L'érection du monument
après la 1ère guerre mondiale
1924-1930
Le
monument aux morts de Reims a
été réalisé dans le cadre de la reconstruction
de la ville détruite à 60 %
pendant la 1ère guerre mondiale,
à la mémoire des 4 567
Rémois, 3 827 militaires et 740
victimes civiles, décédés au cours
de ce conflit, dont la liste a été publiée le 1er juin 1930 dans le quotidien Le Nord-Est sous le titre :
Aux enfants
de Reims
Morts pour la patrie
Hommage du journal Le Nord-Est
1914-1918
En
1924,
son édification a fait l'objet d'un concours
restreint à l'issue duquel le projet présenté
par l'architecte Henri ROYER fut
préféré à celui de
Max et Louis SAINSAULIEU.
Le
projet présenté par
Max et Louis
Sainsaulieu en 1924
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR 179 W 16 )
Ce
projet intégrait l'inscription :
Pour
la France et pour la Liberté
la Ville de Reims
bombardée et détruite
a donné
le sang de huit mille de ses enfants
militaires et civils
Le
projet présenté par Henri Royer
en 1924
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR 179 W 16 )
Le monument aux morts de Reims, conçu
par Henri Royer a été
réalisé avec la collaboration du statuaire
Paul LEFEBVRE et
le gros uvre en a été
confié à l'entreprise
Laidebeur.
Le
Comité d'érection du monument,
institué sous le haut patronage de la municipalité et
du conseil municipal, était présidé par
Jules GUICHARD, adjoint
de Paul MARCHANDEAU, député-maire
de Reims de
1925 à 1942, lui-même président
d'honneur de ce comité.
Il
a été inauguré
le
1er juin 1930 par
André
MAGINOT,
ministre de la Guerre, en présence du
maréchal PÉTAIN,
de Paul MARCHANDEAU,
député-maire de Reims,
et du cardinal
LUÇON,
archevêque de Reims. La Flamme du souvenir
a été allumée par un grand
mutilé accompagné de deux jeunes pupilles
de la nation.
Le monument en 1930, année de son inauguration
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
La présentation du monument en 1930
À
l'occasion de la remise du
monument à la Ville de Reims et de son inauguration
en 1930, une plaquette de
présentation a été diffusée.
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Le
Monument aux morts de la Ville de Reims, uvre magistrale inspirée
des grands monuments de l'Antiquité, est dû à
l'architecte Henri Royer et à Paul Lefebvre, statuaire rémois
déjà connu par son monument du Poilu
du 132e, érigé cours Langlet [ ce monument a été transféré ultérieurement
place Léon Bourgeois où il se dresse aujourd'hui ].
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Construit dans le square de la « Mission
de 1821 », au-dessus d'une grotte que le Comité
tint à conserver, il domine l'admirable perspective
des hautes promenades, dite des marronniers, à laquelle il
forme un fond de toute beauté.
La pensée du visiteur, devant cette architecture
simple, fortement accrochée au sol, le forcera à se
croire devant le temple du souvenir, vers lequel viendront s'incliner
pieusement toutes les générations qui nous suivront.
Le
motif central qui symbolise la « pensée accomplissant
son effort de Résurrection » s'estompe légèrement
dans l'ombre de l'exèdre formée par le monument ;
la stèle de gauche « 1914 », est dédiée
aux familles des Morts pour exalter la grandeur de leur sacrifice
et celle de droite « 1918 », aux générations
nouvelles pour qu'elles sachent et se souviennent.
L'ensemble est précédé d'un
jeu de terrasses, de perrons et de parterres, complétant
heureusement le monument, en lui créant un recul suffisant
pour évoquer le silence et le respect.
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Enfants
de Reims tombés
au champ d'honneur
que ce monument édifié
par votre ville meurtrie
exprime à jamais son deuil
et sa fierté
Au
pied du motif central, la flamme de leur souvenir, surgissant de l'ancienne
grotte centenaire de la « Mission de 1821 »,
l'architecture sévère et l'épaisse verdure qui
l'entoure de mystère et aussi l'isolement voulu dans lequel
se trouve le monument, seront autant d'éléments de recueillement
qui inciteront nos descendants au renouvellement de pieux pèlerinages.
Le
soir venu une lueur discrète, lunaire pourrait-on dire, détachera
la façade du monument, les jours de fêtes publiques,
pour que jamais ne soient oubliés ceux qui ont tout donné
pour l'ultime sacrifice.
La
pensée accomplissant
son effort de résurrection
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Le
poète sensible qu'est notre statuaire, a réalisé
dans ce bronze rugueux un chef-d'uvre d'anatomie, de plastique
et de lignes : combien était difficile de traduire
la pensée du relèvement des ruines de notre cité,
sans tomber dans une inspiration provocante par son attitude même ?
L'avenir confirmera, espérons-le, l'avis
unanime du temps présent, qui place cette statue au premier
rang de notre art national.
Notre architecte, dans sa composition d'ensemble,
a su tirer un parti grandiose de son architecture, de quelque endroit
qu'on l'étudie, comme le prouve cette vue prise sur le côté
gauche de l'exèdre, mettant en valeur le déambulatoire
aussi mystérieux qu'un entre-colonnement grec de Pstum.
1914
Aux familles des morts
pour exalter la grandeur de leur sacrifice
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Date
fatale qui a vu consommer la ruine de notre Ville, de ses chefs-d'uvre
artistiques et de nos foyers, le feu ravageant tous nos souvenirs,
accompagné d'un bombardement atroce semant la mort dans l'innocente
population civile désespérément accrochée
à ses ruines, pendant que 123 régiments de héros
lutteront jusqu'à la mort, durant cinq années de martyre,
contre la ruée barbare.
On comprendra, dès lors, quelle sublime interprétation
de ce désastre, le statuaire Paul Lefebvre a su tirer pour
la composition de ce groupe.
Voyez ce jeune éphèbe armé
de son bouclier, représentant le devoir calme devant l'effort
à accomplir et aussi cette mère qui le pousse doucement
à l'épaule indiquant par ce geste poignant, qu'elle
le sacrifie pour la Patrie.
Puis, vient ensuite la résignation dans la douleur,
que tant de familles ont éprouvée.
Pour terminer ce groupe, l'artiste rémois,
qui a vécu ce qu'il traduit, a complété sa stèle
par un homme étendu et une femme qui le soutient, exprimant
ainsi le « dévouement qui calme la blessure »,
lentement mais sûrement.
1918
Aux générations nouvelles
pour qu'elles sachent et se souviennent
( Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210 )
Leçon
morale pour l'avenir que cette dédicace heureuse symbolisée
par ce jeune enfant tenant un livre, pendant que l'histoire, dans
un geste solennel, lui fera la leçon du passé glorieux
et douloureux.
La
jeune femme, qui s'incline pieusement en portant des fleurs, personnifie
le « Souvenir impérissable » suivi de cette
généreuse pensée exprimée par la « Charité
consolant la souffrance » en un geste de soutien doux et
affectueux, si bien vécu, hélas ! par tous
nos héros.
Exprimons l'espoir que les générations
futures accomplissant dans notre ville martyre un pèlerinage
national pour que soit évité à jamais, le retour
du plus grand fléau de l'humanité.
Le monument aujourd'hui
Le
site
Le monument
aux morts de Reims surplombe la Place de la République, dans la perspective des Promenades aménagées sur l'emplacement des remparts de la ville
médiévale.
Le
monument aux morts dans la perspective des Hautes Promenades
avant que le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation
ne soit entouré d'une grille de protection en 2007...
... et avant que le Luchrone de la Place de la République ne soit démonté
à l'occasion des travaux de construction de la ligne de tramway en 2009
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Le monument de face
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Enfants
de Reims tombés au champ d'honneur
que ce monument édifié par votre ville meurtrie
exprime à jamais son deuil et sa fierté |
Pendant la 2e
guerre mondiale, le monument situé tout près
de la gare de marchandises SNCF a été touché
par les bombardements qui en ont
abîmé la partie supérieure-gauche.
Le monument en 1944
À l'occasion de sa réfection
après la guerre, les
années 1914 et 1918 gravées de part et d'autre du monument ont été effacées.
On a envisagé un temps d'y implanter
en contre-bas le monument
aux martyrs de la Résistance finalement érigé
sur les Hautes promenades.
Le
monument a été entièrement ravalé et restauré en 2005 à
l'occasion du 60e anniversaire de la victoire alliée
en Europe.
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Le
monument vu du côté droit
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
La
statue centrale
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Oeuvre
du sculpteur Paul LEFEBVRE
cette statue en bronze n'est pas sans rappeler Le Penseur de Rodin
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Au pied de la statue,
la flamme du souvenir,
ranimée à l'occasion de chaque commémoration
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
MCMXIV
-
Decorum est
pro patria mori
-
MCMXVIII
|
Le
bas-relief de gauche
1914
Le
Sacrifice
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Aux
familles des morts
pour exalter la grandeur
de leur sacrifice |
Le
bas-relief de droite
1918
La Leçon du passé
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Aux
générations
nouvelles pour qu'elles
sachent et se souviennent |
Le
monument illuminé
Dès la tombée de la nuit, le monument s'éclaire aux couleurs nationales
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
Un
monument aux morts de la 1ère guerre mondiale
devenu aussi un lieu de mémoire et de commémoration
de la 2e guerre mondiale
La
célébration de la victoire alliée le 9 mai 1945
(Copie d'écran, Reims 7 mai 1945 )
Juin
2000 :
60e anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
30
avril 2005 :
60e anniversaire de la libération
des camps de concentration et d'extermination nazis
La veillée du souvenir des déportés
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
7
mai 2005 :
60e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie
à Reims
et de la victoire alliée en Europe
Spectacle Son et Lumière Entrez dans la Mémoire
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
30 août 2008
64e anniversaire de la Libération de Reims
Raymond Gourlin, président de l'UNADIF, ranime la flamme
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
La commémoration du 11 novembre 2014
Le rassemblement des drapeaux au pied de la statue et de la flamme
Les personnalités présidant la cérémonie :
Arnaud Robinet, député-maire de Reims, Michel Bernard, sous-préfet de Reims,
et Catherine Vautrin, présidente de Reims Métropole
La sonnerie aux morts après le dépôt des gerbes de fleurs
La Maîtrise de la Cathédrale accompagnée par l'Harmonie municipale
entonne La Marseillaise
( © Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson )
SOURCES
- Archives
municipales et communautaires de Reims : 179
W 16,
plans du monument aux morts ; bl210, plaquette du monument aux morts.
- Olivier
RIGAUD et Marc
BÉDARIDA, Reims Reconstruction 1920-1930,
Ville de Reims, novembre 1988.
- Olivier
RIGAUD, Reims
à l'époque de l'Art Déco,
Patrimoine Ressources, Scérén-CRDP de Champagne-Ardenne,
2006
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