Exposition
réalisée dans le cadre de
" Marne, pays d'histoires 2001- 2003
"
programme culturel
mis en oeuvre et financé par le
Conseil général de la Marne
avec la participation de
Général Hydraulique Métallurgie
de Sommevoie
Le
Poilu de Sainte-Ménehould
Le
monument aux morts de Châlons-en-Champagne
Le
monument aux morts d'Orbais-l'Abbaye
Le
monument aux morts de Sainte-Ménehould
Le
monument aux morts de Ville-en-Tardenois
Le
monument aux morts de Pontfaverger
Le
monument aux morts de Suippes
Le
monument aux morts de Cormicy
Le
monument aux morts de Maurupt-le-Monthois
Le
monument aux morts de Montmirail
Le
monument à l'Armée noire de Reims
Les
Monuments commémoratifs
de la Première Guerre mondiale dans la Marne,
un patrimoine commun
Toutes
les communes de la France commémorent leurs enfants disparus
pendant la Grande Guerre, qui a tant marqué les familles, par
une plaque ou un monument aux morts.
Les Conseils municipaux après de longues
délibérations dans les années 20 ont commandé
à des sculpteurs académiques ou ont choisi sur des catalogues
des fonderies d'art, des monuments pour les installer sur la place,
près de la mairie, de l'église, dans le cimetière
ou à la sortie du village.
Quelle que soit leur qualité artistique,
ils sont si bien intégrés dans notre environnement que
certains habitants ne les voient plus, mais, quand ils sont usés
par le temps ou détruits par les intempéries, le nécessaire
est fait pour les restaurer.
Aujourd'hui, la Marne ne fait pas exception à
cela et le Conseil général a voulu porter l'attention
sur ce patrimoine commun.
Il a passé commande au sculpteur Patrice
Alexandre afin qu'il propose une lecture artistique, personnelle,
pertinente qui nous conduit à regarder avec un intérêt
nouveau ces sculptures de commémoration, pour reprendre en
considération leur sens symbolique.
Patrice
ALEXANDRE
L'exposition est le résultat
de la réflexion de l'artiste et le produit de son travail soit
vingt sculptures et des fontes de fer auxquelles s'ajoutent de grands
supports photographiques qui regroupent les monuments de près
de deux cents communes selon des thèmes précis.
Albert
VECTEN,
Sénateur de la Marne,
Président du Conseil général
Deux
casques soudés :
le casque français et le casque allemand,
exactement de mêmes dimensions
Les
Fils de Caïn
« Que la vie gagne, fut-ce au prix de la mort »
( Genèse, 57 )
Les
statues se sont fondues dans le paysage ; le propos ici tenu est de
dégager certaines d'entre elles de leur silence.
Il ne s'agit pas de rendre hommage aux sculpteurs
spécialistes des commémorations de la première
guerre mondiale qui ont créé des formes acceptables
pour une guerre qui ne l'était pas ; que nous le voulions ou
non, ces volumes font partie de la vie et de l'espace de nos petites
ou grandes agglomérations.
À travers eux, je travaille non pas l'histoire
des sculptures, mais les sculptures de l'histoire ; en d'autres termes,
refuser d'ajouter du symbole au symbole, pratiquer avec les mains
et les yeux, savoir en découdre avec les mêmes armes
; celles du modeleur.
En s'essayant à copier les monuments, on
en vient peut-être à les perdre, puisqu'on ne peut les
reproduire mais seulement les recommencer.
On se rapproche d'une recherche qui ne tient ni
de la commande, ni d'affabulation diverse : qu'est ce qui est donné
à voir ?
J'épie, entre les différents résultats,
d'une pièce à l'autre, la manière dont se formulent
les rencontres accidentelles ou pas, jouant à ce que je suppose
ne pas être : un sculpteur académique, ou bien, un artiste
engagé dans l'aventure du cubisme, ou mieux, un artiste d'origine
africaine, que je suis fondamentalement.
Dans ce métier impossible, on ne pratique
pas le secret, tout est visible, tout est montré ; lorsqu'on
cache, on voit encore plus la cachette du caché.
Une forme érigée dans l'espace public,
qu'elle soit parallélépipédique, pyramidale ou
cylindrique est visible donc signifiante ; un socle ne constitue pas
une élévation de la sculpture, cette volonté
obsolète d'une certaine tradition de la statuaire qui fabrique
de « l'aura », sera balayée par les artistes
de la modernité.
Face à une guerre où le corps s'est
employé faute de mieux à vivre à plat ventre,
et en creusant des tranchées, la commémoration et le
vécu des poilus ne font pas bon ménage.
Les soldats ont creusés, les sculpteurs ont
élevés ; un socle les sépare.
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Gueules
cassées à casque français |
Qui
sont tous ces types qui sont passés dans ces lieux devenus
silencieux ?
Certains étaient des artistes comme Braque,
Léger ou bien Gaudier-Brezka, des écrivains comme Cendrars
et Apollinaire, mais laissons parler Fernand Léger : « ...
Des êtres humains, agissant dans l'inconscient et faisant agir
des machines ; on est tout près de l'abstraction.
Apollinaire
J'espère que la prochaine
guerre trouvera le moyen d'éviter le peu d'action individuelle
qui reste ».
La terre est basse ; on trouve de l'argile dans
le sol marnais, du caillou, des étoffes et du fer aussi.
Le passé remonte inexorablement à
la surface des champs, les pierres qui ont servi à la construction
des demeures deviennent un calvaire pour le cultivateur.
Petits tas blancs ordonnés, tas de crânes
...
Gueule
cassée à casque britannique
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Masque
à gaz |
Gueule
cassée à casque allemand |
Ce
sont des endroits où on n'a rien à dire.
On sait qu'on est là, il fait froid l'hiver,
chaud l'été, creuser la terre avec une pelle est un
acte sacré.
Ici tout est mesuré.
Un rapport se gagne au mètre carré.
Nous sommes dans la stratégie.
Patrice
ALEXAND,
Notes
d'atelier, février 2001
Recherches autour des dix monuments
par Sébastien NEAU
L'atelier
de Patrice Alexandre
De
Durenne à Général Hydraulique Métallurgie
Comme
de très nombreuses fonderies, la Société Durenne
a été liée tant à l'art du monument qu'à
celui de la guerre.
Passant du monde de la statuaire à la fabrication
des armes, la fonte est tour à tour meurtrière ou reconnaissante.
L'entreprise Durenne est née en 1855 à
Wassy, lieu historique sur lequel les moines de Clairvaux ont bâti
les premières forges en 1157.
Son histoire se confond entre sa vocation industrielle
et son appartenance aux commandes publiques du début du siècle :
Hector Guinard et les stations du métro parisien, le pont Alexandre
III, les fontaines Wallace ...
Les trois usines Durenne, dont l'une était
située dans la vallée de la Blaise, participaient à
l'élaboration du matériel militaire au début
de la Première Guerre mondiale.
Après les combats, l'esprit de la Belle époque
et le goût pour le style gréco-romain s'effacent.
Les pertes humaines si importantes justifient un
retour à l'édification de monuments commémoratifs,
après ceux de 1870.
L'art Saint-Sulpicien encore résistant autour
de 12920 trouve son dernier souffle grâce à la production
intense résultant des commandes de monuments commémoratifs
pour plus de 78 0000 communes.
Les entreprises Durenne participent activement à
l'immense vague des commandes aux enfants disparus de la guerre 14-18.
Elles dressent un catalogue de statues susceptibles
d'êtres érigées sur les palcse publiques des grandes
villes aux plus petits villages.
Elles couvrent une grande partie du territoire français
du coq à la palme du poilu victorieux, au gisant à terre.
Le marché de l'après-guerre,
autour de la représentation du Poilu en fonte peinte ou non,
est très important.
C'est pour cela que les autres possibilités
de l'ornement par rapport à ce matériau n'ont su continuer
à prospérer dans le milieu urbain.
Pour le monde rural et dans la Marne en particulier
le rapport avec la sculpture passe de l'art religieux à celui
de la mémoire de la Grande Guerre.
Il a donc fallu un certain temps avant de permettre
à un large public de prendre connaissance de l'aventure de
l'art moderne et des artistes qui étaient sur le front par
rapport aux autres héritiers de l'académisme qui gérèrent
la mémoire de la Première Guerre mondiale.
Aujourd'hui, grâce à sa tradition plurielle,
la Général Hydraulique Métallurgie ancrée
tout d'abord dans l'univers industriel, assume la relation avec les
architectes et les artistes.
Sensibles aux possibilités spécifiques
de l'entreprise, nombre de créateurs viennent travailler et
réaliser des oeuvres tant pour la ville que pour la statuaire.
Patrice
ALEXANDRE,mars 2001
Se
renseigner sur l'Exposition
« Sculptures de mémoire »
L'exposition est composée :
-
de vingt sculptures en terre cuite et de fontes
de fer réalisées
par Patrice ALEXANDRE,
- de
fontes de poilu et de coqs
prêtés par la Générale
d'hydraulique et de mécanique
de Sommevoire,
- de
photographies de Wily DUBOS,
large présentation des monuments aux
morts de 180 communes de la Marne.
L'impression
des photographies sur support est de Galliope
création
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