contact
d'Armande
GANDON à Fère-Champenoise, arrêté
lui aussi en
juillet 1941, fit l'objet d'un arrêté du préfet
BOUSQUET en vue d'un internement
au camp de Chateaubriant ( 26 ).
Interné dans ce camp, il échappa à
l'exécution d'otages du 22
octobre 1941, fut transféré au camp de Voves en Eure-et-Loir, puis conduit à Paris où il fut condamné
aux travaux
forcés à perpétuité par la
Section spéciale ( 27 ).
Détenu à la centrale de Poissy,
puis dans celle de Melun,
il sera remis aux SS, réussira à s'évader du
train le conduisant en Allemagne, et reviendra dans la région
de Fère-Champenoise prendre la tête d'un maquis.
Le
rythme des arrestations s'accéléra et les condamnations
se firent plus sévères.
En
septembre 1941, René
PATÉ, beau-frère d'Armande
GANDON, déjà condamné à 5 mois
de prison en juillet 1941 par le tribunal correctionnel de Reims,
fut condamné par la section spéciale de la Cour d'Appel
de Paris, à 5
ans d'emprisonnement.
Le
11 novembre 1941, Jean
et Marcel NAUTRÉ, fils de militants communistes
âgés de 16 et 18 ans, furent arrêtés
après avoir déposé une gerbe ornée d'un
ruban tricolore au monument aux morts de la ville de Reims.
L'affaire
Chatton
Le zèle déployé par le préfet
BOUSQUET dans la répression
anti-communiste ne fléchissait pas, puisqu'en
septembre 1941, il dénonça dans son rapport
mensuel adressé aux autorités de Vichy, la mansuétude
des juges à l'égard des communistes et signala qu'il
avait fait
interner à Châteaubriant un militant relaxé
par le tribunal correctionnel d'Épernay ( 28 ). En
novembre 1941, cette répression jusqu'alors contrôlée
par BOUSQUET et la police française a pris un tour tragique avec l'affaire CHATTON ( 29 ).
Au printemps 1941, une distribution
de tracts ayant pour titre « Réintégrons
nos syndicats » et signés « Les militants restés fidèles à l'esprit
de 1936 » avait été signalée
dans les maisons
de champagne de Reims. Le 17
mai et à nouveau le
7 juillet 1941, BOUSQUET avait demandé au commissaire spécial de Reims de faire
faire une enquête qui avait montré que ce tract avait été tapé
sur la même machine qu'une feuille communiste clandestine, La
Champagne ouvrière.
Le 17 septembre, en vertu d'une réquisition de BOUSQUET,
une perquisition avait été effectuée au domicile des parents d'un
jeune caviste communiste, Marcel
CHATTON.
On y avait découvert un tract ayant pour titre « Brisons
l'arme de l'antisémitisme ! Unissons-nous ! »,
et signé « Le
Parti communiste français - SFIC », ainsi
qu'une liste
de souscription blanche à l'en-tête du « Comité
départemental du Front national de lutte pour l'indépendance
de la France ».
À la suite de cette perquisition, CHATTON avait été arrêté sur son lieu de travail, la maison de champagne Heidsieck.
L'enquête menée sur cette affaire,
avait abouti à l'arrestation
à Troyes d'André
CRÉPIN.
Le 6 novembre 1941, Georges
DARDENNE et Édouard
QUENTIN, camarades de travail de CHATTON,
étaient arrêtés à leur tour par la police française sur dénonciation d'un membre de la Ligue française.
Les Allemands finirent par se
saisir de cette affaire et se
firent livrer les militants communistes rémois.
Le 17 décembre 1941, ils furent condamnés lourdement
par le tribunal militaire de Châlons-sur-Marne :
- Marcel
CHATTON, âgé tout juste de 22 ans, fut condamné
à mort et fusillé le 23
décembre 1941 à la caserne Tirlet de Châlons-sur-Marne.
- Georges
DARDENNE et Édouard
QUENTIN, âgés de 22 et 21 ans, furent condamnés
aux travaux
forcés à perpétuité. À
la suite d'un attentat commis contre un officier allemand à
Dijon, tous les deux furent fusillés comme otages le
13 janvier 1942, en même temps qu'un autre rémois Marcel
MÉLIN qui avait été condamné
à mort le
25 novembre 1941 pour détention d'armes, par ce
même tribunal allemand. André
CRÉPIN, père de 7 enfants, fut acquitté,
remis aux autorités françaises, interné, puis déporté en 1942 à Auschwitz,
d'où il n'est pas rentré.
En
janvier 1942, selon Richard
POUZET et plusieurs témoignages de Châlonnais, BOUSQUET assista
à l'inhumation de DARDENNE, QUENTIN et MÉLIN,
et déposa
une gerbe de fleurs sur chacune des trois tombes, ce qui
aurait suscité le vif mécontentement des autorités
allemandes d'occupation.
Au cours d'une visite qu'il rendit à l'archevêque
de Reims Monseigneur
MARMOTTIN, BOUSQUET lui aurait fait part de son « indignation » et lui aurait déclaré que désormais « il
ferait tout ce qu'il pourrait pour éviter que de pareils faits
se reproduisent » ( 30 ).
Un bilan
accablant
Le bilan de la
répression anticommuniste dans la Marne de
septembre 1940 à la fin de 1941, est un bilan forcément incomplet compte tenu des problèmes d'accès aux sources.
Il est cependant déjà bien lourd :
- plus de 60
arrestations opérées par la police française ;
- plus de 20
condamnations prononcées par les tribunaux français
à des peines allant de 2 mois à 5 ans d'emprisonnement ;
- un certain nombre
d'internements
administratifs à Châteaubriant et au Camp
de Rouillé.
Parmi les militants
arrêtés et condamnés durant cette période,
plusieurs furent ultérieurement condamnés à nouveau par la Section spéciale
de la Cour d'Appel de Paris, internés
comme otages et déportés.
Parmi les 12
communistes marnais arrêtés à cette
époque qui ont été ensuite déportés,
la moitié ne sont pas rentrés ( 31 ).
René
BOUSQUET, qui allait bientôt accepter le poste de
secrétaire général à la Police de Vichy,
faisait ainsi déjà dans la Marne l'expérience
du caractère illusoire d'une prétendue
autonomie de la police française.
Il pouvait constater que, s'il avait pu jusqu'alors
intervenir pour protéger et sauver des Marnais, la situation
commençait à changer, et que la
marge de manœuvre dont il avait su habilement se servir se réduisait
de jour en jour, d'autant que la Gestapo n'allait pas tarder à s'installer dans le département.
En
octobre 1941, sur l'injonction du général
Von STÜLPNAGEL, commandant des forces militaires allemandes
en France, une circulaire fut envoyée par INGRAND depuis Vichy aux préfets de la zone occupée, leur demandant
de fournir
aux autorités d'occupation « la
liste des personnes du sexe masculin qui ont été ou
seront arrêtés par les Autorités françaises
pour activité communiste ou anarchiste ».
En ce qui concerne les internés
administratifs, cette circulaire précisait :
« Vous
voudrez bien établir une liste de tous les internés
administratifs qui ont été frappés de cette mesure
par un arrêté pris sur votre initiative.
Cette liste devra comprendre : nom, prénoms,
lieu et date de naissance, ainsi que le dernier domicile, jour de
l'arrestation, lieu de l'arrestation, indication de l'Autorité
française qui a fait procéder à cette arrestation,
ainsi que tous les renseignements sur la situation de famille ( nombre
d'enfants ) de l'intéressé et sur l'activité
politique ou anarchiste qui a provoqué la mesure prise à
l'encontre de ce dernier. [...]
Je précise que le lieu de l'arrestation déterminera
le département sur la liste duquel les intéressés
devront être portés. [...]
Je vous rappelle que vous ne pouvez prononcer la
libération d'internés administratifs détenus
dans votre département pour activité communiste, gaulliste
ou anarchiste, qu'après avoir obtenu l'accord des autorités
allemandes de votre département » ( 32 ).
Rien ne
permet de penser que BOUSQUET ait cherché
à se soustraire à cette instruction, bien
au contraire, puisque le
20 octobre, il adressa au Commissaire spécial de
Châlons la lettre suivante :
« J'ai
l'honneur de vous adresser sous ce pli pour être complétées
les notices individuelles des nommés Chirat Jean, Chirat Marcelle
femme Buytendorf, Dallier Pierre, Morlet Louis, Philippe Roger, Teste
René, poursuivis pour propagande gaulliste, et du nommé
Crépin André inculpé de propagande communiste.
Je vous serais obligé de faire figurer sur
ces notices, le cas échéant, non seulement le nombre
mais l'âge des enfants.
Ces fiches devant être transmises à
la Feldkommandantur 608 pour le 23 octobre au plus tard, il y aurait
lieu de me les retourner dans le plus bref délai » ( 33 ).
Les mêmes
directives furent adressées par le Procureur général
près la Cour d'Appel de Paris dont dépendait la Marne,
aux procureurs généraux du département, dans
la circulaire
n° 147-41 Com. 41 qui demandait à chaque parquet
d'« établir
en vue de sa remise à l'Autorité Allemande qualifiée
de son ressort, l'état des individus ( prévenus ou condamnés
) actuellement détenus dans sa circonscription »,
conformément à la dépêche de la Chancellerie
datée du 22
octobre 1941 « visant
la confection et l'envoi aux autorités allemandes qualifiées,
dans les formes et conditions spécifiées, des listes
d'individus présentement détenus pour activité
communiste ou anarchiste » ( 34 ).
En
juillet 1941, BOUSQUET avait fait établir le bilan
du nombre total des détenus dans les prisons de la Marne,
qui s'établissait ainsi :
Lieu
de détention |
Hommes |
Femmes |
Prévenus |
Châlons-sur-Marne |
279 |
32 |
33
hommes |
Reims |
59 |
10 |
- |
Epernay |
37 |
10 |
84
hommes
2 femmes |
TOTAL |
375 |
52 |
117
hommes
2 femmes |
Source
: Archives départementales de la Marne, M 3088.
Le
26 février 1942, 18
Marnais furent arrêtés comme otages par les
Allemands, à la suite d'attentats commis contre les troupes
d'occupation à Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines.
Jules HUON qui avait été arrêté
par la police française et condamné par un tribunal
français à 8 mois de prison en décembre 1940, faisait partie
de ces otages.
Interné à Reims, puis à Châlons-sur-Marne,
il fut transféré à Compiègne et déporté à Auschwitz d'où il n'est pas rentré.
BOUSQUET relata l'événement en ces termes :
« Les
personnes arrêtées appartiennent aux milieux israélites
et ouvriers du département.
Je n'insisterai pas davantage sur l'émotion
que ces arrestations d'otages ont provoqué dans le département
et contre lesquelles j'ai protesté énergiquement, tant
auprès des autorités allemandes locales qu'à
Paris.
Il n'en reste pas moins que ces arrestations ajoutées
au malaise provoqué par les difficultés présentes,
laissent à craindre dans la population ouvrière des
réactions qui pourraient être violentes.
J'ai donné à mes collaborateurs et
aux services de police des instructions précises, afin d'éviter
le retour de manifestations comme celle ayant eu lieu à Reims
qui, interprétées par les autorités d'occupation,
provoqueraient des sanctions violentes.
Je pense néanmoins que la compréhension
et le patriotisme des populations marnaises me permettront de franchir
ce cap difficile, qui marquera la fin d'une période particulièrement
pénible, les jours à venir paraissant incontestablement
plus faciles » ( 35 ).
Confronté à une situation de plus
en plus difficile dans ses rapports avec les autorités allemandes
d'occupation, il était toujours aussi sûr de lui et confiant
dans son étoile.
Les propagandes communiste et gaulliste qu'il
avait toujours combattues vigoureusement, commençaient
à jeter le trouble chez un certain nombre de Marnais.
La mise en cause, puis l'arrestation du directeur
adjoint au Ravitaillement de la préfecture de la Marne, impliqué
dans un trafic de cartes d'alimentation ( 36 ), affectait
sa crédibilité et sapait son autorité. Le
13 mars 1942, il décida de contre-attaquer dans
un long
appel à la population de la Marne. Il y dénonçait « les
nouvelles fausses et tendancieuses », « la
calomnie », y fustigeait les « fauteurs
de désordre », leur adressait un « dernier
avertissement » et, prenant à témoin « tous
les braves et honnêtes gens »,
les menaçait « d'une
justice sommaire et expéditive ».
Cet appel fut publié dans L'Éclaireur de l'Est et adressé à
tous les maires des communes marnaises, chargés d'en assurer
l'affichage ( 37 ).
À Reims, Paul
MARCHANDEAU s'y associa publiquement au cours d'un conseil
municipal réuni le même jour, et en fit apposer 330 exemplaires
sur les murs de sa ville ( 38 ).
BOUSQUET demanda aux services de police d'agir « immédiatement » et d'appliquer ses instructions « énergiquement »,
à savoir interpeller, conduire au commissariat, interroger,
dresser contre toute personne « colportant
des nouvelles tendancieuses de nature à troubler l'opinion
publique » un procès-verbal d'information
et transmettre une note d'enquête à son cabinet :
« La
même procédure sera appliquée en matière
de propagande antinationale et plus particulièrement de propagande
communiste.
Je vous demande de faire un effort particulier pour
rechercher les auteurs d'impression ou de distribution de tracts dans
le département.
La compréhension dont ont fait preuve les
autorités ne doit pas être interprétée
comme de la faiblesse qui deviendrait de la complicité.
Je demande à la police de faire preuve d'une
grande activité et d'une grande vigilance.
Je jugerai son action et sa valeur comme l'action
et la valeur de ses chefs aux résultats obtenus.
La surveillance actuelle et la tâche de la
police m'obligent à vous dire que je n'accepterai aucune défaillance.
Les chefs de service sont responsables de l'ensemble des services
placés sous leurs ordres.
Ils devront me signaler immédiatement les
défaillances individuelles s'ils ne veulent pas être
tenus pour responsables des erreurs qui pourraient être commises » ( 39 ).
Le 17
mars 1942, L'Éclaireur
de l'Est annonçait que BOUSQUET avait prononcé six
internements administratifs pour propagation de fausses
nouvelles, et que les personnes auxquelles s'appliquaient ces mesures
avaient été immédiatement arrêtées
et envoyées dans « un
camp de concentration », pour des durées
variant de
1 à 6 mois. À
l'heure des bilans, on constatera que dans la Marne, entre
septembre 1940 et avril 1942, époque où René BOUSQUET y était préfet, parmi les déportés marnais, 60
ont été
arrêtés dans ce département
par la police française ou la police allemande :
- 34 politiques en majorité
communistes ;
- 16 résistants ;
- 6 Juifs ;
- 4 pour des motifs indéterminés.
Parmi ces déportés, 25
sont morts dans les camps de concentration ou d'extermination. En
1945, Michel
SICRE, maire communiste de Reims, entendu sur commission
rogatoire dans le cadre du procès BOUSQUET,
le présenta comme « un
collaborateur actif », mais déclara qu'il
ne connaissait pas de faits particuliers à signaler ( 40 ).
Cette modération pourrait s'expliquer par le fait que BOUSQUET était
intervenu pour faire libérer des communistes, comme
il l'a fait pour un certain nombre de Francs-maçons et de Juifs
marnais.
C'est ainsi que Gaston
MARTIN, ancien délégué syndicaliste
et responsable de la cellule communiste des cavistes d'Epernay avant-guerre,
arrêté par les Allemands comme otage le
26 février 1942 et envoyé au Camp
de Compiègne,
a été remis en liberté le 18 mars 1942, à la suite, semble-t-il, d'une
intervention de René
BOUSQUET sollicité par Robert
de VOGÜÉ délégué du négoce
à la tête du CIVC ( 41 ).
Le départ
de Bousquet pour Vichy
Lorsque René BOUSQUET quitta la Marne en
avril 1942, la plupart des notables, personnalités
civiles et religieuses confondues, regrettèrent
son départ et saluèrent unanimement l'oeuvre de reconstruction
et de renouveau qu'il y avait accomplie.
Des ecclésiastiques lui écrivirent
pour lui exprimer « tout
l'espoir mis dans l'oeuvre entreprise par le gouvernement de Vichy » ( 42 ).
Certes, quelques
uns s'étonnèrent de sa nomination au poste
de secrétaire général à la Police, mais presque
tous lui conserveront leur estime, et accepteront de témoigner
en sa faveur lors de son procès après la
guerre devant
la Haute Cour de Justice.
Rares finalement
sont ceux qui porteront alors un jugement plus nuancé sur René
BOUSQUET.
Pierre
CLÉMENT, chef adjoint du Groupe de résistance Bleu
et Jonquille de Châlons-sur-Marne, le présentera
comme « un
ambitieux et un arriviste » ( 43 ).
Seul Jules
HELLER, inspecteur d'Académie, membre de la commission
municipale au retour de l'exode, blâmé et déplacé
d'office par le ministre CARCOPINO
en 1941, préfet provisoire à la libération,
avait su percevoir les deux facettes de la personnalité du
jeune et brillant préfet de la Marne :
« Il
est indiscutable que M. Bousquet, malgré son jeune âge,
acquit dès le début à son arrivée comme
secrétaire général ( du
département de la Marne ),
une autorité qui ne fit que s'accroître comme préfet
et préfet régional, autorité due à ses
indiscutables qualités personnelles et administratives autant
qu'au contraste qu'elles présentaient avec l'insuffisance du
préfet Jozon ( son
prédécesseur à la tête de la préfecture
de la Marne ).
[...]
Comme membre du Comité de libération
et comme préfet provisoire de la Libération, j'eus souvent
l'occasion d'entendre évoquer ou d'évoquer moi-même
le cas de Bousquet.
Nous avons d'un accord unanime pris nettement position
contre Bousquet et les créatures dont il avait peuplé
tous les postes importants, en vue évidemment d'un rôle
politique ultérieur [...]
Il avait en effet dès le début et
de plus en plus joué délibérément la carte
Pétain et Laval.
Il semble du reste qu'avant-guerre il avait joué
alternativement la carte Laval et la carte Sarraut.
Rien ne permettait évidemment de juger son
action à la Direction de la Police, mais l'avis général
était qu'il lui serait certainement plus difficile qu'à
la préfecture régionale de " nager " sans
risquer de s'enfoncer davantage dans la collaboration » ( 44 ).
Préfet de la Marne puis de la région
de Champagne, René
BOUSQUET y a défendu et appliqué de
1940 à avril 1942, une
collaboration d'État qui impliquait l'acceptation de la défaite
de mai-juin 1940, posait en postulat le caractère définitif
de la victoire allemande, et prétendait préserver au
mieux et dans le respect de la souveraineté de notre pays les
intérêts de la Marne et des Marnais. Cette collaboration qui, selon lui, était sans
aucune autre alternative possible, BOUSQUET a réussi à la
faire accepter à la majorité des Marnais grâce
à l'appui des notables, personnalités civiles
et religieuses, de gauche comme de droite, réconciliés
dans une égale et commune ferveur anticommuniste, et ralliés
massivement au régime de Vichy.
L'habileté dont il a fait preuve dans ses relations avec les autorités
allemandes, la capacité qu'il a montrée à temporiser,
le soin qu'il a apporté à dépolitiser
les enjeux, à réconcilier les différentes factions d'avant-guerre, à se replier
sur les problèmes de la vie quotidienne, mais aussi l'action
dynamique qu'il a développée avec efficacité
sur tous les terrains de l'administration départementale, la fidélité qu'il a témoignée à l'égard de ses amis
et la protection qu'il leur a offerte, tout cela a indiscutablement contribué à
rendre crédible dans la Marne l'image illusoire d'un Vichy
bouclier-protecteur, perçu comme un moindre
mal permettant d'éviter le pire, et même à
laisser croire chez certains que BOUSQUET jouait le double-jeu. En
1949, les jurés de la Haute Cour de Justice se laisseront
à leur tour convaincre par BOUSQUET qu'il avait été un
grand préfet de la Marne et que sa conduite dans
ce département avait été irréprochable. En réalité,
si en effet BOUSQUET est parvenu à
rendre l'occupation allemande plus supportable et le régime
de Vichy plus présentable, le département
et ses habitants n'ont été épargnés ni
par le pillage économique, ni par la répression.
Au contraire, certains Marnais, y compris des juifs
et des résistants, parce qu'ils faisaient confiance à BOUSQUET,
se croyant protégés, n'ont pas cru devoir se mettre
à l'abri, et ont été finalement arrêtés, fusillés ou déportés. De la
même façon, le collaborationnisme vichyste bon teint
que BOUSQUET a cautionné et servi, et auquel les notables se sont ralliés
derrière lui, n'a pas évité aux Marnais les excès
du collaborationnisme parisien.
Dans la Marne, de façon paradoxale, les partis
collaborationnistes ont attiré dans une cohabitation pour le
moins conflictuelle, à la fois les ultras
de la collaboration opposés à la continuité
combinarde qu'incarnait à leur yeux le préfet BOUSQUET,
et les maréchalistes qui pensaient sincèrement que le meilleur moyen de manifester
leur soutien au régime de Vichy que représentait BOUSQUET,
était d'adhérer à l'un de ces partis.