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Sculptures de mémoire
Études de dix monuments de 14-18

par Patrice ALEXANDRE

Présentation de l'exposition par Albert VECTEN, président du Conseil général de la Marne

« Les Fils de Caïn » : notes d'atelier du sculpteur Patrice ALEXANDRE

De Durenne à General Hydraulique Métallurgie par Patrice ALEXANDRE

Se renseigner sur l'exposition

 





Exposition réalisée dans le cadre de
" Marne, pays d'histoires 2001- 2003 "
programme culturel
mis en oeuvre et financé par le
Conseil général de la Marne
avec la participation de
Général Hydraulique Métallurgie
de Sommevoie

Le Poilu de Sainte-Ménehould

Le monument aux morts de Châlons-en-Champagne

Le monument aux morts d'Orbais-l'Abbaye

Le monument aux morts de Sainte-Ménehould

Le monument aux morts de Ville-en-Tardenois

Le monument aux morts de Pontfaverger

Le monument aux morts de Suippes

Le monument aux morts de Cormicy

Le monument aux morts de Maurupt-le-Monthois

Le monument aux morts de Montmirail

Le monument à l'Armée noire de Reims

Les Monuments commémoratifs
de la Première Guerre mondiale dans la Marne,
un patrimoine commun

   Toutes les communes de la France commémorent leurs enfants disparus pendant la Grande Guerre, qui a tant marqué les familles, par une plaque ou un monument aux morts.
   Les Conseils municipaux après de longues délibérations dans les années 20 ont commandé à des sculpteurs académiques ou ont choisi sur des catalogues des fonderies d'art, des monuments pour les installer sur la place, près de la mairie, de l'église, dans le cimetière ou à la sortie du village.
   Quelle que soit leur qualité artistique, ils sont si bien intégrés dans notre environnement que certains habitants ne les voient plus, mais, quand ils sont usés par le temps ou détruits par les intempéries, le nécessaire est fait pour les restaurer.
   Aujourd'hui, la Marne ne fait pas exception à cela et le Conseil général a voulu porter l'attention sur ce patrimoine commun.
   Il a passé commande au sculpteur Patrice Alexandre afin qu'il propose une lecture artistique, personnelle, pertinente qui nous conduit à regarder avec un intérêt nouveau ces sculptures de commémoration, pour reprendre en considération leur sens symbolique.

Patrice ALEXANDRE

   L'exposition est le résultat de la réflexion de l'artiste et le produit de son travail soit vingt sculptures et des fontes de fer auxquelles s'ajoutent de grands supports photographiques qui regroupent les monuments de près de deux cents communes selon des thèmes précis.

Albert VECTEN, Sénateur de la Marne, Président du Conseil général

Deux casques soudés :
le casque français et le casque allemand,
exactement de mêmes dimensions

Les Fils de Caïn

« Que la vie gagne, fut-ce au prix de la mort »
( Genèse, 57 )

   Les statues se sont fondues dans le paysage ; le propos ici tenu est de dégager certaines d'entre elles de leur silence.
   Il ne s'agit pas de rendre hommage aux sculpteurs spécialistes des commémorations de la première guerre mondiale qui ont créé des formes acceptables pour une guerre qui ne l'était pas ; que nous le voulions ou non, ces volumes font partie de la vie et de l'espace de nos petites ou grandes agglomérations.
   À travers eux, je travaille non pas l'histoire des sculptures, mais les sculptures de l'histoire ; en d'autres termes, refuser d'ajouter du symbole au symbole, pratiquer avec les mains et les yeux, savoir en découdre avec les mêmes armes ; celles du modeleur.
   En s'essayant à copier les monuments, on en vient peut-être à les perdre, puisqu'on ne peut les reproduire mais seulement les recommencer.
   On se rapproche d'une recherche qui ne tient ni de la commande, ni d'affabulation diverse : qu'est ce qui est donné à voir ?

   J'épie, entre les différents résultats, d'une pièce à l'autre, la manière dont se formulent les rencontres accidentelles ou pas, jouant à ce que je suppose ne pas être : un sculpteur académique, ou bien, un artiste engagé dans l'aventure du cubisme, ou mieux, un artiste d'origine africaine, que je suis fondamentalement.
   Dans ce métier impossible, on ne pratique pas le secret, tout est visible, tout est montré ; lorsqu'on cache, on voit encore plus la cachette du caché.
   Une forme érigée dans l'espace public, qu'elle soit parallélépipédique, pyramidale ou cylindrique est visible donc signifiante ; un socle ne constitue pas une élévation de la sculpture, cette volonté obsolète d'une certaine tradition de la statuaire qui fabrique de « l'aura », sera balayée par les artistes de la modernité.
   Face à une guerre où le corps s'est employé faute de mieux à vivre à plat ventre, et en creusant des tranchées, la commémoration et le vécu des poilus ne font pas bon ménage.
   Les soldats ont creusés, les sculpteurs ont élevés ; un socle les sépare.

Gueules cassées à casque français

   Qui sont tous ces types qui sont passés dans ces lieux devenus silencieux ?
   Certains étaient des artistes comme Braque, Léger ou bien Gaudier-Brezka, des écrivains comme Cendrars et Apollinaire, mais laissons parler Fernand Léger : « ... Des êtres humains, agissant dans l'inconscient et faisant agir des machines ; on est tout près de l'abstraction.



Apollinaire

   J'espère que la prochaine guerre trouvera le moyen d'éviter le peu d'action individuelle qui reste ».
   La terre est basse ; on trouve de l'argile dans le sol marnais, du caillou, des étoffes et du fer aussi.
   Le passé remonte inexorablement à la surface des champs, les pierres qui ont servi à la construction des demeures deviennent un calvaire pour le cultivateur.
   Petits tas blancs ordonnés, tas de crânes ...

Gueule cassée à casque britannique

Masque à gaz
Gueule cassée à casque allemand

   Ce sont des endroits où on n'a rien à dire.
   On sait qu'on est là, il fait froid l'hiver, chaud l'été, creuser la terre avec une pelle est un acte sacré.
   Ici tout est mesuré.
   Un rapport se gagne au mètre carré.
   Nous sommes dans la stratégie.

Patrice ALEXAND, Notes d'atelier, février 2001
Recherches autour des dix monuments par Sébastien NEAU

                                                      

L'atelier de Patrice Alexandre

De Durenne à Général Hydraulique Métallurgie

   Comme de très nombreuses fonderies, la Société Durenne a été liée tant à l'art du monument qu'à celui de la guerre.
   Passant du monde de la statuaire à la fabrication des armes, la fonte est tour à tour meurtrière ou reconnaissante.
   L'entreprise Durenne est née en 1855 à Wassy, lieu historique sur lequel les moines de Clairvaux ont bâti les premières forges en 1157.
   Son histoire se confond entre sa vocation industrielle et son appartenance aux commandes publiques du début du siècle : Hector Guinard et les stations du métro parisien, le pont Alexandre III, les fontaines Wallace ...
   Les trois usines Durenne, dont l'une était située dans la vallée de la Blaise, participaient à l'élaboration du matériel militaire au début de la Première Guerre mondiale.
   Après les combats, l'esprit de la Belle époque et le goût pour le style gréco-romain s'effacent.
   Les pertes humaines si importantes justifient un retour à l'édification de monuments commémoratifs, après ceux de 1870.
   L'art Saint-Sulpicien encore résistant autour de 12920 trouve son dernier souffle grâce à la production intense résultant des commandes de monuments commémoratifs pour plus de 78 0000 communes.
   Les entreprises Durenne participent activement à l'immense vague des commandes aux enfants disparus de la guerre 14-18.
   Elles dressent un catalogue de statues susceptibles d'êtres érigées sur les palcse publiques des grandes villes aux plus petits villages.
   Elles couvrent une grande partie du territoire français du coq à la palme du poilu victorieux, au gisant à terre.


   Le marché de l'après-guerre, autour de la représentation du Poilu en fonte peinte ou non, est très important.
   C'est pour cela que les autres possibilités de l'ornement par rapport à ce matériau n'ont su continuer à prospérer dans le milieu urbain.
   Pour le monde rural et dans la Marne en particulier le rapport avec la sculpture passe de l'art religieux à celui de la mémoire de la Grande Guerre.
   Il a donc fallu un certain temps avant de permettre à un large public de prendre connaissance de l'aventure de l'art moderne et des artistes qui étaient sur le front par rapport aux autres héritiers de l'académisme qui gérèrent la mémoire de la Première Guerre mondiale.
   Aujourd'hui, grâce à sa tradition plurielle, la Général Hydraulique Métallurgie ancrée tout d'abord dans l'univers industriel, assume la relation avec les architectes et les artistes.
   Sensibles aux possibilités spécifiques de l'entreprise, nombre de créateurs viennent travailler et réaliser des oeuvres tant pour la ville que pour la statuaire.

Patrice ALEXANDRE,mars 2001

Se renseigner sur l'Exposition
« Sculptures de mémoire »

       L'exposition est composée : 
          -  de vingt sculptures en terre cuite et de fontes de fer réalisées par Patrice ALEXANDRE,


          - de fontes de poilu et de coqs prêtés par la Générale d'hydraulique et de mécanique de Sommevoire,

          - de photographies de Wily DUBOS, large présentation des monuments aux morts de 180 communes de la Marne.

L'impression des photographies sur support est de Galliope création

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© CRDP de Champagne-Ardenne, 2000
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