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Redonner au 7 mai 1945 et à Reims
leur dimension historique

 

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   Il reste des commémorations rémoises décennales de 1985, 1995 et 2005, un certain nombre d'acquis.

   Le Colloque international de 1985 , consacré à l'étude de la fin de la 2e guerre mondiale et à la victoire alliée en Europe, a clarifié l'histoire des capitulations signées à Reims et à Berlin en 1945 1 ) .

   Le Colloque international de 2005, consacré à l'histoire du rapprochement entre la France et l'Allemagne après la 2e guerre mondiale autour du thème " De la capitulation à la réconciliation ", a permis de dégager le sens de la visite à Reims le 8 juillet 1962, du général DE GAULLE, président de la République française, et de Konrad ADENAUER, chancelier de la République fédérale d'Allemagne ( 2 ).

    L'aménagement du Musée de la Reddition, réalisée en plusieurs étapes en a fait un lieu de mémoire de plus en plus reconnu et visité.

   Des outils pédagogiques ont été mis à la disposition des enseignants et de leurs élèves pour mieux faire connaître ce lieu de mémoire rémois.

   En 1995, la Ville de Reims a édité un dossier qui comprend trois parties 
3 ) :

      - Un musée pour la Reddition, présentation du musée par le conservateur qui en a supervisé l'aménagement, Véronique ALEMANY-DESSAINT ;
      - Fiches didactiques pour l'exploitation pédagogique du Musée de la Reddition - Cycle 3 Ecole élémentaire, élaborées par Jacky BIVILLE, professeur des écoles et conseiller pédagogique ;
      - Pistes d'exploitation pédagogique des salles du Musée de la Reddition à l'usage des classes de l'enseignement secondaire, proposées par Jean-Pierre BOUREUX, professeur d'histoire au Lycée Roosevelt.

   De son côté, le Centre régional de documentation pédagogique de Champagne-Ardenne a produit deux films de Jean-Pierre HUSSON consacrés au 7 mai 1945 :
      - en 1985
, le film 7 mai 45, réalisé par Claude JOULÉ ;
      - en 2003, le film Reims-Berlin, la victoire alliée en Europe, réalisé par Pierre PINON, qui a été présenté en version trilingue ( française, anglaise et allemande ) aux visiteurs du Musée de la Reddition jusqu'en 2015.

     En 2005, la Ville de Reims a commandé à La Compagnie numérique deux productions sur le thème " Reims, 7 mai 1945 - 7 mai 2005, la paix pour bâtir l'Europe " qui rappellent la place très symbolique de Reims dans le processus de la réconciliation franco-allemande :
      - Murmures - Opéra miniature
, création de Yann BÉRÉHOUC et Federico GARCIA-MOCHALES
      
De Eisenhower à Adenauer, film de Francis GILLERY.

   Mais malgré tous les efforts déployés depuis une vingtaine d'années pour promouvoir ce lieu de mémoire, il n'est toujours pas reconnu à la hauteur de son importance historique.

   L'édition de décembre 2002 de l'annuaire de France Telecom continuait de le présenter sous l'appellation « Salle du 8 mai 1945 »( sic ), expression qui semblait vouloir entériner avec fatalité l'oubli dans lequel était confinée la capitulation allemande du 7 mai 1945 à Reims. L'édition de décembre 2003 a enfin rétabli ce lieu de mémoire dans sa véritable appellation : « Musée de la Reddition du 7 mai 1945 ».
   

   En 1995, le Conseil régional de Champagne-Ardenne a parrainé la réalisation d'un petit livre Champagne-Ardenne - Trente siècles d'histoire, qui a été distribué à tous les lycéens de notre région avec la louable intention de leur faire découvrir l'histoire de leur région.
   Hélas, la quatrième page de couverture, qui présente en gros caractères le contenu de l'ouvrage, commence par la phrase suivante en évoquant la Ville de Reims :
 « Il y a 1 500 ans, Clovis fut baptisé là. En 1945 on y signa l'armistice ( sic ), prélude à une nouvelle Europe » 4 ).

   Ce lapsus, pour le moins fâcheux, traduit un manque de rigueur qui contribue à entretenir la confusion chez les jeunes.
   Certes, cette confusion était courante au sein de la population qui avait vécu la fin de la 1ère guerre mondiale et qui avait tendance, au gré des commémorations, à confondre le souvenir des deux guerres mondiales, et à célébrer la capitulation du 7-9 mai 1945 par référence à l'Armistice du 11 novembre 1918.

   Selon l'historien Antoine PROST, « les cérémonies du 11 novembre apparaissent comme le seul culte républicain qui ait réussi en France et qui ait suscité une unanimité populaire »  ( 5 ).
   Cette confusion n'est plus admissible aujourd'hui, sauf à vouloir inconsciemment occulter la signification de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie, obtenue au prix d'une capitulation totale et sans condition par les alliés anglo-saxons et soviétiques, avec le concours d'une minorité de Français libres et de Résistants, tandis que d'autres Français avaient choisi Vichy et la collaboration avec l'Allemagne nazie.

   Quant au Musée de la Reddition, il est difficile d'accès pour les visiteurs qui se déplacent en voiture individuelle ou en autocar, parce qu'il est enclavé dans le quartier de la gare SNCF, de l'autre côté des voies, dans la rue Roosevelt, une rue dans laquelle on ne peut pas tourner lorsqu'on arrive du centre-ville par le pont de Laon.
  Il faut, pour y accéder, faire un détour par des petites rues étroites, et lorsque les visiteurs motorisés y arrivent enfin, il ne peuvent pas le plus souvent stationner parce que le parking prévu n'offre que quelques places.

   Mais il n'y a pas que des problèmes matériels d'accès au site et de stationnement à surmonter.
   Il faudrait aussi faire de ce Musée de la Reddition un lieu de mémoire attractif pour les scolaires et un public très large, susceptible de redonner au 7 mai 1945 et à Reims toute leur dimension historique.

   Depuis 1999, l'administration du Musée de la Reddition, qui dépendait jusqu'alors du Musée des Beaux-Arts, a été confié à Marc BOUXIN, conservateur du Musée Saint Remi qui a aussi en charge le Musée du Fort de la Pompelle.
   Une des premières initiatives prises par le nouveau conservateur a été d'ouvrir au public le Musée de la Reddition toute l'année, alors qu'auparavant il était fermé de la Toussaint jusqu'au mois d'avril, de façon à en faciliter l'accès, en particulier pour le public scolaire.
   Marc BOUXIN a, d'autre part, entrepris de réaménager le musée :
        - modernisation des installations de la salle audiovisuelle ;
        - amélioration de l'éclairage de la salle de Reddition proprement dite, pour mieux mettre en valeur ce lieu qui, au moment de la signature, était noyé sous la lumière des projecteurs installés par les cameramen ;
        - installation de vitrines pour présenter des objets évoquant la mémoire de la 2e guerre mondiale dans la région de Reims ;
        - transformation de la salle pédagogique, peu fréquentée par les scolaires, en salle d'expositions temporaires sur des thèmes liés à la 2e guerre mondiale
 ;
        - aménagement du hall d'accueil dégageant l'espace à l'entrée du musée.

   D'une façon plus générale, la Ville de Reims, avec son Musée de la Reddition et son Musée du Fort de la Pompelle, détient deux lieux de mémoire remarquables en rapport avec les deux guerres mondiales, qui méritent d'être mieux connus, reconnus et davantage fréquentés, et autour desquels pourrait être créé un Centre d'histoire et de mémoire des deux guerres mondiales à Reims et en Champagne.

   Pour donner à ces lieux de mémoire la place qu'ils méritent dans notre patrimoine régional et national, il faudrait sans doute mobiliser toutes les bonnes volontés autour d'un projet volontariste soutenu en partenariat par l'État ( DRAC ), la Ville de Reims, le Conseil général de la Marne, le Conseil régional de Champagne-Ardenne, l'Université de Reims, le Rectorat de Reims, l'Association des professeurs d'histoire-géographie, ainsi que par les associations représentant les anciens combattants, les Français libres, les résistants et les déportés, les Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

   Ce projet pourrait, sans tomber dans les dérives de la « dysneylandisation » et en se limitant à des aménagement plus modestes, s'inspirer de ce qui a été fait :
      - 
à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne
,
      - au Mémorial - Un Musée pour la paix de Caen,
      - au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon,
      - au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon,
      - au Centre mondial de la paix, des libertés et des droits de l'homme de Verdun,
      - à La Coupole - Centre d'histoire de la guerre et des fusées d'Helfaut-Wizernes près de Sain-Omer.

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